1 Pour la fin. Psaume de David qu'il chanta au Seigneur à propos de Chausaï le Benjaminite/le fils jumeau.
2 Seigneur mon Dieu, en toi j'ai espéré ; sauve-moi de tous ceux qui me persécutent, et libère-moi. 3 De peur que, comme un lion, il ne ravisse mon âme, tandis qu'il n'y a personne qui me rachète et qui me sauve.
4 Seigneur, mon Dieu, Si j'ai fait cela, Si l'iniquité est dans mes mains ; 5a Si j'ai rendu le mal à ceux qui m'en ont fait,
5b que je tombe avec raison sans défense sous mes ennemis. 6 Que l'ennemi poursuive mon âme, qu'il la saisisse, et qu'il foule ma vie contre la terre, et qu'il fasse tomber ma gloire dans la poussière.
7 Lève-toi, Seigneur, dans ta colère, et élève-toi dans les confins de mes ennemis. Et lève-toi, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que tu as établi, 8 et l'assemblée des peuples t'environnera. Et à cause d'elle remonte dans les hauteurs.
9 Le Seigneur juge les peuples. Juge-moi, Seigneur, selon ma justice, et selon l'innocence qui me couvre. 10 La méchanceté des pécheurs sera consumée, et tu dirigeras le juste, ô Dieu scrutant les coeurs et les reins. 11 Mon juste secours viendra du Seigneur, qui sauve les hommes droits de coeur.
12 Dieu est un juste juge, fort et patient ; est-ce qu'il s'irrite tous les jours ?
13 Si vous ne vous convertissez pas, il fera vibrer son glaive ; il a tendu son arc, et il l'a préparé. 14 Et sur lui il a adapté des objets de mort, il a rendu ses flèches brûlantes.
15 Voici qu'il a enfanté l'injustice, il a conçu
16 la douleur, et a mis au monde l'iniquité. Il a ouvert un abîme, et il l'a creusé ; et il est tombé dans la fosse qu'il a faite. 17 Sa douleur retournera sur sa tête, et sur le haut de sa tête son iniquité descendra.
18 Je louerai le Seigneur selon sa justice, et je psalmodierai le nom du Seigneur Très-Haut.
1 Pour la fin. Psaume de David qu'il chanta au Seigneur à propos de Chausaï le Benjaminite/le fils jumeau.
Les psaumes qui précèdent exposent la demande de David d'être libéré de ses ennemis, tandis que ce psaume expose la demande de leur vengeance. Son titre est : Pour la fin. Psaume de David qu'il chanta au Seigneur à propos de Chausaï le Benjaminite. L'histoire du deuxième livre des Rois rapporte que David s'enfuit de la face de son fils, et que le très avisé Achitophel s'attacha à Absalom ; mais que Chausaï se lia avec David, qui le renvoya afin de connaître les desseins d'Achitophel, et de les lui faire connaître. Or tandis qu'Achitophel donna à Absalom un conseil extrêmement funeste à propos de David son père, à savoir de l'attaquer aussitôt avant qu'il n'aille se protéger en quelque lieu, Chausaï signifia secrètement à David de fuir la plaine où il se trouvait, et de passer le Jourdain afin de se rendre en des lieux très retranchés. Or David, après avoir appris cette nouvelle de la bouche de Chausaï, se mit à chanter ce cantique. Et c'est pourquoi il est dit ici qu'il chanta au Seigneur à propos de Chausaï le Benjaminite/le fils jumeau. Il est écrit : fils jumeau, parce qu'il était sans doute de la tribu de Benjamin, ou bien parce qu'il descendait d'un ancêtre qui portait ce nom. Une version de Jérôme ne porte pas « In finem (Pour la fin) », ni pour la victoire, mais bien : «pro ignoratione, vel ignorantibus (Pour l'ignorance, ou pour les ignorants). » Et elle dit : «Super verbis aethiopis (À propos des paroles de l'Éthiopien) ». Cependant on ignore s'il fut Éthiopien.
Au sens mystique, ce psaume peut s'appliquer à l'Église et à ses persécuteurs. Et il dit : à propos de Chausaï, ce qui veut dire silence, et fils jumeau, droite, autrement dit : il se fit que par une mystérieuse disposition de la providence divine, Achitophel, qui veut dire » ruine de son frère », à savoir Judas Iscariote, conspira par dessein et soutien à la ruine, c'est-à-dire à la mort de son frère le Christ, qui « n'a pas rougi d'appeler les hommes du nom de frères ». Mais tandis que celui-là causa la perte d'un seul homme, le Christ fut la cause du salut de tous les hommes, comme le dit Augustin dans la Glose
Ce psaume comprend trois parties.
I) La première traite de la prière.
Il) La deuxième de l'exaucement : 9 Le Seigneur juge les peuples.
III) La troisième de l'action de grâce : 18 Je louerai le Seigneur.
2 Seigneur mon Dieu, en toi j'ai espéré ; sauve-moi de tous ceux qui me persécutent, et libère-moi. 3 De peur que, comme un lion, il ne ravisse mon âme, tandis qu'il n'y a personne qui me rachète et qui me sauve.
I. La prière du psalmiste a deux objets.
A) Il prie d'abord afin d'être libéré de ses ennemis.
