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PROLOGUE

« Pour toute son oeuvre, il donna louange au Saint et au Très-Haut, dans des paroles de gloire. » Si 47, 9. Ces paroles s'appliquent à David au sens littéral, et elles sont utilisées à bon droit pour illustrer la cause du livre des Psaumes. Ces paroles nous montrent les quatre causes de ce recueil, à savoir la cause matérielle, modale ou formelle, finale et efficiente.

La matière est universelle. En effet, tandis que chaque livre de l'Écriture sainte contient des matières particulières, le psautier renferme la matière générale de toute la théologie ; et c'est ce qui fait dire à Denys, dans son Commentaire de la hiérarchie céleste, que « comprendre les chants divins », c'est-à-dire les Psaumes, « c'est chanter toutes les opérations divines et sacrées ». Ainsi la matière est-elle signifiée par ces mots : « Pour toute son oeuvre», car ce livre traite de toute l'oeuvre divine.

Or l'oeuvre de Dieu est quadruple.

- L'oeuvre de la création : «Dieu se reposa le septième jour de toute son oeuvre.»

- L'oeuvre du gouvernement : « Mon Père ne s'arrête pas de travailler. »

- L'oeuvre de la rédemption : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin. »

- L'oeuvre de la glorification : « La gloire du Seigneur remplit son ouvrage. »

Et c'est de toutes ces oeuvres dont il est traité d'une manière complète dans cet enseignement.

- D'abord de l'oeuvre de la création : « Quand je vois tes cieux, ouvrage de tes doigts. »

- Ensuite de l'oeuvre du gouvernement divin, car toutes les histoires de l'Ancien Testament sont exposées dans ce livre : « J'ouvrirai ma bouche en paraboles : je dirai des choses cachées dés le commencement ; combien de grandes choses nous avons entendues et vues, et que nos pères nous ont racontées. »

- Puis celle de la rédemption quant à la tête, c'est-à-dire le Christ ; et quant à tous les effets de sa grâce : « Je me suis couché et je me suis endormi ; et je me suis levé, parce que le Seigneur m'a pris. » En effet tout ce qui a trait à la fin de l'Incarnation est clairement exposé dans ce recueil, de telle sorte qu'il semble être presqu'un évangile, et non une prophétie.

- Enfin de l'oeuvre de la glorification : « Les saints exultent dans la gloire ; ils se réjouissent sur leurs lits. »

Et la raison pour laquelle le psautier est le livre le plus utilisé dans l'Église, c'est qu'il renferme toute l'Écriture. Ou bien, selon la Glose, pour nous donner l'espérance de la miséricorde divine : car bien que David eût péché, il répara cependant par la pénitence.

La matière est donc universelle, parce qu'elle traite de toute l'oeuvre divine. Et parce que cela se rapporte au Christ : « Car il a plu à Dieu de faire résider en lui toute la plénitude de la divinité. » Voilà pourquoi la matière de ce livre est le Christ ainsi que ses membres.

Le mode ou la forme se trouve dans l'Écriture sainte sous de multiples manières.

- Le mode narratif: « Le Seigneur n'a-t-il pas rendu les saints capables de narrer toutes ses merveilles ? « Et cela se trouve dans les livres historiques.

- Le mode d'admonestation, d'exhortation, de commandement : « Ainsi dois-tu parler, exhorter et reprendre avec pleine autorité » Et : « Donne ces avertissements, prenant le Seigneur à témoin. Évite les disputes de paroles ; car cela ne sert qu'à pervertir ceux qui écoutent. » Ce mode se trouve dans la loi, les prophètes et les livres de Salomon.

- Le mode de discussion : et cela dans Job et l'Apôtre : « Il me plaît de disputer Dieu. »

Le mode de déprécation ou de louange : et c'est le mode qui se trouve dans ce livre ; car tout ce qui est dit dans les autres livres sous les modes que nous venons de citer, est exposé ici sous le mode de la louange et de la prière : « Je te louerai Seigneur de tout mon coeur ; je raconterai toutes tes merveilles. »

Et c'est pourquoi l'Ecclésiastique dit : « Il donna louange », car il s'exprime sous forme de louange.

