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COMMENTAIRE DU PSAUME 27

Psaume par David lui-même.

1 Vers toi, Seigneur, je crierai ; mon Dieu, ne garde pas le silence en t'éloignant de moi, de peur que si tu te tais, en t'éloignant de moi, je ne devienne semblable à ceux qui descendent dans la fosse.

2 Exauce, Seigneur, la voix de ma supplication, lorsque je te prie, lorsque j'élève mes mains vers ton temple saint.

3 Ne m'entraîne pas en compagnie des pécheurs, et ne me perds pas avec ceux qui opèrent l'iniquité qui parlent de paix avec leur prochain, et qui ont le mal dans leurs coeurs.

4 Donne-leur, selon leurs oeuvres et selon la méchanceté de leurs intentions : accorde-leur, selon les oeuvres de leurs mains ; rends-leur leur salaire.

5 Parce qu'ils n'ont pas compris les oeuvres du Seigneur, l'ouvrage de ses mains, tu les détruiras et tu ne les rétabliras pas.

6 Que le Seigneur soit béni, parce qu'il a exaucé la voix de ma supplication.

7 Le Seigneur est mon aide et mon protecteur, en lui a espéré mon coeur, et j'ai été aidé. Et ma chair a refleuri, et de toute mon âme je lui rendrai grâce.

8 Le Seigneur est la force de son peuple, et le protecteur des saluts de son oint.

9 Sauve ton peuple, Seigneur, et bénis ton héritage ; dirige-les et élève-les jusque dans l'éternité.

Psaume par David lui-même.

1 Vers toi, Seigneur, je crierai ; mon Dieu, ne garde pas le silence en t'éloignant de moi, de peur que si tu te tais, en t'éloignant de moi, je ne devienne semblable à ceux qui descendent dans la fosse.

Dans le psaume précédent le psalmiste montre la confiance qui lui vient de Dieu ; mais ici, afin de ne pas défaillir dans sa confiance, il ajoute un psaume de prière. Son titre est : Psaume par David lui-même. Au sens littéral on dit que certains psaumes concernaient la personne de David, entre autres ce dernier qui semble concerner David lui-même. Ou bien, par David, parce qu'il l'avait composé lui-même, et qu'il l'avait chanté en personne ainsi que d'autres psaumes. Au sens mystique ce psaume n'est pas intitulé par David lui-même de manière figurée, mais bien par le vrai David, c'est-à-dire par le Christ. Or, au sens mystique, il est question dans ce psaume de la prière du Christ au Père en tant qu'il est libéré de ses mauvais traitements.

Le psalmiste traite de trois choses dans ce psaume.

I) Il commence par demander d'être exaucé.

II) Ensuite il expose sa demande 3 Ne m'entraîne pas.

III) Enfin il expose son action de grâces : 6 Que le Seigneur soit béni.

I. Il demande d'être exaucé pour deux raisons

A) D'abord en raison d'un danger imminent.

B) Puis en raison de sa dévotion Exauce, Seigneur.

A. À propos du danger imminent il fait trois choses :

1) Il montre d'abord que son intention de prier est incessante.

2) Ensuite il demande d'être exaucé Ne garde pas le silence.

3) Enfin il expose le péril imminent : de peur que si tu te tais.

1. Il montre la première chose lorsqu'il dit : Vers toi, Seigneur, je crierai, non une fois pour toutes, mais continuellement : « Il faut toujours prier. » - « Priez sans cesse. »

2. Ensuite il demande d'être exaucé : mon Dieu, ne garde pas le silence. On a coutume de dire que lorsque quelqu'un exauce celui qui prie, il lui répond. Ainsi donc Dieu semble répondre lorsqu'il satisfait au voeu de celui qui prie : « Tu m'appelleras, et moi je te répondrai. » Donc ne garde pas le silence, c'est-à-dire ne me retire pas ta réponse : « Ma justice répondra demain pour toi. »

