1 Pour la fin. Pour les pressoirs. Psaume de David pour lui-même.
2 Seigneur, notre Seigneur, que ton nom est admirable par toute la terre ! Parce que ta magnificence est élevée au-dessus des cieux.
3 De la bouche des enfants et des nourrissons, tu as parfait ta louange, à cause de tes ennemis, afin que tu détruises l'ennemi et le vengeur.
4 Parce que je verrai tes cieux, ouvrages de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as fondées.
5 Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme pour que tu le visites ?
6 Tu l'as abaissé un peu au-dessous des anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur.
7 Et tu l'as établi sur les ouvrages de tes mains. 8 Tu as soumis sous ses pieds toutes choses ; toutes les brebis et les boeufs, et en outre les animaux des champs ; 9 les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer qui parcourent en tous sens les sentiers de la mer.
10 Seigneur, notre Seigneur, que ton nom est admirable par toute la terre.
Plus haut le psalmiste a exposé un psaume dans lequel David priait à cause de sa persécution ; ici il expose un psaume d'action de grâce : et tout au début il a mis un psaume 2 mentionnant les bienfaits accordés au genre humain tout entier. Puis un autre décrivant les bien faits accordés à David dans la destruction de ses ennemis, ou d'autres biens qui lui ont été prodigués. Enfin le psaume précédent exprime son action de grâce pour les maux qui lui ont été ôtés : « Je te louerai.»
1 Pour la fin. Pour les pressoirs. Psaume de David.
Ainsi donc ce psaume exprime le sentiment de l'homme qui considère les bienfaits de Dieu accordés au genre humain, et qui en rend grâce. Son titre est : Pour la fin. Pour les pressoirs. Psaume de David. Puisque la première partie du titre a été commentée plus haut, je m'en tiendrai ici uniquement à l'explication des derniers mots : « Pro torcularibus (Pour les pressoirs). ». À ce propos il faut considérer avec attention ce que rapporte le livre du Deutéronome. Il y est écrit : « Tu célébreras aussi la solennité des Tentes pendant sept jours, quand tu auras recueilli de l'aire et du pressoir tes fruits des champs. » Il faut savoir en effet que David avait une piété particulière à l'égard de la célébration des fêtes, et qu'il faisait quelque chose de spécial pour louer Dieu. Or la fête des Tentes était la principale. Et cette fête se célébrait au cours des vendanges, afin de rappeler un bienfait divin : lorsque le Seigneur fit sortir d'Égypte les fils d'Israël qui vivaient sous tente, et qu'il les introduisit dans la terre promise, terre qui donnait du fruit ; et c'est pourquoi il fallait qu'ils aient des fruits très beaux, au moment des vendanges. Aussi dit-il : Pour les pressoirs. Tel est le sens littéral.
Mais au sens spirituel, pressoir signifie l'Église : « Il a planté une vigne choisie, et il y construisit un pressoir. » - « Il planta une vigne et l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour. » Cependant le psalmiste dit : Pour les pressoirs, c'est-à-dire pour les Églises du monde entier ; et l'Église est appelée pressoir, car de même que le vin est séparé du marc de raisin, ainsi dans l'Église, les bons sont séparés des méchants par le soin des ministres ; et si la séparation ne se fait pas toujours par un changement de lieu, elle s'opère cependant par la divergence du sentiment. Pour la même raison, on parle aussi de l'aire ; car la séparation du grain se fait à partir des pailles. De même, on peut dégager de ces paroles exposées selon le sens littéral leur sens spirituel. On peut dire aussi que les pressoirs signifient le martyre, au cours duquel se produit la séparation des corps et des âmes ; tandis que les corps des martyrs, qui sont foulés aux pieds par le tourment et la persécution pour le nom du Christ, demeurent en lambeaux sur la terre, leurs âmes s'envolent vers le repos dans les demeures célestes.
Ce psaume se divise en deux parties.
I) Le psalmiste admire d'abord l'excellence divine.