B) Ensuite pour que ses ennemis soient humiliés : 7 Lève-toi, Seigneur, dans ta colère.
A. En priant pour sa libération,
1) Il commence d'abord par demander la miséricorde.
2) Puis il allègue son innocence : 4 Seigneur, mon Dieu, si j'ai fait cela.
1. En sollicitant la miséricorde :
a) Le psalmiste manifeste d'abord le sentiment de celui qui prie.
b) Puis il expose sa demande : 2b Sauve-moi.
c) Enfin le motif de sa demande : 3 Il ne ravisse.
a. Le sentiment qui anime sa prière consiste à espérer dans le Seigneur : « Car personne n'a mis son espérance dans le Seigneur, et n'a été confondu » ; aussi dit-il : en toi j'ai espéré.
b. La demande est double. En effet il demande d'être sauvé et d'être libéré, selon Denys. Être libéré, c'est être écarté du mal ; être sauvé, c'est être maintenu dans le bien. Ainsi donc le psalmiste demande d'être sauvé de la corruption des ennemis, et d'en être libéré. Cela peut s'entendre des ennemis corporels et spirituels, autrement dit : sauve-moi des ennemis, et des tentations : « Sauve-moi de la gueule du lion. » Et de même : « Libère mon âme de leur malice. »
c. Il expose le motif de sa demande lorsqu'il dit : qu'il ne ravisse, etc., autrement dit : Si tu ne viens pas à mon secours, Absalom me dévorera comme un lion : « Levez-vous, fuyons ! Autrement nous n'échapperons pas à Absalom. » Or, plus haut, il parle au pluriel en disant : de tous mes persécuteurs ; ici au singulier : qu'il ne ravisse comme un lion, car tous sont réunis sous une seule tête ; les spirituels sous le diable, les corporels sous Absalom : « Votre adversaire le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. » - « Il dresse des embûches dans le secret, comme un lion dans sa caverne. Il dresse des embûches pour prendre le pauvre ; pour prendre le pauvre, tandis qu'il l'attire. » Qu'il ravisse comme par surprise, et rapidement : « Le loup ravit. » Car le diable agit perfidement. Et il agira de la sorte, tandis qu'il n'y a personne qui me rachète, etc. On est racheté quand on est libéré du mal. Et cela regarde la libération du châtiment : « De la mort je les rachèterai. » il n'y a personne qui me rachète, par la libération de la faute : « C'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Selon la version iuxta Hebraeos de Jérôme : « Ne forte rapiat ut leo animam meam, et laceret ; et non sit qui eripiat (De crainte qu'il ne ravisse mon âme comme un lion, et ne la déchire ; et il n'est personne qui ne l'arrache). »
4 Seigneur, mon Dieu, si j'ai fait cela, si 5a l'iniquité est dans mes mains ; si j'ai rendu le mal à ceux qui m'en ont fait,
2. Ensuite il allègue son innocence :
Seigneur, mon Dieu, Si j'ai fait cela. Et cela peut se comprendre de deux manières. Soit sous forme de serment, soit sous forme d'annonce.
Si c'est sous forme de serment, alors il faut savoir qu'il y a deux sortes de serments : par témoignage, comme dans ce passage de l'épître aux Romains : « Le Dieu que je sers en mon esprit, dans l'Évangile de son Fils, m'est témoin que sans cesse je fais mémoire de vous dans toutes mes prières ; demandant que, par la volonté de Dieu, quelque heureuse voie me soit ouverte pour aller vers vous » ; et par imprécation, en ce sens qu'il est dit : qu'il m'advienne selon ce que j'ai fait : « Me suis-je réjoui de la ruine de celui qui me haïssait, et ai-je bondi de joie de ce que le malheur l'avait : atteint ? » - « Pour moi, je prends Dieu à témoin sur mon âme », autrement dit : Si je ne suis pas innocent, qu'il me ravisse. Ou bien on peut comprendre ce verset sous forme d'annonce, autrement dit : si moi je suis dans cet état de faute, tel sera mon châtiment : Que je tombe, etc.
a) Et suivant cela, il écarte d'abord de lui la faute : Si j'ai fait cela, etc.
b) Puis il définit son châtiment : que je tombe, etc.
a. Il écarte de lui la faute, d'abord d'une manière générale, quand il dit : Seigneur, mon Dieu, Si j'ai fait cela. Que désigne ce mot cela ? Le péché, c'est-à-dire le péché d'orgueil, selon la Glose, péché qui est universel : « Le principe de tout péché, c'est l'orgueil. » Ou bien : cela, parce que lorsque quelqu'un souffre tribulation en vertu de sa propre faute, on lui dit : toi, tu t'es fait cela, autrement dit : toi, tu es la cause de ce qui advient. Et ainsi il dit : si j'ai fait cela, c'est-à-dire si moi j'ai été à l'origine de cette persécution : « David faisait droit et justice à tout son peuple. » - « Je porterai la colère du Seigneur, puisque j'ai péché contre lui, jusqu'à ce qu'il juge ma cause et qu'il accomplisse mon jugement : il me fera sortir à la lumière, je verrai sa justice. »
Ensuite lorsqu'il dit : si l'iniquité est dans mes mains, il écarte de lui la faute d'une manière précise ; et à ce sujet il fait trois choses.