3. Il montre enfin le péril imminent de peur que si tu te tais, en t'éloignant de moi. L'homme parfait, s'il est laissé à lui-même, s'affaiblit : « Ta perte vient de toi, Israël c'est seulement en moi qu'est ton secours. » Car si parfois tu te tais en ne m'exauçant pas, je deviens semblable à ceux qui descendent dans la fosse, c'est-à-dire en enfer : « Mais cependant tu seras traîné dans l'enfer, au profond de la fosse. » - « Ma vie est tombée dans la fosse ». « Une version de Jérôme lit : « Ne te tacente assimiler (De peur que si tu te tais je ne sois semblable). » Mais au sens mystique, selon la Glose, il parle dans la personne du Christ qui, en tant qu'homme, crie afin de ne pas être délaissé dans sa divinité ; et il dit : ne garde pas le silence, c'est-à-dire ne me délaisse pas dans la passion. Sans quoi je deviendrais semblable aux autres hommes qui descendent dans la fosse, comme le pensent mes ennemis : « J'ai été regardé comme ceux qui descendent dans une fosse. »

2 Exauce, Seigneur, la voix de ma supplication, lorsque je te prie, lorsque j'élève mes mains vers ton temple saint.

B. L'autre raison est que la dévotion de celui qui prie demande d'être exaucée. Or cette dévotion consiste en deux choses : dans les dispositions intérieures du coeur, et dans les oeuvres extérieures.

1. Dans les dispositions intérieures car Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent être spirituels : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » ; et c'est pourquoi il dit : Exauce ma supplication, lorsque je te prie.

2. Mais nous devons être révérencieux aussi dans nos actes et nos signes extérieurs, aussi dit-il : lorsque j'élève mes mains vers son temple saint. Ce qui se lit de deux manières. Ou bien au sens littéral, d'après la Glose, il était prescrit aux Juifs que partout où ils étaient, ils prieraient du côté où ils savaient que se trouvait Jérusalem. Ou bien, lorsque j'élève, c'est-à-dire lorsque je lève, mes mains vers ton temple, c'est-à-dire vers le ciel : « Le Seigneur est dans son saint temple ; le Seigneur, son trône est dans le ciel. » Donc je prierai non seulement avec la dévotion du coeur, mais je prierai aussi vers le ciel avec des signes extérieurs, et je manifesterai de la dévotion. Ou bien, lorsque j'élève, c'est-à-dire dirige vers Dieu, mes mains, c'est-à-dire mes oeuvres : « Que ma prière soit dirigée », c'est-à-dire mes oeuvres, « comme l'encens en ta présence : que l'élévation de mes mains soit un sacrifice du soir !  » Mais on peut l'appliquer au Christ : car il leva ses mains vers le temple, parce qu'il ne le condamna pas, mais en approuvant son culte il chassa les vendeurs et les acheteurs installés dans ce dernier. Ou bien, il éleva les mains sur la croix : « J'ai étendu mes mains tout le jour à un peuple incrédule », qui s'opposait à moi. vers ton temple, c'est-à-dire l'Église qui devait être édifiée par sa Passion.

3 Ne m'entraîne pas en compagnie des pécheurs, et ne me perds pas avec ceux qui opèrent l'iniquité qui parlent de paix avec leur prochain, et qui ont le mal dans leurs coeurs.

II. Ici le psalmiste expose sa demande afin de n'être pas ébranlé par la même punition que les impies ; et à cet égard il fait deux choses  :

A) Il décrit d'abord la faute.

B) Ensuite il expose le châtiment Donne-leur.

A. Il montre en premier lieu leur faute, en mentionnant leurs péchés, c'est-à-dire le mal projeté et le mal accompli. Je dis : Exauce [ma] voix, etc., ce qui signifie que c'est lorsque je prie que je suis libéré de la perdition des pécheurs ; car bien qu'en cette vie les justes vivent en compagnie des pécheurs, au jugement dernier cependant ils ne seront plus ensemble : « Il séparera les bons des méchants. » - « Discerne ma cause d'une nation qui n'est pas sainte ; délivre-moi de l'homme inique et trompeur. » - « Est-ce que tu perdras le juste avec l'impie ? » Et c'est pourquoi je demande Ne m'entraîne pas, à la damnation, c'est-à-dire en compagnie des pécheurs. Les pécheurs sont à proprement parler ceux qui pèchent par habitude, ou qui ont le propos de pécher en acte et qui le mettent à exécution. Quelqu'un commet un péché en acte de deux manières : par une injustice manifeste, et par la fraude. Et tel est celui qui parle de paix avec les autres.