II) Puis sa clémence : 1 Qu'est-ce que l'homme, etc.
I. Concernant l'excellence divine le psalmiste expose deux choses.
A) Il montre d'abord que la majesté de Dieu est admirable.
B) Ensuite qu'elle est manifeste : De la bouche des enfants.
2 Seigneur, notre Seigneur, que ton nom est admirable par toute la terre! Parce que ta magnificence est élevée au-dessus des cieux.
À En montrant que la majesté de Dieu est admirable il fait deux choses :
1) Il dit d'abord que celle-ci est admirable.
2) Puis il en fait connaître la raison : Parce [qu'elle] est élevée.
1. Ainsi dit-il : Seigneur de toutes choses. « Tu es le Seigneur de toutes choses », mais particulièrement notre Seigneur, nous qui t'honorons, qui adhérons à toi. Une version de Jérôme lit : « Dominator noster (Notre Maître). » - « Je ne régnerai point sur vous, ni mon fils, mais le Seigneur régnera sur vous. »
Que ton nom est admirable, etc., c'est-à-dire ta divinité : « Admirables sont les soulèvements de la mer ; admirable est le Seigneur dans les cieux. » - « Pourquoi cherches-tu à savoir mon nom, qui est admirable ? » Il s'agit aussi du Christ incarné : « Son nom sera appelé Admirable. » Mais est-ce seulement en Judée comme le disent les Juifs, ou bien en Afrique comme l'affirment les donatistes ? Non, mais par toute la terre. - « Depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, grand est mon nom parmi les nations. »
2. La raison de son admiration, le psalmiste l'expose par ce qui suit : Parce que ta magnificence est élevée, car ta grandeur se manifeste dans les cieux. L'admiration a lieu lorsque quelqu'un voit l'effet d'une réalité, mais en ignore la cause. Or il y a deux raisons pour lesquelles une cause est digne d'admiration : ou bien parce qu'elle est totalement ignorée, ou bien parce qu'elle ne produit pas un effet révélant parfaitement la cause. Il faut dire avant tout que cela ne se conçoit pas en Dieu, puisque c'est lui qui produit l'effet : « Les perfections invisibles de Dieu, rendues compréhensibles depuis la création du monde par les choses qui ont été faites, sont devenues visibles aussi bien que sa puissance éternelle et sa divinité. » Il produit, dis-je, un effet, mais en ne manifestant pas parfaitement la cause, et c'est pourquoi son action demeure digne d'admiration ; c'est bien ce que le psalmiste dit : ta magnificence, c'est-à-dire ta louange ou ta puissance qui peut accomplir de grandes choses, est élevée au-dessus des cieux, c'est-à-dire dépassant sans proportion la création des cieux. Aussi le psalmiste écarte-t-il l'erreur de ceux qui disent que Dieu est la forme du ciel, car selon cette opinion il serait à la dimension des cieux. De même, il exclut l'erreur de ceux qui affirment qu'il agit sous la contingence de la nature, car il ne s'étendrait pas au-delà des cieux ; alors que de manière illimitée il peut créer quelque chose de plus grand. Ou bien : au-dessus des cieux, c'est-à-dire des Écritures, car il est au-delà des éloges des Écritures : « Glorifiez le Seigneur autant que vous le pouvez, car sa gloire l'emportera encore, et admirable est sa magnificence. » Ou bien : ta magnificence, c'est-à-dire ton Fils Dieu fait homme, est élevée, dans son ascension, au-dessus des cieux. - « Celui qui est descendu, c'est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux. »
3 De la bouche des enfants et des nourrissons, tu as parfait ta louange, à cause de tes ennemis, afin que tu détruises l'ennemi et le vengeur.
B. Ensuite lorsqu'il dit : De la bouche, il montre que la majesté de Dieu est tout à fait manifeste>
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Et il montre d'abord sa manifestation.