- En effet il commence par dire qu'il n'a fait injure à personne, aussi dit-il : si l'iniquité est dans mes mains. - « Si tu ôtes de toi l'iniquité qui est en ta main. » - « Remarque et vois qu'il n'y a pas de mal en ma main, ni d'iniquité. » Voilà pourquoi lorsqu'un homme n'a fait injure à personne, il semble injuste qu'il soit affligé.
- Ensuite, qu'il a remis même l'offense ; aussi dit-il : 5a si j'ai rendu, etc. Et c'est ce qu'on lit au premier livre des Rois : « Mon oeil t'a épargné, car j'ai dit : je n'étendrai pas ma main sur mon Seigneur, parce que c'est le Christ du Seigneur. » Et ailleurs : « Ne cherche point la vengeance, tu ne te souviendras pas de l'injure de tes concitoyens. »
- Enfin, qu'il a fait du bien à ses ennemis, et tel est le troisième acte bon. Aussi la version iuxta Hebraeos de Jérôme lit-elle : « Dimisi hostes meos vacuos (J'ai laissé mes ennemis libres). » - « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien. » - « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s'il a soif, donne-lui de l'eau à boire ; car tu amasseras des charbons ardents sur sa tête ; et le Seigneur te le rendra. » - « Faites du bien à ceux qui vous haïssent. » - « Élisée ordonna au roi de Samarie de servir un repas à l'armée du roi de Syrie qui était venu dans le dessein de le prendre : Il leur fut donc servi un grand repas. »
5b que je tombe avec raison sans défense sous mes ennemis. Que l'ennemi poursuive mon âme, qu'il la saisisse, et qu'il foule ma vie contre la terre, et qu'il fasse tomber ma gloire dans la poussière.
b. Puis lorsqu'il dit : que je tombe, il définit son châtiment, autrement dit : Si les choses que j'affirme ne sont pas vraies, que ces maux m ` arrivent.
- Et il expose d'abord la perte de ses biens.
- Puis le tort fait à sa personne.
- Enfin l'atteinte à sa gloire.
- Ainsi dit-il quant à la perte de ses biens : que ce mal m'échoie, que je tombe avec raison, c'est-à-dire justement, sous mes ennemis, à savoir que mes biens me soient ôtés : « Si la souillure s'est attachée à mes mains, que je sème et qu'un autre mange. »
- En relation avec le tort fait à sa personne, il expose trois choses que l'homme souffre en soi : d'abord la persécution, puis la captivité, enfin la mort. Il fait allusion à la persécution lorsqu'il dit : qu'il poursuive ; à la captivité, en disant : qu'il saisisse ; à la mort, en disant : et qu'il foule, soit en me tuant, soit en me terrassant complètement.
- Quant à l'atteinte à sa gloire il ajoute : qu'il fasse tomber ma gloire, etc., autrement dit : tout ce qui a fait l'objet de ma gloire est réduit à la poussière et dispersé.
Au sens mystique, l'ennemi c'est le diable qui persécute en tentant : « Nos persécuteurs ont été plus rapides que les aigles du ciel. » qu'il saisisse, par le consentement au péché : « Tous ses persécuteurs l'ont saisi dans ses angoisses. » qu'il foule, par l'habitude et le mépris : « Courbe-toi, afin que nous passions. » On distingue deux sortes de gloire chez l'homme : la gloire naturelle et spirituelle. À propos de la gloire naturelle, il est écrit dans la première épître aux Corinthiens : « L'homme [c'est-à-dire l'esprit], ne doit pas voiler sa tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu. » À propos de la gloire spirituelle, il est écrit dans la seconde épître aux Corinthiens : «Telle est notre gloire : le témoignage de notre conscience. » Or le diable livre à la poussière la gloire de l'homme, car l'image de Dieu est défigurée, parce qu'elle est souillée : « Ils ont la conscience marquée au rouge. » - « Seigneur, tu réduiras au néant leur image dans ta cité. »
7 Lève-toi, Seigneur, dans ta colère, et élève-toi dans les confins de mes ennemis. Et lève-toi, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que tu as établi, 8 et l'assemblée des peuples t'environnera. Et à cause d'elle remonte dans les hauteurs.
B. Plus haut le psalmiste faisait connaître la prière qu'il formulait à son intention, en demandant d'être libéré et sauvé ; ici il formule une prière de demande contre ses ennemis. Il prie à deux intentions. Il réclame d'abord leur punition. Ensuite l'efficacité de la punition : Et lève-toi.