Et ces mots justifient le titre qui est : Ci-commence le livre des hymnes, ou des soliloques du prophète David au sujet du Christ. Une hymne est une louange divine accompagnée du chant. Mais le chant est l'exultation de l'âme possédée par les réalités éternelles, se répandant au-dehors par la voix. Il convient donc de louer Dieu avec exultation. Le soliloque est la conversation de l'homme avec Dieu seul à seul, ou avec soi uniquement, car cela convient à celui qui loue et qui prie.

La finalité du livre des Psaumes est la prière qui est une élévation de l'esprit vers Dieu. Jean Damascène dit de « la prière » qu'elle « est une élévation de l'intelligence vers Dieu. »

On lit en effet dans un psaume : « Que ma prière soit dirigée comme l'encens en ta présence : que l'élévation de mes mains soit un sacrifice du soir. » Or l'âme s'élève vers Dieu de quatre manières.

- D'abord pour admirer l'élévation de sa puissance : « Levez vos yeux en haut et regardez : qui a créé ces choses ? » Et : « Que tes oeuvres sont admirables Seigneur. »

Et telle est l'élévation de la foi.

- Ensuite l'âme s'élève pour tendre à l'excellence de la béatitude éternelle : « Alors tu lèveras ton front sans tache, tu seras ferme et tu ne craindras pas. Car alors tu oublieras la peine. Plus brillante que le midi se dressera l'existence, la nuit sera comme le matin. »

Et telle est l'élévation de l'espérance.

- Puis l'âme s'élève afin d'adhérer à la bonté divine et à la sainteté : « Élève-toi, lève-toi Jérusalem. »

Et telle est l'élévation de la charité.

- Enfin l'âme s'élève pour imiter la justice divine dans son action : « Élevons nos coeurs et nos mains vers Dieu qui est dans les cieux. »

Et telle est l'élévation de la justice.

Et ces quatre modes sont suggérés lorsqu'il dit : « Au Saint et au Très-Haut » ; car les deux derniers modes d'élévation se rapportent au mot « Saint », les deux premiers au mot « Très-Haut ».

Et que telle soit la fin de cette Écriture, on le trouve dans les Psaumes.

D'abord au sujet du mot « Très-Haut » : « Du lever du soleil jusqu'à son coucher, louable est le nom du Seigneur. Il est élevé au-dessus de toutes les nations, le Seigneur, et au-dessus des cieux est sa gloire.»

Ensuite à propos du mot « Saint ». - « Qu'on célèbre ton grand nom, car il est redoutable et saint. » C'est pourquoi Grégoire dit, dans sa première homélie sur Ézéchiel, que la voix qui chante le psaume, si elle est guidée par l'attention du coeur, prépare au Seigneur tout-puissant un chemin vers le coeur, de telle sorte qu'il répand sur l'âme attentive soit les mystères de la prophétie, soit la grâce de la componction.

Donc la finalité du livre des Psaumes, c'est que l'âme soit unie à Dieu, comme au Saint et au Très-Haut.

Quant à l'auteur de ce recueil, il est signifié par ces mots : « Dans des paroles de gloire. » Il faut noter qu'il en va autrement de l'Écriture sainte et des autres sciences. Car les autres sciences proviennent de la raison humaine, tandis que cette Écriture a été écrite par l'impulsion de l'inspiration divine : « Ce n'est pas par vouloir humain que la prophétie a jamais été apportée ; mais c'est inspirés par l'Esprit-Saint qu'ont parlé les saints hommes de Dieu. » Et c'est pourquoi la langue humaine se comporte à l'égard de l'Écriture sainte comme la langue d'un enfant qui répète des paroles données par un autre : « Ma langue est le roseau d'un scribe agile. » Et : « L'Esprit du Seigneur a parlé par moi, et sa parole est sur ma langue. » Et c'est pourquoi l'Ecclésiastique dit : « Dans des paroles » du Seigneur ou « de gloire », paroles qui sont dites par révélation. D'où ce qui est écrit au troisième livre des Rois : « Frappe-moi en vertu de la parole du Seigneur », c'est-à-dire par la révélation divine.