2) Ensuite il en donne la raison : Parce que je verrai
1. Que la majesté de Dieu est manifeste, le psalmiste le prouve, car il est clair qu'elle est donnée à tous, aussi simples qu'ils soient, comme émanant d'une connaissance naturelle. Car il y a deux genres d'hommes qui suivent leur instinct naturel et droit, ce sont les simples et les sages. Que les sages connaissent Dieu, cela n'a rien d'extraordinaire, mais pour les simples ce l'est assurément. Il en est cependant qui pervertissent leur instinct naturel, et ces derniers rejettent la connaissance de Dieu : « Ils n'ont pas su », c'est-à-dire ils ont voulu ignorer, « ni compris, ils marchent dans les ténèbres ; tous les fondements de la terre seront ébranlés. »
- « Ils dirent à Dieu : Détourne-toi de nous ; nous ne voulons pas connaître tes voies. » Or Dieu fait en sorte que par ceux-ci, c'est-à-dire par les simples qui suivent leur instinct naturel, soient confondus ceux qui pervertissent leur instinct naturel. Par les enfants sont signifiés les simples : « Comme des enfants nouveau-nés, désirez ardemment un lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut. » Ainsi dit-il : admirable en vérité est ton nom, et à tel point que tu as parfait ta louange de la bouche des enfants et des nourrissons, toi qui les incites intérieurement à cela ; et ce à cause de tes ennemis, eux qui s'opposent à ta science et à ta connaissance : « Il en est beaucoup qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ. » afin que tu détruises l'ennemi et le vengeur, c'est-à-dire n'importe quel persécuteur. Ou bien Pharaon qui veut se venger contre celui qui confesse ton nom : « Ruinant les plans et tout rempart se dressant contre la science de Dieu. » Ou bien un tyran qui combat ton saint nom par les armes : « Afin qu'en faisant le bien vous réduisiez au silence l'ignorance des hommes insensés. » Le Christ fit cela. En effet, lorsqu'on l'interroge à propos des enfants des Hébreux, dans Matthieu, le Christ répond qu'une louange parfaite sortait des paroles de ceux qui le louaient sous l'inspiration du Saint-Esprit, et cela tout en donnant l'impression qu'ils agissaient d'une manière puérile. Cela a lieu lorsque les simples reconnaissent Dieu, et que les autres pervertissent l'amour de la connaissance naturelle, afin de ne pas connaître Dieu lui-même. Cela a lieu aussi chez les apôtres qui « étaient sans instruction et du commun. » - « Montrez-vous simples comme des colombes » et « comme des brebis au milieu des loups » ; et ils détruisirent tous les ennemis du Christ : « Ce qu'il y a de fou dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre les sages, et ce qu'il y a de faible dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre les forts. »
4 Parce que je verrai tes cieux, ouvrages de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as fondées.
2. Ensuite le psalmiste ajoute la raison de cette manifestation en disant : Parce que. Cicéron rapporte dans son ouvrage sur la Nature des dieux - Aristote l'a dit aussi, bien qu'on ne puisse trouver cette citation dans les ouvrages que nous possédons de lui - que si un homme entrant dans un palais voit qu'il est bien arrangé, tout en ne voyant pas comment il a été construit, il ne peut s'empêcher, à moins d'être fou, de percevoir qu'il a été aménagé par quelqu'un. Quant à nous, nous entrons dans le monde, et nous ne voyons pas comment il a été créé ; mais par le fait même qu'il a été si bien ordonné, nous devons saisir qu'il a été créé par quelqu'un. Et l'ordonnance des corps célestes montre spécialement cela. Certains se sont trompés en attribuant les causes des choses à la nécessité de la matière ; aussi disent-ils que toutes les choses ont été faites pour le chaud et le froid, le sec et l'humide, selon que les éléments s'y adaptèrent. Mais si cela peut être vraisemblable pour les autres corps, cependant ce ne l'est en aucune manière pour les corps célestes ; car ils ne peuvent être attribués à la nécessité de la matière, puisqu'ils sont si éloignés l'un de l'autre, et qu'ils achèvent leur cours avec un temps aussi grand. Mais il convient de ramener cela à la cause intelligible. Et c'est pourquoi l'Écriture, lorsqu'elle veut manifester la puissance de Dieu, nous ramène à la considération des cieux : « Levez vos yeux là-haut, et regardez : Qui a créé ces choses ? » Aussi le psalmiste dit-il : Parce que je verrai tes cieux, ouvrages de tes doigts. Et il dit : ouvrages de tes doigts pour trois raisons :
a. Car ce que nous faisons avec les doigts, nous l'accomplissons avec attention et avec précision. Et les observations que l'on doit faire à propos des corps célestes, ne sont ramenées qu'à une cause intelligible, aussi dit-il : ouvrages de tes doigts.
