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COMMENTAIRE DU PSAUME 28

Psaume de David.

1 Pour l'achèvement du tabernacle.

Apportez au Seigneur, enfants de Dieu.

2a Apportez au Seigneur des petits de béliers.

2b Apportez au Seigneur gloire et honneur, apportez au Seigneur de la gloire pour son nom adorez le Seigneur en son saint parvis.

3 Voix du Seigneur sur les eaux, le Dieu de majesté a tonné ; le Seigneur [a tonné] sur les eaux abondantes. 4 Voix du Seigneur avec force voix du Seigneur avec magnificence.

5 Voix du Seigneur brisant les cèdres ; et le Seigneur brisera les cèdres du Liban,

6 et les mettra en pièces comme un jeune veau du Liban et le bien-aimé [sera] comme un petit de licornes.

7 Voix du Seigneur fendant une flamme de feu, 8 voix du Seigneur ébranlant le désert ; et le Seigneur ébranlera le désert de Cadès. 9 Voix du Seigneur préparant les cerfs, et elle découvrira les lieux touffus ; et dans son temple tous diront gloire.

10 Le Seigneur fait habiter [sur la terre] le déluge ; et le Seigneur roi siégera éternellement. 11 Le Seigneur donnera de la force à son peuple : le Seigneur bénira son peuple dans la paix.

Psaume de David. 1 Pour l'achèvement du tabernacle. Apportez au Seigneur, enfants de Dieu.

Dans les autres psaumes, le psalmiste a rappelé sa confiance qui vient de Dieu ; mais ici, comme s'il était libéré, il rend grâce.

Et il expose d'abord des psaumes qui traitent de l'action de grâce. Puis il rappelle les bienfaits donnés : « En toi, Seigneur, j'ai espéré. »

Concernant l'action de grâce il fait deux choses.

Il invite d'abord les autres à rendre grâce.

Puis il rend grâce lui-même : 2 Je t'exalterai, Seigneur.

Le titre de ce psaume est : Psaume de David. 1 Pour l'achèvement du tabernacle. Considérez l'histoire rapportée au premier livre des Rois, où les enfants d'Israël au temps d'Heli, combattirent contre les Philistins, et où l'arche de Dieu fut prise, et resta en leur territoire durant six mois ; enfin ceux-ci à cause de leur malheur la ramenèrent à Gabaa. Et à la mort de Saül, David la prit et la transporta à Jérusalem, lui dressa un tabernacle et dansa devant elle, comme on le rapporte au deuxième livre des Rois ; et c'est à cette occasion, semble-t-il, que ce psaume fut composé. Au sens mystique, par tabernacle est signifiée la Sainte Église : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes » Ce tabernacle, c'est-à-dire l'Église, a été arraché aux mains des Philistins, c'est-à-dire des démons. Et le contenu de ce psaume se rapporte aux dons du Saint-Esprit, par lesquels ce tabernacle est achevé. Ce psaume se divise en deux parties.

I. Dans la première partie, le psalmiste invite les autres au devoir d'offrir à Dieu par l'action de grâce.

II. Puis il rappelle les bienfaits : 3 Voix du Seigneur sur les eaux.

I. En parlant du devoir d'offrir à Dieu par l'action de grâce, il fait trois choses.

A) Il montre d'abord à qui il faut offrir.

B) Puis qui offre.

C) Enfin ce qu'ils doivent offrir.

A. Ainsi dit-il : Apportez. Mais à qui ? au Seigneur seul, non à d'autres. Le fait que l'on doit offrir à Dieu seul est signifié au premier livre des Paralipomènes : « Tout est à toi, et c'est de ta main que nous avons reçu ce que nous t'avons donné. »

B. Qui devait offrir, il le montre en disant : enfants de Dieu. - « Le Très-Haut n'approuve pas les dons des hommes iniques. » - « Le Seigneur regarda » d'abord « Abel », et « ensuite ses dons », car l'homme doit d'abord plaire à Dieu, et ensuite faire une offrande ; et c'est pourquoi il dit : enfants de Dieu, par la foi : « Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. » De même par la charité : « Voyez quelle charité [Dieu] le Père a eue pour nous, de vouloir que nous soyons appelés, et que nous soyons réellement enfants de Dieu ! » Par les bonnes oeuvres : « Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont enfants de Dieu. »

2a Apportez au Seigneur des petits de béliers.