À propos de l'injustice manifeste il dit ne me perds pas avec ceux qui opèrent l'iniquité. Ceux-là sont dits commettre l'iniquité, qui pratiquent manifestement l'injustice. Cependant tout péché ne se commet pas par l'injustice ; il se commet cependant en particulier en tant que le pécheur ne rend pas l'obéissance due à Dieu.

À propos de la fraude il dit : qui parlent de paix avec leur prochain. Et il mentionne deux choses : les douces paroles qu'ils ont sur leur bouche : « Par de douces paroles et des flatteries, ils séduisent les âmes simples. » - « L'homme qui parle à son ami en des ternies flatteurs et déguisés tend un filet à ses pieds. » Cependant ils ont autre chose dans le coeur ; d'où ce qui suit : et qui ont le mal dans leurs coeurs, c'est-à-dire ce qu'ils préparent pour leurs propres ennemis : Chacun « en sa bouche parle de paix avec son ami, et en cachette il lui tend des pièges. »

Toutes ces choses peuvent être appliquées au Christ, qui sur la croix « a été compté parmi les scélérats », comme l'écrit Isaïe. Mais il demande de ne pas être entraîné en même temps, c'est-à-dire pour la même cause, à savoir de ne pas être crucifié avec eux ; car leur passion ou condamnation eut lieu à cause de leur propre péché, tandis que la Passion du Christ eut lieu à cause de notre iniquité. De même, Ne m'entraîne pas dans la même fin que les pécheurs impies, c'est-à-dire dans leur propos d'effacer le nom du Christ. Et tels sont ceux qui parlent de paix avec leur prochain, et à l'égard du Christ lorsqu'ils tentaient de le surprendre dans sa parole ; mais ils ont le mal dans leurs coeurs, c'est-à-dire l'intention mauvaise : car c'est afin de surprendre, c'est-à-dire dans le but de pouvoir le saisir.

4 Donne-leur, selon leurs oeuvres et selon la méchanceté de leurs inventions : accorde-leur, selon les oeuvres de leurs mains ; rends-leur leur salaire.

B. Il est ici question de leur malheur et de leur châtiment.

1) Et il traite d'abord du châtiment proprement dit.

2) Puis de l'équité du châtiment : selon leurs oeuvres.

3) Enfin de sa perpétuité : Parce qu'ils n'ont pas compris.

1. Une double faute est mentionnée. L'une est extérieure et vient de la bouche, l'autre est intérieure et vient du coeur.

a. Et c'est pourquoi il dit à propos de la faute extérieure : Donne-leur, selon leurs oeuvres. - « Tu rendras à chacun selon ses oeuvres. » Donne, pris sous forme d'annonce, signifie : Tu donneras ; ou bien, Donne en se conformant à la justice divine : « Le juste se réjouira, lorsqu'il aura vu la vengeance. » Ou bien, si on applique cela au Christ : Toi, Seigneur Père, Donne-leur, selon leurs oeuvres, autrement dit : de ma Passion découle le bien ; mais toi, Donne-leur, c'est-à-dire aux pécheurs non selon leur fruit, mais selon leur intention qui fut mauvaise : « Car leurs oeuvres étaient mauvaises. »

b. À propos de la faute intérieure il dit : « Et selon la méchanceté de leurs inventions. » Les inventions sont des procédés imaginés pour nuire et pécher. Et ces derniers sont punis plus gravement par Dieu, mais un châtiment pareil leur est dû. Ici il procède ainsi à la lettre, aussi dit-il : « Accorde-leur, selon les oeuvres de leurs mains », car ce n'est pas sous l'effet de la contrainte qu'ils ont péché, mais en vertu de leur mauvaise volonté. C'est pourquoi leurs oeuvres sont les oeuvres de leurs mains.