- « Il a fait les cieux avec intelligence. »
b. Ou bien il répond à ce qu'il dit : est élevée. Lorsque quelqu'un soulève ce qui est lourd, il courbe l'épaule, mais quand il soulève ce qui est léger, il se sert des doigts ; aussi dit-il : ouvrages de tes doigts, comme si ce lui était léger de créer les cieux : « Qui a soutenu de trois doigts la masse de la terre et pesé les cieux dans la paume de la main ? »
c. Ou bien ce que nous faisons avec les doigts sont des ouvrages subtils. Donc afin de montrer que ces ouvrages sont plus subtils que les autres, il dit : ouvrages de tes doigts, etc. Mais il nomme la lune et non le soleil, à cause des Gentils qui croyaient que cet astre était le Dieu souverain ; et c'est pourquoi il mentionne spécialement la lune et les étoiles qui manifestement ne causent pas d'erreur : « La beauté du ciel, c'est l'éclat des astres, le Seigneur illuminant le monde du plus haut des cieux. »
Au sens mystique, les ouvrages de tes doigts, ce sont les apôtres ou les Écritures. Les trois doigts ce sont les trois personnes, autrement dit : les oeuvres de la Trinité tout entière ou du Saint-Esprit. la lune, c'est l'Église, les étoiles, les docteurs. Et c'est Dieu qui les a faits.
5 Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme pour que tu le visites ?
II. Plus haut le psalmiste a admiré l'excellence de la majesté divine, et à présent il commémore deux bienfaits divinement concédés aux hommes. Puis il est amené à conclure ce psaume sur la louange : 10 Seigneur, notre Seigneur, etc.
En commémorant ces bienfaits divins il expose trois choses.
A) Il montre d'abord la clémence de Dieu à l'égard des hommes, par rapport aux réalités qui sont au-dessus des hommes.
B) Ensuite par rapport au premier homme : tu l'as couronné de gloire et d'honneur.
C) Enfin par rapport aux réalités qui sont au-dessous de l'homme : Et tu l'as établi sur les oeuvres de tes mains.
A. Au-dessus de l'homme il y a deux natures, à savoir la nature divine et la nature angélique.
1) Il expose donc d'abord les bienfaits reçus en relation avec Dieu.
2) Ensuite en relation avec les anges : Tu l'as abaissé.
1. En relation avec Dieu, il expose en premier lieu ce qui concerne les bienfaits naturels, ensuite les bienfaits gratuits.
Et au sujet des bienfaits naturels, il mentionne encore deux choses.
a) Il expose d'abord l'attention spéciale de Dieu vis-à-vis de l'homme.
b) Puis sa familiarité spéciale avec l'homme : ou le fils de l'homme.