Et cette Écriture peut être dite parole de gloire de quatre manières, car elle se situe à l'égard de la gloire de quatre manières.

a. Quant à sa cause originelle, car cette doctrine émane de la parole glorieuse de Dieu : « Quand cette voix lui est parvenue du sein de la gloire majestueuse : Celui-ci est mon fils bien-aimé. »

b. Quant à son contenu, car dans ce livre est contenue la gloire de Dieu qu'annonce le psalmiste : « Annoncez sa gloire parmi les nations. »

c. Quant à son mode d'émanation : car la gloire est la même chose que la clarté ; et la révélation de cette prophétie fut glorieuse parce que claire.

Il y a en effet un triple mode de prophétie.

- Par l'intermédiaire des choses sensibles : « À ce moment apparurent des doigts de main humaine qui écrivaient (...) et le roi vit le mouvement de la main qui écrivait. »

- Par des représentations imaginaires, comme à propos du songe de Pharaon et de l'interprétation donnée par Joseph. Ou dans Isaïe : « Je vis le Seigneur siégeant sur un trône haut et élevé ; et ce qui était sous lui remplissait le temple. »

- Par la manifestation de la vérité elle-même. Et ce mode de prophétie convient à David, qui prophétisa sous l'inspiration du Saint-Esprit sans aucune aide extérieure. Car les autres prophètes, comme le dit Augustin, prophétisèrent des faits et des paroles par des images de ces réalités et sous un langage voilé, c'est-à-dire par des songes et des visions ; tandis que David, lui, fut simplement instruit de la vérité. C'est pourquoi au deuxième livre des Rois, lorsque David disait : « L'esprit du Seigneur a parlé par moi, et sa parole par ma langue », aussitôt il ajoute : « Telle la lumière du matin, quand se lève le soleil, un matin sans nuage, étincelant. » Le soleil est l'Esprit-Saint illuminant les coeurs des prophètes : c'est l'Esprit qui parfois apparaît sous les nuages quand il luit sur les prophètes parfois sous les deux modes précédents, et parfois sans nuage, comme c'est le cas ici. Et à cela on peut appliquer ces paroles du deuxième livre des Rois : « Quelle gloire aujourd'hui pour le roi d'Israël de s'être découvert aux yeux des servantes et des serviteurs. »

d. Et parce que par elle il nous invite à la gloire - « Cette gloire est à tous les saints. » C'est donc bien à juste titre qu'il a dit auparavant : « Quelle gloire aujourd'hui, etc.»

La matière de ce recueil est donc manifeste, car il s'agit de toute l'oeuvre du Seigneur ; de même le mode, car il se présente sous forme de prières et de louanges ; la fin, car c'est pour qu'élevés nous soyons unis au Très-Haut et au Saint ; l'auteur, car c'est l'Esprit-Saint lui-même qui le révèle.

Avant d'en venir à l'explication littérale de ce livre, il nous faut considérer trois choses d'ordre général.

a) La première concerne la traduction du psautier.

b) La deuxième regarde la manière de le commenter.

c) La troisième concerne sa division.

a. Les traductions sont au nombre de trois. La première remonte à l'Église du temps des Apôtres, et celle-ci avait été altérée au temps de Jérôme à cause des scribes. Et c'est pourquoi sur la demande instante du pape Damase, Jérôme entreprit la correction du psautier, et telle est la version qu'on lit en Italie.

Cependant parce que cette traduction différait du texte grec, Jérôme traduisit de nouveau le psautier, sur la demande instante de Paula, du grec en latin, et c'est cette version que le pape Damase fit chanter en France ; et elle concorde mot à mot avec le grec. Par la suite, un certain Sophronius entrant un jour en discussion avec les Juifs - puisque les Juifs soutenaient que certaines choses ne figuraient pas dans l'hébreu telles qu'il les avait introduites dans sa deuxième traduction du psautier - demanda à Jérôme de traduire le psautier de l'hébreu en latin. Jérôme consentit à sa demande, et sa traduction concorde en tout point avec l'hébreu ; mais cette version n'est chantée dans aucune église, cependant beaucoup la possèdent.

b. Quant à la manière de commenter, il faut savoir que tant pour le psautier que pour les autres livres prophétiques qui font l'objet d'un commentaire, nous devons éviter une erreur condamnée par le cinquième concile. En effet Théodore de Mopsueste a affirmé que dans l'Écriture sainte et les prophéties, il n'est rien dit expressément au sujet du Christ, mais d'autres choses qu'on a appliquées au Christ : par exemple le verset de ce psaume : « Ils se sont partagé mes vêtements, ils ont tiré au sort ma tunique » ne concerne pas le Christ, mais se rapporte de manière littérale à David. Or cette manière de commenter a été condamnée dans ce concile ; et quiconque s'exprime ainsi en exposant les Écritures est hérétique.