2. Si on l'applique au Christ, il dit : selon les oeuvres de leurs mains ; rends-leur leur salaire, car les Juifs, quoiqu'ils n'aient pas crucifié le Christ de leurs mains, ont cependant accompli ce crime avec leur langue et leurs mains, parce qu'il eut lieu sous leur pouvoir ; c'est pourquoi le psalmiste dit : rends-leur leur salaire, c'est-à-dire de même qu'ils ont accompli ce crime avec une intention mauvaise, ainsi, toi, rétribue-les suivant leurs oeuvres mauvaises : « selon la mesure avec laquelle vous aurez mesuré, mesure vous sera faite. »

5 Parce qu'ils n'ont pas compris les oeuvres du Seigneur, l'ouvrage de ses mains, tu les détruiras et tu ne les rétabliras pas.

3. Plus haut, le psalmiste a parlé d'abord du châtiment dû aux méchants ainsi que de son équité ; ici il expose ensuite la perpétuité de son châtiment ; et il fait deux choses dans ce verset.

a) Il traite d'abord du caractère irréparable du châtiment.

b) Puis de sa cause.

a. Il faut savoir que l'homme pèche fréquemment, et que de fait il est passible d'un châtiment, mais puisqu'en vertu des nombreuses oeuvres de la justice divine l'homme est incité à la crainte, et que par les oeuvres de miséricorde, il est incité à l'espérance, il revient parfois à la repentance et guérit ; mais si par habitude il s'endurcit dans le péché, et perd l'intelligence, il n'y a pas d'espérance de salut « Parce que nul n'a l'intelligence, ils périront éternellement. » - « Aveugle le coeur de ce peuple, et rends ses oreilles sourdes, et ferme ses yeux ; de peur qu'il ne voie de ses yeux, et qu'il n'entende de ses oreilles, et que de son coeur il ne comprenne, et qu'il ne se convertisse et que je ne le guérisse. »

b. Et c'est pourquoi comme cause du caractère irréparable du châtiment il mentionne d'abord la perte de l'intelligence. Il faut savoir que toute oeuvre n'est pas appelée oeuvre des mains, mais seulement les oeuvres extérieures ; il y en a aussi d'autres qui sont des oeuvres intérieures. Ainsi en Dieu certaines oeuvres sont spirituelles, ce sont celles qu'il opère en nous : « Seigneur, tu as opéré toutes nos oeuvres en nous. » D'autres sont matérielles, comme les cieux. Semblablement pour le Christ, ses oeuvres spirituelles sont le salut des fidèles, tandis que ses oeuvres matérielles sont ses miracles : « Ces oeuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi. » Et c'est pourquoi il dit : Parce qu'ils n'ont pas compris les oeuvres du Seigneur, c'est-à-dire les spirituelles, et l'ouvrage de ses mains, c'est-à-dire les matérielles, tu les détruiras, et ainsi tu détruiras ce que tu ne rétabliras pas. Et cela se rapporte à une double instruction : spirituelle, car ils sont détruits par la perte de la foi mais non par la perte de la connaissance de Dieu : « Disperse-les par ta puissance et fais-les déchoir. » Mais cependant ceux qui sont ainsi détruits, sont parfois rétablis, comme Pierre ; et ainsi les Juifs sont aussi rétablis, ou seront rétablis jusqu'à la fin du monde : « Une partie d'Israël est tombée dans l'aveuglement, jusqu'à ce que la plénitude des païens soit entrée ; et qu'ainsi tout Israël soit sauvé. » Ou bien cela se rapporte à la destruction matérielle : car détruits par les Romains, ils n'ont jamais été rétablis, ni ne seront jamais rétablis ; ou bien ils ont été détruits par les Babyloniens et relevés par les Perses ; ou bien détruits par Antiochus et relevés par les Romains ; mais enfin détruits par les Romains de telle manière qu'ils n'ont jamais été reconstruits.

6 Que le Seigneur soit béni, parce qu'il a exaucé la voix de ma supplication.

III. Ici le psalmiste rend grâce comme s'il était déjà exaucé.

A) Et d'abord pour les bienfaits qui lui ont été donnés.

B) Puis il rend grâce pour les bienfaits donnés à tout le peuple : Le Seigneur est la force.

A. Concernant ses propres bienfaits il fait deux choses :

1) Il rend d'abord grâce pour son exaucement.

2) Puis il montre en quoi il fut exaucé : Le Seigneur est mon aide.