1. Lisons d'abord ce passage de l'Écriture d'après l'histoire telle qu'elle a pu s'appliquer à David.
Lève-toi. Cela s'adresse à deux genres d'hommes. À celui qui dort et à celui qui est étendu. Or Dieu, quand il ne punit pas les péchés, semble dormir comme s'il ne gardait pas la vigilance de la prudence : « Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ? » Semblablement quand il ne punit pas, il semble être réduit à l'impuissance ; mais il semble précisément se lever, lorsqu'il manifeste sa puissance en punissant ses adversaires : « Que ta main s'élève, et qu'ils ne voient pas ; qu'ils voient et qu'ils soient confondus ceux qui sont jaloux de ton peuple, et qu'un feu dévore ton héritage. » Il dit : dans ta colère, c'est-à-dire par ta punition qui est un effet de ta colère. Et il expose un triple fruit de la punition.
a. Un premier fruit concerne Dieu. Que Dieu se lève non en soi, mais dans l'opinion des hommes, car par cette exaltation il est regardé comme haut et puissant ; et c'est pourquoi il dit : Lève-toi, autrement dit : anéantis mes ennemis, et par cet acte tu paraîtras élevé : « Car de même qu'en leur présence vous avez été sanctifiés parmi nous, ainsi en notre présence vous serez glorifiés parmi elles. » Et il dit : dans les confins, afin que Dieu anéantisse totalement mes ennemis, et que rien ne subsiste en pénétrant dans leurs confins. Une version de Jérôme lit : «Elevare indignans super hostes (Lève-toi avec indignation au-dessus de tes ennemis) », autrement dit : mets-toi en colère, et ainsi lève-toi.
b. Un autre fruit concerne David, car on lit au premier livre des Rois : « Le Seigneur s'est cherché un homme selon son coeur, et il lui a ordonné d'être chef sur son peuple. » Et David en personne dit à propos de lui : « Le Seigneur m'a ordonné d'être chef sur le peuple du Seigneur en Israël. » Or ce commandement semblait être sans fondement pour David humilié par Saül ; et c'est pourquoi il dit : lève-toi selon le précepte que tu as établi, c'est-à-dire que je sois roi sur mon royaume. Et c'est pourquoi une version de Jérôme lit : « Exurge ad me in judicium quod mandasti (Lève-toi vers moi selon le jugement que tu m'as rendu). »
c. Un troisième fruit concerne le peuple. Dans l'Ancienne Loi, ce qui concernait tous les chefs du peuple était administré par des hommes, tandis que pour le chef suprême c'était Dieu qui s'en occupait uniquement : « Que le Seigneur, Dieu des esprits de toute chair, choisisse un homme qui soit au-dessus de cette multitude. » - « Lorsque tu seras entré dans la terre que le Seigneur ton Dieu te donnera, que tu la posséderas, que tu habiteras en elle, et que tu diras : J'établirai sur moi un roi, comme en ont toutes les nations d'alentour, tu établiras chef celui que le Seigneur ton Dieu aura choisi. » Donc le peuple dans le souverain principat devait suivre l'ordonnance divine, aussi le psalmiste ajoute-t-il : et l'assemblée des peuples t'environnera, c'est-à-dire suivra ton ordonnance afin de revenir vers moi. Et à cause d'elle remonte dans les hauteurs, c'est-à-dire ta magnificence apparaîtra, autrement dit : non seulement à cause de la vengeance, mais afin que les hommes reviennent à moi.
2. Mais selon que l'on rapporte ces versets au Christ, ils postulent le mystère de l'Incarnation, mystère qui comprend deux fruits. D'abord celui de l'abaissement des démons, puis celui de la conversion des hommes : Lève-toi, Seigneur.
a. Concernant l'abaissement des démons il dit : Lève-toi, c'est-à-dire manifeste-toi dans le monde par ton Incarnation, et cela dans ta colère, c'est-à-dire afin de punir les démons : « C'est maintenant le jugement du monde. » - « Qu'y a-t-il à nous et à toi, Jésus le Nazarénien ? Es-tu venu pour nous perdre ? » et élève-toi dans les confins de mes ennemis, en enlevant leur possession : « Lorsqu'un homme fort et armé garde l'entrée de sa maison, tout ce qu'il possède est en sûreté. Mais qu'un plus fort que lui survienne, et qu'il le vainque, il emporte toutes les armes dans lesquelles il se confiait, et il distribue ses dépouilles. » - « Comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison d'un homme fort et emporter ses affaires, si auparavant il ne lie le fort ? Et c'est alors qu'il pillera sa maison. » Ou bien : Lève-toi dans ta colère..., contre les Juifs, afin que la demande de l'Église des Gentils soit dirigée contre eux. Et il dit : élève-toi dans les confins de mes ennemis : les réalités élevées ne subissent pas de variation ; ce qui est élevé pour l'homme apparaît à partir de ce qui est caché. Par exemple si on est trop élevé dans les hauteurs. Donc de même que ce qui est caché en profondeur apparaît s'il est élevé : « Il a scruté aussi les profondeurs des fleuves, et il a amené à la lumière des choses cachées », ainsi dit-il : élève-toi, c'est-à-dire manifeste-toi. Et de même que ce qui est trop élevé est caché, d'où ce qui est écrit : « Il s'éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux », ainsi dit-il : élève-toi, afin d'être caché aux Juifs, afin qu'ils ne te connaissent pas, qu'ils te mettent en croix et qu'ils soient rachetés.
b. Concernant le second fruit il dit : lève-toi, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que tu as établi, pour la conversion des hommes. À ce propos il expose d'abord le motif de la conversion. Ensuite son accomplissement. Enfin la punition.