a. Il est étonnant que parmi les grandes créatures quelqu'un s'unisse avec une familiarité spéciale à une petite créature ; et c'est pourquoi le psalmiste rappelle la petitesse de l'homme dans la création : Qu'est-ce que l'homme, une si petite chose ? - « L'homme né de la femme. » Et plus loin : « L'homme est pourriture, et le fils de l'homme un vermisseau. » Ensuite il rappelle sa petitesse quant à son origine, car il est aussi méprisable : « Qui peut concevoir quelque chose de pur à partir d'une semence impure ? N'est-ce pas toi qui es le seul ? » Et encore : « Ne m'as-tu pas coulé comme du lait ? »
b. Aussi le psalmiste dit-il : ou le fils de l'homme ? Mais à celui qui est si petit, si méprisable il dit que Dieu fait deux choses, c'est-à-dire qu'il se souvient de lui, et qu'il le visite. La première chose concerne la sollicitude. La seconde concerne la familiarité particulière. Et c'est une manière de parler. C'est comme un artisan qui aurait fabriqué des ouvrages imposants, et parmi ceux-ci un ouvrage de moindre importance, par exemple une aiguille, et qu'après avoir fabriqué cette aiguille, il montre qu'il en a la science. Mais que dans l'ordonnance de ses ouvrages il se soucie de cette aiguille, ce serait très étonnant ; et c'est pourquoi le psalmiste dit : Qu'est-ce que l'homme, pour que parmi les grandes créatures tu te souviennes de lui ? - « Ne dis pas : Je me cacherai de Dieu ; et de là-haut qui songera à moi ? En pleine foule je ne serai pas connu, car qu'est-ce que mon âme dans une telle immensité de créatures ? » Car dans ta petitesse Dieu ne t'oublie pas.
Mais en quoi cela est-il grand ? Dieu en effet se soucie de tous : « Car il n'y en a pas d'autre que toi, qui ait le souci de tous. »
On répondra à cette objection en disant que Dieu se soucie spécialement de l'homme, c'est-à-dire que ses actes seront rémunérés au jour du jugement : « Et tu juges digne d'ouvrir tes yeux sur un tel être et de l'appeler avec toi en jugement ? »
De même il ne se soucie pas seulement de l'homme, mais il est dans la familiarité avec lui ; et c'est pourquoi le psalmiste dit : pour que tu le visites. Seule la nature douée de raison est capable de Dieu, en connaissant et en aimant. Donc dans la mesure où Dieu se rend présent à nous par l'amour ou la connaissance, il nous visite : « Ta visite a gardé mon souffle. » Ainsi donc il y a une grande clémence de Dieu dans sa relation avec l'homme.
6 Tu l'as abaissé un peu au-dessous des anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur,
2. Mais ensuite le psalmiste traite de ce bienfait divin concédé à l'homme en comparaison avec les anges, dont il est proche : Tu l'as abaissé un peu au-dessous des anges. Chez les anges, l'image de Dieu se découvre par un simple regard sur la vérité, sans le recours à l'investigation ; mais chez l'homme cela se fait par le raisonnement, et c'est pourquoi il y a une petite ressemblance avec l'homme. De là vient que les hommes sont appelés anges : « Ils chercheront la loi de sa bouche, car il est l'ange du Seigneur des armées. » L'homme est aussi corruptible, mais pour peu de temps ; car l'homme une fois dans la Patrie connaîtra toutes choses sans avoir recours au raisonnement, et il sera corporellement incorruptible : « Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité. »
B. Puis il montre la clémence de Dieu à l'égard de l'homme, en comparaison avec l'homme lui-même : tu l'as couronné de gloire et d'honneur, etc. Être couronné équivaut à recevoir la royauté. Dieu a établi l'homme comme roi des créatures inférieures et il est gloire, c'est-à-dire clarté de l'image divine ; et c'est une couronne de l'homme : « L'homme est l'image et la gloire de Dieu. » - « La lumière de ton visage a été gravée sur nous, Seigneur. » Mais celui-là est honoré qui n'est soumis à personne. Or l'homme n'est soumis à aucune créature corporelle naturelle quant à son âme, ni au moment de son entrée dans le monde, ni au cours de sa vie. Ni au moment de son entrée dans le monde, car son âme n'est pas créée par une créature, et elle agit librement. Elle ne périt pas non plus avec son corps, et c'est en cela que consiste l'honneur de l'homme ; aussi est-il écrit : « Ils n'ont pas jugé l'honneur des âmes saintes. Car Dieu a créé l'homme inexterminable, et c'est à l'image de sa ressemblance qu'il l'a fait. »
- « L'homme, alors qu'il était en honneur, n'a pas compris, il fut comparé aux bêtes sans raison et fut fait semblable à elles. »
7 Et tu l'as établi sur les ouvrages de tes mains. 8 Tu as soumis sous ses pieds toutes choses ; toutes les brebis et les boeufs, et en outre les animaux des champs ; 9 les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer qui parcourent en tous sens les sentiers de la mer.