1. Ainsi dit-il : Moi j'ai demandé, et j'ai été exaucé dans ma demande, d'où ces paroles : Que le Seigneur soit béni. Pour Dieu, nous bénir, c'est causer sa bonté en nous, car « il a dit, et les choses ont été faites ». Pour nous, bénir c'est reconnaître sa bonté qui nous fait du bien mais notre bénédiction ne lui ajoute rien. Cependant nous devons le bénir pour tous les bienfaits reçus : « Béni le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que nous puissions nous-mêmes, par l'encouragement que Dieu nous donne, consoler aussi ceux qui sont sous le poids de toute sorte de maux ! » - « Bénissez le Dieu du ciel, et rendez-lui gloire devant tous les vivants, parce qu'il a exercé envers nous sa miséricorde. » Et c'est pourquoi il dit : parce qu'il a exaucé la voix de ma supplication, c'est-à-dire la dévotion de ma prière : « La supplication du juste peut beaucoup. »

7 Le Seigneur est mon aide et mon protecteur ; en lui a espéré mon coeur, et j'ai été aidé. Et ma chair a refleuri, et de toute mon âme je lui rendrai grâce.

2. Ici le psalmiste montre en quoi il est exaucé, c'est-à-dire qu'il a obtenu le secours de Dieu ; et à ce propos il fait trois choses.

a) Il expose d'abord le bienfait du secours divin.

b) Puis le mérite du bienfait : et en lui a espéré mon coeur.

c) Enfin l'effet du bienfait : et a refleuri.

a. L'homme a besoin du secours divin pour deux raisons : pour bien agir, et parce qu'il est libéré du mal et porté au bien.

- Touchant la première raison il dit : Le Seigneur est mon aide. - « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » - « Le Seigneur Dieu est mon aide. »

- Touchant la deuxième raison, il dit : et mon protecteur, et il est protecteur contre les maux, à la manière d'un bouclier protégeant l'homme des traits extérieurs : « À l'ombre de sa main il m'a protégé, et il m'a disposé comme une flèche choisie ; il m'a caché dans son carquois ; et il m'a dit Mon serviteur, c'est toi, Israël, parce qu'en toi je me glorifierai. » - « Tu m'as protégé, ô Dieu, contre l'assemblée des méchants. »

b. Mais pour quel mérite me défends-tu ? Est-ce dû à mon mérite ? Non. Mais ce n'est pas dû à un autre, si ce n'est que mon coeur a espéré en lui, autrement dit : Je me suis confié en lui avec un attachement profond : « En toi je me confie, je n'en rougirai pas. » Et c'est pourquoi il dit : j'ai été aidé. - « Ceux qui espèrent dans le Seigneur reprendront leur force. » Et toutes ces choses peuvent être appliquées au Christ en tant qu'homme : car en tant que Dieu, lui-même aide tous les hommes et les protège avec le Père ; en tant qu'homme il est aidé et protégé par le Père. Et d'où ce qui suit : en lui.

c. Il expose ici l'effet par rapport à deux choses.

- D'abord quant à la chair.

- Puis quant à l'âme, aussi dit-il : et a refleuri.

- La jeunesse de l'homme est comparée à une fleur : car de même qu'une fleur annonce un fruit, ainsi la jeunesse de l'homme la vie future : « Qu'il passe le matin comme l'herbe. » Ainsi donc la chair refleurit, lorsque vieillie elle rajeunit ; car l'homme semble vieillir dans la tristesse, et rajeunir dans la joie ; mais cependant la chair du Christ s'épanouit avec la fleur de l'honnêteté et de l'incorruptibilité. Dans le premier homme sa chair a fleuri par la pureté de l'innocence, mais en péchant elle a été souillée. Mais dans le Christ elle a refleuri par sa résurrection ; car il fut conçu de l'Esprit-Saint sans péché : « Une fleur s'élèvera de sa racine. » De même, dans son premier état, la nature a fleuri, car elle était incorruptible, mais par le péché elle est soumise à la corruption : « Le corps est mort à cause du péché. » Mais le Christ a refleuri dans la résurrection : « Notre lit est couvert de fleurs. »