Ainsi dit-il : selon le précepte, c'est-à-dire de la mansuétude et de l'humilité, que tu as établi. - « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. » lève-toi donc selon ce précepte, c'est-à-dire apparais humble tout en étant élevé, autrement dit : ainsi tu accueilles l'humilité afin de ne pas abandonner la sublimité. Ou bien : lève-toi d'entre les morts, et ainsi l'assemblée des peuples t'environnera, c'est-à-dire l'assemblée des bienheureux qui seront récompensés, et celle des méchants qui seront punis : « Ton nom est une huile répandue : c'est pour cela que les jeunes filles t'ont chéri. » - « La montagne préparée pour la demeure du Seigneur sera établie sur le sommet des montagnes, et elle sera élevée au-dessus des collines, et toutes les nations y afflueront. » - « Lève les yeux à l'entour ; tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi. » Et : à cause d'elle remonte dans les hauteurs, c'est-à-dire afin d'achever l'éducation de cette assemblée, l'assemblée des croyants : « Montant dans les hauteurs, il a emmené une captivité captive ; il a donné des dons aux hommes. » - « Celui qui ouvrira le chemin, montera devant eux. » Ou bien : dans les hauteurs, tu seras caché aux yeux des Juifs, etc. l'assemblée des peuples t'environnera, en te méprisant et en te persécutant. En quoi ils seront principalement punis.
9 Le Seigneur juge les peuples. Juge-moi, Seigneur, selon ma justice, et selon l'innocence qui me couvre. 10 La méchanceté des pécheurs sera consumée, et tu dirigeras le juste, ô Dieu scrutant les coeurs et les reins. 11 Mon juste secours viendra du Seigneur, qui sauve les hommes droits de coeur.
II. Ici commence la deuxième partie de ce psaume, dans laquelle il est question de l'exaucement de la demande du psalmiste. Et parce que l'exaucement de la demande se fait par le jugement de Dieu, il fait mention du jugement divin.
A) Et il commence par parler du jugement proprement dit.
B) Ensuite il traite de son délai : Dieu est un juste juge, fort et patient ; est-ce qu'il s'irrite tous les jours ?
A. En parlant du jugement il expose trois choses :
1) Il commence par l'énoncer.
2) Ensuite il expose son mode : Juge-moi, Seigneur, etc.
3) Enfin il montre l'aptitude du juge : ô Dieu scrutant les coeurs et les reins.
1. Ainsi dit-il : j'ai des ennemis qui me persécutent, aussi je demande d'en être délivré par le secours divin. Et je mets ma confiance en celui-ci. Car le Seigneur juge les peuples. - « Il jugera le monde avec équité, et les peuples selon sa vente. » - « Le Seigneur se tient debout pour juger, et il est debout pour juger les peuples. » Et notez qu'après avoir dit : Et à cause d'elle remonte dans les hauteurs, il poursuit en parlant du jugement ; car après l'Ascension il reviendra pour juger : « Celui que vous avez vu monter au ciel reviendra de la même manière » pour juger.
2. Le mode du jugement il l'expose sous forme de prière, car en priant il montre ce qui arrivera au jugement, en disant : Juge-moi.
a) Et il expose d'abord la rétribution des bons.
b) Ensuite la punition des méchants : sera consumée.
Au jugement les deux seront rétribués. Car les biens seront donnés aux bons, et les maux aux méchants. Donc celui qui est bon, et qui est exempt de maux, aura l'abondance des biens et la suppression des maux : « Celui qui m'aura écouté reposera sans terreur et jouira de l'abondance, la crainte des maux ayant été enlevée ».
a. Aussi dit-il concernant la rétribution des bons : Juge-moi selon ma justice, c'est-à-dire celle que tu m'as donnée en tant que je suis juste ; et cette justice m'a été donnée afin que les biens me soient impartis : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés. »
b. Concernant la punition des méchants il dit : selon [mon] innocence. Et cette justice lui est donnée afin qu'il ne souffre d'aucun mal : « L'innocent sera sauvé à cause de la pureté de ses mains. » Et remarquez que le psalmiste demande ce jugement selon la justice. Plus haut, dans un psaume pénitentiel, il parle en invoquant la miséricorde et en ne rappelant aucun mérite, mais à présent, déjà justifié parce qu'il avait accompli quelques oeuvres bonnes et en vertu desquelles une récompense lui était due, il demande d'être jugé selon la justice. Du fait qu'il dit : qui me couvre, il signifie que la justice de l'homme et son innocence ne lui appartiennent pas, mais lui viennent de Dieu. Contrairement à ce qu'il demande, à savoir que les biens lui soient donnés et qu'il ne souffre d'aucun mal, il semble qu'il soit parfois bon et utile d'être opprimé par les méchants, et même on peut dire qu'en général les bons ont en ce monde des maux, tandis que les méchants jouissent des biens : « souviens-toi que pendant ta vie tu as reçu les biens, de même que Lazare les maux ; or maintenant il est consolé, et toi tu es tourmenté. » Et l'explication de ce fait est donnée par le verset qui suit : La méchanceté des pécheurs sera consumée, c'est-à-dire deviendra réalité à la fin du monde : « Que celui qui est souillé se souille encore. » Remarquez que Dieu retarde parfois un châtiment afin que les prédestinés se convertissent : « À cause de cela, le Seigneur attend, afin d'avoir pitié de vous. » C'est