C. Ici le psalmiste montre ce qui doit être offert.

1) Et il expose d'abord un sacrifice matériel.

2) Puis spirituel : Apportez au Seigneur de la gloire.

1. Le sacrifice matériel s'accomplissait avec trois sortes d'animaux avec des boeufs, des chèvres et des béliers ; et par dessus les autres animaux c'était surtout un agneau qu'on sacrifiait habituellement. C'est pourquoi dans l'Exode on rapporte que chaque matin et chaque soir on immolait un agneau, car à travers l'agneau c'était le Christ qui était surtout et plus expressément figuré : « Voici l'Agneau de Dieu. » Et c'est pourquoi il dit : Apportez au Seigneur des petits de béliers, c'est-à-dire des agneaux. Au sens mystique, les béliers ce sont les chefs du troupeau, c'est-à-dire les Apôtres « Les princes des peuples se sont réunis. » Leurs enfants, ce sont les fidèles : « Moi, je vous ai engendrés par l'Évangile dans le Christ Jésus. » Apportez donc vous-mêmes à Dieu, vous qui êtes les petits des béliers.

2b Apportez au Seigneur gloire et honneur, apportez au Seigneur de la gloire pour son nom adorez le Seigneur en son saint parvis.

2. Ensuite il expose le sacrifice spirituel.

a) Et il commence par le mentionner.

b) Puis il l'explicite : adorez le Seigneur en son saint parvis.

a. Il faut noter que le Seigneur a voulu que ces sacrifices lui soient offerts non pour lui, car lui-même a dit : « Est-ce que je mangerai des chairs de taureaux ? Ou boirai-je du sang des boucs ? », mais afin que nous le reconnaissions comme le principe de tous nos biens, et la fin vers laquelle toutes choses doivent être rapportées ; et c'est pourquoi nous devons le glorifier, de telle sorte que tout ce que nous accomplissons, nous l'accomplissions pour sa gloire : « Faites tout pour la gloire de Dieu. » De même Dieu est le principe, et c'est pourquoi nous lui devons l'honneur : « Si moi je suis [le Seigneur,] où est mon honneur ? » Et c'est pourquoi il dit : Apportez au Seigneur gloire et honneur - -« Au seul Dieu, honneur et gloire. »

b. adorez le Seigneur. Ici il explique le sacrifice spirituel.

- Et il montre d'abord comment nous devons lui rendre gloire.

- Puis comment nous lui devons l'honneur.

- Dieu lui-même est glorieux, et c'est pourquoi nous lui devons la gloire ; aussi dit-il : apportez au Seigneur de la gloire pour son nom. Lui-même est glorieux en soi, mais son nom doit être glorieux en nous, c'est-à-dire qu'il faut qu'il soit glorieux dans notre connaissance.

- Et du fait qu'il est lui-même glorieux et resplendissant en nous, nous devons lui donner l'honneur ; et c'est pourquoi il dit : adorez le Seigneur en son saint parvis, c'est-à-dire dans cette Église, qui est comme un parvis céleste. Ou bien en son parvis, c'est-à-dire en esprit : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »

3Voix du Seigneur sur les eaux, le Dieu de majesté [a tonné] ; le Seigneur a tonné sur les eaux abondantes. 4 Voix du Seigneur avec force voix du Seigneur avec magnificence.

II. Ici le psalmiste expose les bienfaits divins.

A) Et d'abord les bienfaits passés.

B) Puis les bienfaits futurs : 10 Le Seigneur fait habiter [sur la terre] le déluge.

A. À propos des bienfaits passés il fait deux choses :

1) Il énumère d'abord les bienfaits accordés.

2) Puis il conclut par une action de grâce : et dans son temple.