- Quant à l'âme il dit : et de toute mon âme je lui rendrai grâce. L'âme, aussi longtemps qu'elle est dans le péché, garde sa volonté détournée de Dieu, et tournée vers les choses temporelles, mais lorsqu'elle se rétablit par la conversion, alors sa volonté se tourne vers Dieu et elle rend grâce à Dieu en le louant. Ou bien si on dit cela du Christ, on l'applique à ses membres, c'est-à-dire aux fidèles : « Je t'offrirai volontairement un sacrifice ; et je rendrai grâce à ton nom, parce qu'il est bon. »

8 Le Seigneur est la force de son peuple, et le protecteur des saluts de son oint..

B. Ici le psalmiste rend grâce pour les bienfaits du peuple.

1) Et il commence par exposer les bienfaits déjà manifestés.

2) Puis il demande qu'ils aient une continuité : Sauve ton peuple, Seigneur.

1. Ces mêmes bienfaits qui lui ont été donnés quand il disait : Le Seigneur est mon aide, etc. ; il dit à présent qu'ils sont prodigués à tout le peuple : Le Seigneur est la force [du] peuple des Juifs libérés par moi des Philistins. Et le Christ est la force de son peuple libéré par lui du péché : « Ma force et ma louange c'est le Seigneur, et il est devenu mon salut. » - « Il est mon protecteur, et en lui j'ai espéré. » Et celui-ci est le protecteur des saluts, c'est-à-dire celui-ci protège ceux qui sont sauves par le Christ : « Nul autre nom n'a donné sous le ciel aux hommes par lequel nous devions être sauvés. » Le Christ donc nous protège dans le siècle présent, afin que nous ne tombions pas dans le péché ; et c'est pourquoi il dit : des saluts, c'est-à-dire des prédestinés au salut ; et il nous protégera dans le futur en nous libérant de tout mal : « Ils n'auront plus ni faim ni soif ; et le soleil, ni aucune chaleur ne tombera sur eux ; parce que l'Agneau qui est au milieu du trône sera leur pasteur ; il les conduira à des fontaines d'eau vive, et Dieu essuiera de leurs yeux toute larme. »

9 Sauve ton peuple, Seigneur, et bénis ton héritage ; dirige-les et élève-les jusque dans l'éternité.

2. Ici le psalmiste montre la continuité des bienfaits ou du salut.

a) Et il expose d'abord le salut.

b) Puis le moyen d'y parvenir.

a. Ainsi dit-il : Seigneur, toi qui es mon protecteur, sauve ton peuple, c'est-à-dire je demande que tu les conduises vers le salut : « Je ne demande point que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal. » - « Israël a été sauvé par le Seigneur d'un salut éternel. »

b. Ensuite il expose le moyen de parvenir au salut. Afin d'y parvenir, trois choses sont requises : le don de la grâce, la direction, et le progrès spirituel.

- Touchant le don de la grâce il dit : et bénis ton héritage, c'est-à-dire confirme ses dons : « La bénédiction du Seigneur est sur la tête du juste. » Et il dit : héritage, parce que les élus sont son héritage : « Bienheureuse la nation dont le Seigneur est le Dieu ! le peuple qu'il a choisi pour son héritage. »

- Touchant la direction il dit : et dirige-les, car avec la grâce la direction est aussi nécessaire : « Où il n'y a point de gouvernement, le peuple croulera. »

- Touchant le progrès spirituel il dit : et élève-les, c'est-à-dire fais-les avancer par le progrès, jusque dans l'éternité. Cela peut se comprendre de deux manières.

· D'abord, au niveau de l'intelligence, lorsqu'elle est élevée à la connaissance manifeste de la vérité : « Voici que mon serviteur aura l'intelligence, il sera exalté. »

· Ensuite, au niveau de l'affection, lorsqu'elle ne désire plus les choses charnelles, mais les spirituelles : « Désirant d'être dissous et d'être avec le Christ. » Car on passe de cette vie à la vie de la gloire. « Je t'élèverai sur les hauteurs » des nuées, « et je te nourrirai avec l'héritage de Jacob ton père, car la bouche du Seigneur a parlé ».


Éditions du Cerf

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