pourquoi alors la méchanceté des méchants sera consumée, c'est-à-dire cessera. Parfois Dieu retarde un châtiment afin que les méchants manifestent davantage leur malice, et que les jugements de Dieu apparaissent justes ; et alors la méchanceté des pécheurs sera consumée, c'est-à-dire achevée, afin que la vengeance apparaisse plus juste. C'est en ce sens qu'il est écrit dans la Genèse : « Sache dès à présent que ta postérité doit être étrangère dans un pays qui ne sera pas le sien ; qu'on les réduira en servitude, et qu'on les opprimera durant quatre cents ans. Mais la nation à laquelle ils seront assujettis, c'est moi qui la jugerai ; et après ils sortiront avec de grandes richesses. Pour toi, tu iras en paix vers tes pères, enseveli dans une heureuse vieillesse. Ainsi, à la quatrième génération, ils reviendront ici ; car les iniquités des Amorrhéens ne sont pas parvenues à leur comble jusqu'au temps présent. » - « Et il ne lui donna là ni héritage, ni même où poser le pied ; mais il promit de lui donner la terre en sa possession et à sa postérité après lui, lorsqu'il n'avait point encore de fils. Toutefois Dieu lui dit que sa postérité habiterait en une terre étrangère, où elle serait réduite en servitude et maltraitée pendant quatre cents ans ; mais la nation qui l'aura tenue en servitude, c'est moi qui la jugerai, dit le Seigneur. » Ainsi il dit : sera consumée, autrement dit : qu'ils fassent tout ce qu'ils peuvent, car à la fin la méchanceté des pécheurs sera consumée. Mais les méchants n'accableront-ils pas les bons ? Non, car Dieu dirige les justes. Aussi le psalmiste dit-il : tu dirigeras le juste. Et il est écrit dans les Proverbes : « La simplicité des justes les dirigera. »
3. Ensuite lorsqu'il ajoute : scrutant, il montre l'aptitude du juge.
a) Et il expose d'abord l'aptitude du juge.
b) Puis la confiance qu'il éprouve à son égard : Mon juste secours.
a. Or deux qualités sont requises pour l'aptitude d'un juge : qu'il soit sage et qu'il soit juste. Et ces deux qualités sont en Dieu ; et c'est pourquoi il est un juge compétent : « Un roi qui siège sur le trône de la justice, dissipe tout mal par son regard. » Et il est souverainement sage, connaissant toutes choses, même les réalités intérieures : « Tout est à nu et à découvert à ses yeux. » Il est aussi souverainement juste : « Mais toi Seigneur Sabaoth, qui juges avec justice et qui éprouves les reins et les coeurs, que je voie ta vengeance sur eux ; car je t'ai révélé ma cause. » Et c'est pourquoi le psalmiste dit : scrutant les coeurs. Une version de Jérôme lit : « Probator cordis et renum, Deus justus (Le Dieu juste examinateur du coeur et des reins) », et puis le verset suivant dit : « Glypeus meus in Deo (Mon bouclier est en Dieu) », là où notre version lit : Mon juste secours. Ainsi dit-il : scrutant. On distingue trois choses dans l'homme : une chose visible, à savoir l'oeuvre extérieure, et deux choses qui sont cachées, à savoir l'intention et la délectation. Ces deux dernières sont cachées pour nous, mais manifestes pour Dieu. Et puisqu'elles sont connues de Dieu, tout en étant cachées pour nous, c'est la raison pour laquelle il dit : scrutant les coeurs, parce qu'il connaît l'intention, et les reins, c'est-à-dire la délectation, afin de savoir si on se délecte dans la louange de Dieu ou bien dans celle des hommes. Mais parce que scruter c'est chercher, et que chercher est le propre de celui qui ignore, il rejette cette application à Dieu. Et afin de montrer que Dieu sait de toute évidence, quand il dit : sera consumée, etc., il a déclaré à bon droit : scrutant, car la condition des hommes apparaît surtout dans la tribulation.
b. Puis il ajoute : Mon juste secours viendra du Seigneur. Ce verset expose la confiance éprouvée à l'égard du juge, sur lequel repose l'espérance du secours. Or le secours de Dieu est double : celui de la miséricorde, et celui de la justice. Le secours par lequel on est libéré des maux et des péchés relève de la miséricorde ; et ce n'est pas le propre de la justice, puisque cela n'est pas dû aux mérites. Mais lorsque quelqu'un est justifié, Dieu le parfait ; et cela relève de la justice, car cette justification répond en quelque manière à un mérite. À propos du secours qui relève de la miséricorde, il est écrit : « Il est un secours dans les temps de détresse. » Concernant le secours qui relève de la justice, il est écrit : « Dieu viendra à son secours au lever du matin. » Mais pourquoi ? Parce que Dieu sauve les hommes droits de coeur - « Il veillera sur le salut des hommes droits. » Les hommes droits de coeur, c'est-à-dire ceux qui tendent vers Dieu par l'intention.
Mais, se demande Cassiodore, pourquoi ne dit-il pas : Qui sauve les hommes droits quant aux reins, mais les hommes droits de coeur ?
Je réponds : la rectitude est relative à un ordre subordonné à une fin, et c'est le cas de l'intention ; aussi faut-il que l'intention soit droite. Mais dans les reins siège la jouissance sensible.
12 Dieu est un juste juge, fort et patient ; est-ce qu'il s'irrite tous les jours ?
B. Après avoir parlé plus haut du jugement divin, le psalmiste traite aussi à présent du délai de l'événement à venir, c'est-à-dire du châtiment.