C. Ensuite lorsqu'il dit : tu l'as établi, il expose la clémence de Dieu à l'égard de l'homme en relation avec les créatures qui sont au-dessous de l'homme, car Dieu a voulu que l'homme ait une domination sur ces créatures inférieures. Et à cet égard le psalmiste expose trois choses.
1) Il expose d'abord cette domination.
2) Ensuite le pouvoir de dominer : Tu as soumis toutes choses.
3) Enfin l'énumération de ceux qui lui sont soumis : les brebis et les boeufs.
1. Ainsi dit-il : du fait que l'homme est roi, tu lui as donné la domination sur les ouvrages de tes mains. - « Qu'il exerce son pouvoir sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux du ciel, et sur les bêtes de la terre, et sur le reptile qui rampe sur la terre. » Cette domination, il la tient en vertu de sa raison, parce qu'elle surpasse tous les animaux, et c'est pourquoi aussitôt après avoir dit : de gloire et d'honneur, il ajoute : tu l'as établi, c'est-à-dire tu lui as donné la domination. Mais remarquez que le psalmiste dit que l'homme a l'autorité sur les ouvrages des mains, non des doigts, parce qu'ils ne sont pas subtils comme les cieux qui sont les ouvrages des doigts. L'homme ne peut pas se les soumettre.
2. Et c'est pourquoi le psalmiste fait connaître ensuite son pouvoir de dominer. Tu as soumis, dit-il, toutes choses, afin que l'homme préside et domine par signe. Cela est attesté dans le livre de la Genèse, ou Dieu amena tous les animaux à Adam. Et cette soumission fut totale avant le péché ; mais certains animaux opposent maintenant de la résistance à cause du châtiment dû au péché.
3. Enfin lorsqu'il dit : les brebis et les boeufs, etc., il énumère les créatures qui lui sont soumises ; et il mentionne les animaux tout en pensant aussi aux plantes. Mais parmi les animaux certains sont soumis selon toute leur espèce, à savoir les animaux apprivoisés et domestiques selon leur nature, c'est-à-dire les brebis et les boeufs. Et le psalmiste dit cela au féminin : « universas (toutes) », car le bétail est surtout composé de vaches et de brebis. Il y en a d'autres qui ne sont pas soumis selon toute leur espèce, et certains d'entre eux peuvent marcher ; et à ce propos il dit : et en outre les animaux des champs, etc., c'est-à-dire les sangliers, les cerfs, et les animaux du même genre. Certains sont volatiles, c'est-à-dire les oiseaux, et d'autres nagent comme il en est des poissons. Ces ouvrages peuvent aussi se rapporter aux bienfaits de la grâce, et alors en ceux-ci sont énumérés tous les mystères du Christ.
a. D'abord celui de l'Incarnation : Qu'est-ce que l'homme ? Le psalmiste traite de deux choses, à savoir de la cause de l'Incarnation et de l'Incarnation elle-même.