Le bienheureux Jérôme nous a donc donné dans son commentaire sur Osée une règle que nous observerons pour les psaumes : à savoir que les faits doivent être exposés comme une figure du Christ ou de l'Église. En effet il est écrit : « Toutes ces choses qui leur arrivaient en figure, furent mises par écrit pour notre instruction. » Car les prophéties sont parfois dites à propos de choses qui étaient alors contemporaines, cependant elles ne se rapportent pas principalement à elles, mais en tant qu'elles sont une figure des événements à venir ; et c'est pourquoi l'Esprit-Saint a établi que lorsque de telles prédictions sont dites, il s'y mêle certaines choses qui dépassent le conditionnement de tel événement, de sorte que l'esprit s'élève vers ce qui est figuré. Par exemple dans le livre de Daniel, beaucoup de choses sont dites au sujet d'Antiochus comme figure de l'Antéchrist. C'est pourquoi on y dit certaines choses qui ne se sont pas accomplies en celui-ci, mais qui trouveront leur achèvement dans l'Antéchrist ; il en est de même de certaines choses lues à propos du règne de David et de Salomon, qui ne devaient pas s'accomplir au cours du règne de ces hommes, mais qui le seront lors du règne du Christ, et qui ont été dites pour le préfigurer. Par exemple dans le psaume 71 : « Dieu donne ton équité au roi, et ta justice au fils du roi », psaume qui selon le titre parle du règne de David et de Salomon : et il expose dans son contenu quelque chose qui dépasse leur pouvoir : « En ces jours la justice fleurira, et une abondance de paix : jusqu'à ce que la lune disparaisse entièrement ». Et encore : « Et il dominera depuis une mer jusqu'à une autre mer, et depuis un fleuve jusqu'aux limites de la terre. » Ainsi ce psaume est-il exposé à propos du règne de Salomon en tant qu'il est une figure du règne du Christ, en qui toutes les choses qui ont été dites trouveront leur achèvement.

c. Une première division du psautier considère d'abord le fait qu'il y a 150 psaumes ; et ceci convient au mystère, car ce nombre se compose de 70 et de 80. Par le nombre 7, à partir duquel nous formons le nombre 70, est signifié l'évolution de ce temps qui se déroule en 7 jours. Par le nombre 8, à partir duquel nous formons celui de 80, est signifié l'état de la vie future. Car le huitième jour d'après la Glose est celui des ressuscités, et signifie que dans ce livre il est question des choses qui regardent le cours de la vie présente et celles de la gloire future.

De même par le nombre 7 est signifié l'Ancien Testament. Car les Pères de l'Ancien Testament servaient Dieu en septénaire : en effet ils observaient le septième jour, la septième semaine, le septième mois, et la septième année de la septième décade qui est appelé « jubilé ». Par le nombre 8 est signifié le Nouveau Testament : car nous célébrons le huitième jour, c'est-à-dire le jour du dimanche en raison de la solennité du dimanche de la résurrection. Et dans ce livre sont contenus les mystères de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Une deuxième division se fait d'après ceux qui affirmaient que le psautier est divisé en cinq livres, par cinq divisions de psaumes qui se terminent par Fiat, Fiat ; et cela en grec, là où l'hébreu lit Amen, Amen. Selon eux, c'est par cette formule qu'est indiquée la fin d'un livre. Cela arrive la première fois au psaume 40 : « Bienheureux celui qui comprend les nécessités de l'indigent et du pauvre. » La deuxième fois au psaume 71 : « Ô Dieu, donne ton équité au roi. »

Pareillement la troisième fois au psaume 88 : « Éternellement je chanterai les miséricordes du Seigneur. » Semblablement la quatrième fois au psaume 105 : « Célébrez le Seigneur, parce qu'il est bon ». Et tels sont les cinq livres. Mais cette division ne se rencontre pas chez les Hébreux, car pour eux il n'y a qu'un seul livre : « Car il est écrit au livre des Psaumes : "Que leur demeure... " »

Ainsi donc lorsqu'il est dit Fiat, Fiat, ou Amen, Amen, cela ne se rapporte pas à la fin d'un livre, car cette expression se retrouve fréquemment dans les autres livres sans qu'il soit question de la fin d'un livre.