1) Et il montre d'abord la cause du délai.
2) Puis la disposition préalable à la punition : Si vous ne vous convertissez pas, etc.
1. Or il expose trois raisons pour lesquelles on peut penser que Dieu ne punit pas les pécheurs.
a. Une première raison se fonderait sur le fait qu'il n'est pas juste, puisque sa providence à l'égard des actes humains est retirée : « L'iniquité de la maison d'Israël et de Juda est grande, très grande, et le pays est rempli de sang, et la ville est pleine d'aversion. Car ils disent : Le Seigneur abandonne le pays, et le Seigneur ne voit pas. » - « Il parcourt les pôles du ciel et ne s'occupe pas de ce qui nous regarde. » Mais le psalmiste écarte cette objection faite à l'égard de Dieu, en disant qu'il est juge et juste : « Voici que dans la justice régnera un roi et qu'un prince gouvernera selon le droit. »
b. Une autre raison se fonderait sur le fait qu'il n'est pas puissant ; mais il écarte cette objection en disant que Dieu est fort.- « S'agit-il de force, il est le plus fort. »
Quelle en est donc la raison ? C'est que Dieu est patient, aussi le psalmiste dit-il : est-ce qu'il s'irrite tous les jours ?, c'est-à-dire il ne punira pas le premier jour venu, mais il attend quelquefois et dissimule. Il est écrit dans le livre de la Sagesse : « Il dissimule les péchés des hommes en vue de leur repentance. » Et dans Isaïe : « Le Seigneur vous attend, afin d'avoir pitié de vous. » Et encore : « Il se gardera de le broyer sans cesse. » Une version de Jérôme lit : « Comminatus tota die (Menaçant tout au long de la journée) », à savoir par l'Écriture sainte.
13 Si vous ne vous convertissez pas, il fera vibrer son glaive ; il a tendu son arc, et il l'a préparé. 14 Et sur lui il a adapté des objets de mort, il a rendu ses flèches brûlantes.
2. Ensuite lorsqu'il dit : Si vous ne vous convertissez pas, etc., il montre que le Seigneur se prépare à infliger un châtiment, et s'il le retarde c'est pour une juste cause. Et le psalmiste expose cette préparation.
a) D'abord du côté de Dieu qui inflige la punition.
b) Ensuite du côté de l'homme puni ou qui reçoit la punition : Voici qu'il a enfanté l'injustice, etc.
a. Du côté de Dieu, la préparation au châtiment sera décrite en fonction de la disposition de l'homme au démérite ou au péché, car « Dieu hait également l'impie et son impiété ». Et de même que l'homme se prépare par le glaive pour lutter contre des ennemis tout proches, mais par l'arc pour combattre des ennemis éloignés ; ainsi la punition divine infligée à ceux qui semblent adhérer à lui, et qui peuvent en comprendre la raison, est appelée glaive contre ceux qui sont proches, mais arc contre ceux qui sont loin. Et c'est pourquoi Dieu ne te punit pas aussitôt, mais s'y prépare afin de te laisser le temps de te convertir. Et si vous né vous convertissez pas, il fera vibrer son glaive, c'est-à-dire vous infligera sa punition : « Fuyez donc à la face du glaive, car le vengeur des iniquités c'est le glaive, et sachez qu'il y a un jugement. » - « Sa flèche jaillira comme l'éclair. » il fera vibrer pour effrayer, et pour frapper avec plus de force ceux qui sont proches ; il frappe fortement, parce que l'homme ne se convertit que par les menaces. Valère Maxime écrit en effet : « La colère divine se manifeste peu à peu jusqu'au châtiment, mais elle compense sa lenteur par la sévérité du tourment. » Une version de Jérôme lit : « Gladium suum acuet (Il aiguisera son glaive) », c'est-à-dire préparera une condamnation plus grande : « Quand j'aurai aiguisé mon glaive comme l'éclair, et que ma main aura saisi un jugement, j'exercerai ma vengeance sur mes ennemis. » - « Car je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive. Car je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère et la belle-fille de sa belle-mère. » D'après la Glose, le glaive de Dieu c'est le Christ. L'acte de vibrer est donc la menace de la géhenne dont sont frappés les impies, comme sous la vengeance de celui-ci : « En ce jour-là le Seigneur visitera, avec son glaive dur et grand et fort, Léviathan, serpent levier, Léviathan, serpent tortueux, et il tuera le grand poisson qui est dans la mer. » Il se prépare aussi par l'arc, comme pour viser ceux qui sont éloignés ; c'est pourquoi il dit : il a tendu son arc.
- Et il parle d'abord de la préparation de l'arc.
- Ensuite des flèches : il [y] a adapté. - Celui qui prépare son arc commence par le tendre, ensuite il l'ajuste avec la main. Au sujet de la préparation de l'arc il dit : son arc, c'est-à-dire la punition divine, comme s'il punissait à l'improviste. Et concernant son ajustement : et il l'a préparé. - « Car Tophet est préparée depuis hier, par le roi préparée, profonde et étendue », c'est-à-dire pour punir.
- Puis il traite de la préparation des flèches : Et il [y] a adapté, etc.
· Et il fait d'abord mention des flèches elles-mêmes.