Et il dit : Qu'est-ce que l'homme ? Dieu semblait en effet avoir oublié l'homme lorsqu'il le chassa du paradis. Il s'en souvient en quelque manière lorsqu'on fait appel à lui dans ce verset du psaume 105 : « Souviens-toi de nous, Seigneur, de la bienveillance pour ton peuple, visite-nous en ton salut. »
Et d'où l'Incarnation, car le Seigneur visite son peuple ; et c'est pourquoi le psalmiste dit : ou le fils de l'homme, etc. Car bien que Dieu ait visité le genre humain tout entier, il visite spécialement cet homme assumé dans l'union hypostatique. - « Ce n'est pas à des anges qu'il vient en aide, mais à la postérité d'Abraham. »
b. Le deuxième mystère est celui de la passion : Tu l'as abaissé à cause de la Passion : « Mais celui qui a été un moment abaissé au-dessous de l'ange, Jésus, nous le voyons, à cause de la mort qu'il a soufferte, couronné de gloire et d'honneur, ayant par la grâce de Dieu goûté de la mort pour tous. » En hébreu on lit cette version : Et tu l'abaisseras un peu au-dessous de Dieu », car le Christ est uni à Dieu dans l'unité de sa personne, mais il est au-dessous de Dieu à cause de la passibilité qu'il a assumée.
c. Le troisième mystère est le bienfait de la Résurrection dans l'honneur témoigné aux apôtres, Résurrection qui est mentionnée dans le prolongement de la Passion : « Afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse aux cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père. » - « Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. »
d. Le quatrième mystère est celui de l'Ascension : tu l'as établi, etc. - « L'établissant à sa droite au-dessus de toute principauté et puissance, de toute vertu, de toute domination et de tout nom qui est nommé non seulement dans ce siècle, mais aussi dans le futur. »
e. Le cinquième mystère est sa venue au Jugement dernier : Tu as soumis toutes choses, etc., c'est-à-dire tu l'as établi juge sur toutes choses : « À présent nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient soumises », mais alors toutes choses seront soumises sous ses pieds, c'est-à-dire sous son humanité, car « la tête du Christ, c'est Dieu. » Et ses pieds représentent son humanité : « Il lui a donné le pouvoir d'exercer le jugement. » Et au jugement certains seront jugés bons ; et parmi eux figurent des sujets représentés par les brebis : « Ceux-ci, qui sont les brebis, qu'ont-ils fait ? » D'autres sont des dignitaires de l'Église, et ces derniers sont représentés par les boeufs : « Où abondent les moissons, on voit la force des boeufs. » D'autres seront jugés mauvais, et ils sont de trois sortes : « Tout ce qui est dans le monde, est ou bien concupiscence des yeux, ou bien concupiscence de la chair, ou encore orgueil de la vie. »
- Et il mentionne d'abord les voluptueux ; et ce sont les brebis et les boeufs, et en outre les animaux des champs, car ils s'adonnent aux plaisirs de manière bestiale : « Les bêtes de somme ont pourri dans leur ordure, les greniers ont été démolis et les granges dévastées, parce que le blé a fait défaut. » Le psalmiste dit cela, parce qu'ils marchent sur une voie large.
- Ensuite il mentionne les orgueilleux ; ce sont les oiseaux : « Une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux du ciel la mangèrent. »
- « Les oiseaux les dévoreront avec la morsure la plus cruelle. »
- Enfin il mentionne les cupides 16 qui parcourent en tous sens les sentiers de la mer, au sens littéral, ou bien du monde : « Les impies rôdent de toutes parts. » - « J'ai fait le tour de la terre et je l'ai parcourue en tous sens. »
10 Seigneur, notre Seigneur, que ton nom est admirable par toute la terre.
De même que Dieu est admirable par la grandeur de sa majesté, ainsi l'est-il aussi par sa clémence ; et c'est pourquoi le psalmiste conclut sur l'admiration : Seigneur, notre Seigneur, que ton nom est admirable par toute la terre. Cependant il faut savoir que ce psaume est « circulaire », puisqu'il comprend le même verset au début et à la fin. Certains psaumes sont « semi-circulaires », puisqu'ils ne répètent pas tout le verset, mais une partie seulement, par exemple : « Bénis, mon âme, le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom », et la conclusion : « Dans tous les lieux de sa domination, bénis, mon âme, le Seigneur. »