Une troisième division se fait comme suit : les psaumes sont divisés en trois groupes de cinquante, et cette répartition comprend les trois états du peuple fidèle.

- L'état de la pénitence auquel est ordonnée la première cinquantaine qui se termine par : « Miserere mei Deus (Aie pitié de moi, ô Dieu) », qui est un psaume de pénitence.

- La seconde est ordonnée à la justice qui consiste dans le jugement, et elle se termine au psaume 100 : « Je te chanterai la miséricorde et le jugement, Seigneur. »

- La troisième se conclut sur la louange de la gloire éternelle, et c'est pourquoi elle se termine par : « Que tout ce qui respire loue le Seigneur. »

Par ailleurs en ce qui concerne l'ordre des psaumes, il faut savoir que certains d'entre eux sont historiques, mais n'ont pas été établis selon le déroulement de l'histoire. En effet, « je t'aimerai Seigneur » concerne l'histoire de Saül, mais « qu'ils sont nombreux ceux qui se lèvent contre moi » concerne l'histoire d'Absalom, et cette dernière est postérieure ; donc les psaumes signifient quelque chose d'autre que la seule histoire.

Donc la première cinquantaine se rapporte à l'état de la pénitence, et c'est pourquoi ceux-ci traitent de manière figurative des tribulations et des luttes de David, ainsi que de sa libération.

Et pour que la distinction se fasse selon la lettre, David au cours de son règne prie face à une double persécution.

En premier lieu face à la persécution qui sévit contre sa personne, puis face à celle qui sévit contre tout le peuple de Dieu ; et cela dans la cinquième décade : « Comme le cerf désire les sources des eaux, ainsi mon âme te désire, ô Dieu. »

Or généralement le juste est éprouvé dans sa personne de deux manières : parfois par ceux qui le persécutent temporellement, parfois par ceux qui vivent de manière malhonnête : « Ce juste qui vivait au milieu d'eux était, jour après jour, torturé en son âme de juste au spectacle d'oeuvres iniques. » Et : « L'indignation me saisit à cause des méchants. »

Et c'est pourquoi ce livre expose d'abord les psaumes qui concernent la première persécution de David, en tant que ceux-ci signifient la persécution contre le Christ et l'Église. Ensuite il expose ceux qui se rapportent à la seconde tribulation », dans la quatrième décade : « Bienheureux ceux dont les iniquités ont été remises. »

Ainsi David a souffert durant son règne d'une double persécution : car il fut persécuté par des personnes déterminées et par tout le peuple. Aussi sont d'abord exposés les psaumes qui concernent la première persécution. Puis les psaumes dans lesquels il prie face à la seconde persécution, et cela dans la troisième décade : « Mon Dieu, mon Dieu, regarde-moi : pourquoi m'as-tu abandonné ? »

Mais David a souffert des persécutions spécialement de la part de deux personnes : d'Absalom et de Saül. Et cela préfigure la persécution que les saints endurent ou bien de la part de familiers, ou bien de la part d'étrangers : comme le Christ a souffert de la part de Judas, et de la part des Juifs.

C'est pourquoi en premier lieu sont exposés les psaumes qui font mention de la première persécution. Ensuite ceux qui mentionnent la seconde, et cela dans la deuxième décade : « Sauve-moi, Seigneur, parce qu'il n'y a plus de saint, parce que les vérités sont diminuées par les enfants des hommes. »

À présent donc il nous faut traiter des psaumes de la première décade, en tête de laquelle est inséré ce psaume : « Bienheureux l'homme qui n'est pas allé au conseil des impies, etc. »


Éditions du Cerf

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