· Ensuite il dit comment il fixe sur elles quelque chose de plus nuisible, par exemple du feu ou du poison.
· Ainsi dit-il : Et sur [celui-ci], c'est-à-dire sur l'arc, il a adapté des objets, c'est-à-dire des instruments, de mort, c'est-à-dire donnant la mort : « L'instrument de mort de chacun était dans sa main. » il a rendu ses flèches brûlantes, car il y a là un effet combustible qui symbolise le châtiment du feu éternel ; mais d'après l'hébreu on lit cette version : Il a préparé ses flèches contre ceux qui me persécutent. » Par cet arc, selon Augustin dans la Glose, il faut entendre la Sainte Écriture. Il est écrit dans le livre de Job : « Mon arc reprendra sa vigueur dans sa main. » Cet arc est tendu puisque la rigueur de l'Ancien Testament est tempérée par le Nouveau Testament. Il est préparé lorsqu'il est déployé. Et il [y] a adapté des [instruments] de mort. Les instruments de mort peuvent se comprendre de deux manières : ou bien dans un sens positif, ou bien dans un sens négatif. Dans un sens négatif, ce sont les hérétiques, qui, en s'appuyant sur la Sainte Écriture, préparent la mort aux âmes innocentes ; et ainsi il dit : il a préparé, c'est-à-dire il a permis que soient préparés des instruments de mort : « Il les a fait errer dans un lieu sans chemin frayé, et non dans une voie. » il a préparé (effecit), à savoir il a façonné de l'extérieur (extra fecu), c'est-à-dire il a placé en évidence ses fi èches, ses pensées pénétrantes : « Les flèches aiguës de celui qui est puissant. » Ou bien dans un sens positif, les instruments de mort, c'est ce que l'Apôtre dit à l'égard des désobéissants : « Nous sommes pour certains une odeur de mort qui conduit à la mort. » Et le Seigneur a rendu ses apôtres aptes à brûler par le feu de la charité : « Élie se leva comme un feu, et sa parole était enflammée comme un flambeau. »
15 Voici qu'il a enfanté l'injustice, il a conçu la douleur, et a mis au monde l'iniquité. 16 Il a ouvert un abîme, et il l'a creusé ; et il est tombé dans la fosse qu'il a faite. 17 Sa douleur retournera sur sa tête, et sur le haut de sa tête son iniquité descendra.
b) Ensuite lorsqu'il dit : voici, il traite de la préparation du châtiment envisagé du côté de l'homme qui doit être puni. À cet égard il mentionne deux choses :
- Sa progression vers le péché qui l'expose à la punition.
- Et ensuite l'application du châtiment : Il a ouvert un abîme.
- Trois choses contribuent à la croissance du péché : le mauvais propos, la tentative et l'effet. Et ainsi les ennemis de David avaient d'abord conçu leur mauvais dessein, mais ce qui n'était d'abord qu'une tentative, ils le mirent aussi à exécution par la suite. Or le propos peut être comparé à la conception, la tentative à la parturition, l'effet à l'accouchement. Et c'est pourquoi il dit : Voici qu'il a enfanté, c'est-à-dire s'est efforcé de pratiquer l'injustice, contre le prochain, il a conçu la douleur, comme l'écrivent Jérémie : « Ils se sont fatigués à mal agir », Isaïe : « Ils ont conçu la peine et ils ont enfanté l'iniquité » et Jacques : « La convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché. » Or il a mis au monde l'iniquité conçue, car Absalom et Achitophel, ainsi que leurs complices, s'étaient emparés de Jérusalem.
- un abîme. Il traite ici du châtiment.
· Et il expose d'abord une métaphore.
· Puis il l'explique : Sa douleur retournera, etc.
· Les chasseurs posent des pièges pour capturer les loups dans des fosses. Les ennemis eux aussi usent de stratagèmes pour capturer des hommes ; et cela se fait par trahison, aussi le châtiment est-il assimilé à une fosse. Chez les Hébreux le mot « fosse » est désigné sous le vocable de lacus (lac ou citerne) : « Toi aussi par le sang de ton alliance tu as fait sortir tes prisonniers d'un lac qui est sans eau. » Lacus signifie donc une fosse profonde, et il a ouvert, c'est-à-dire imaginé une tromperie ; il a creusé, en pensant profondément, et en l'achevant il y tomba, car il pensait tuer et il fut tué : « Ils ont creusé une fosse devant ma face et ils y sont tombés. »
· Et il explique cette métaphore. Pourquoi dit-il, devant ma face ? Parce que la douleur retournera, etc. Puisqu'ils ont conçu la douleur, la douleur retournera sur sa tête, c'est-à-dire l'iniquité qu'il a engendrée descendra sur le haut de sa tête. - « Son iniquité pèsera sur lui. »
18 Je louerai le Seigneur selon sa justice, et je psalmodierai le nom du Seigneur Très-Haut.
III. Je louerai. Ici commence la troisième partie du psaume dans laquelle le psalmiste expose son action de grâce. selon sa justice, car le mérite a précédé : « Son oeuvre est louange et magnificence. » Et je psalmodierai avec le psaltérion : « Entonnez un psaume, et faites entendre le tambourin, le psaltérion harmonieux avec la harpe. »