1. Les bienfaits accordés peuvent être expliqués au sens figuré et au sens mystique.

a. Au sens figuré : dans la première partie de ces versets, il expose deux bienfaits accordés :

- D'abord dans la sortie de l'Égypte.

- Ensuite après sa sortie : Voix du Seigneur brisant.

- Et il rappelle :

· En premier lieu le bienfait de la sortie de l'Égypte.

· Puis il le manifeste.

· Il dit donc la Voix, c'est-à-dire l'ordre, du Seigneur, fut sur les eaux, de la mer qui fut divisée, comme on le rapporte au livre de l'Exode.

· Et il exalte cela de trois manières

D'abord du côté de l'autorité : le Dieu de majesté, qui est la majesté elle-même : « Toute la terre est pleine de sa majesté. » a tonné, car lorsque Moïse éleva les mains, le vent souffla. Et en parlant de ce souffle il dit : a tonné, car le tonnerre est dû au mouvement des vents.

De même du côté de la matière, car il n'assécha point de petites quantités d'eau, mais des eaux abondantes, c'est-à-dire celles de la mer : « N'est-ce pas toi qui a desséché la mer  ? » - « Elle les a fait passer à travers des eaux immenses. »

Semblablement du côté de l'effet, car le fait qu'il renversa les ennemis fut l'effet d'une grande force : « Ta droite, Seigneur, a frappé l'ennemi. » De même, un autre effet est dû à sa magnificence, aussi dit-il : voix du Seigneur avec magnificence, car il a fait traverser à sec la mer, d'où ce qui suit dans ce même chapitre de l'Exode : « Magnifique en sainteté, terrible et digne de louanges  »

5 Voix du seigneur brisant les cèdres ; et le Seigneur brisera les cèdres du Liban,

- Ensuite le psalmiste rappelle les bienfaits accordés après la traversée de l'Égypte. Et cela peut être interprété de deux manières.

· D'abord par l'éloignement du mal.

· Puis par la donation des biens : Voix du Seigneur brisant.

· Concernant l'éloignement du mal il fait deux choses

Il commence par exposer un bienfait.

Puis la facilité de le donner : et les mettra en pièces.

Ainsi dit-il : Voix du Seigneur brisant les cèdres. Les cèdres, ce sont les grands hommes, et le psalmiste désigne les Amorrhéens qui étaient grands et forts : « J'ai exterminé devant sa face l'Amorrhéen, dont la hauteur était la hauteur des cèdres, et il était fort lui-même comme un chêne. » Semblablement dans toute la terre qui leur était promise, il y avait des Amorrhéens et d'autres peuples qui ne pouvaient pas être exterminés et soumis jusqu'au temps de David. Tous les Amorrhéens habitaient encore près du Liban, comme on le rapporte dans le livre de Josué. Et c'est pourquoi il dit : le Seigneur brisera les cèdres du Liban, c'est-à-dire les Amorrhéens qui y habitaient encore.

et les mettra en pièces comme un jeune veau du Liban, et [Saron] le bien-aimé [sera] comme un petit [des cornes] de licornes. Les textes hébreux lisent : « Et les mettra en pièces comme un jeune veau du Liban, et Saron comme le petit des buffles. » Et c'est le sens littéral : car il y a une différence entre des buffles et des boeufs ; les buffles se nourrissent dans les marais, tandis que les boeufs se nourrissent sur les montagnes. Or il y avait sur la montagne du Liban de nombreux pâturages sur lesquels croissaient de grands cèdres. Il y avait aussi des veaux et des boeufs. Ainsi il sera facile à Dieu de mettre en pièces les cèdres du Liban, comme s'il mettait en pièces le jeune veau du Saron. Saron est un lieu : « La beauté du Carmel et du Saron. » Ce lieu est marécageux, c'est là où les buffles se nourrissent, autrement dit : il mettra en pièces même Saron comme un petit de buffle ou un jeune taureau.

b. Voix du Seigneur sur les eaux. Au sens mystique, le psalmiste indique un double bienfait : celui de la conversion et des dons qui sont accordés aux convertis. Voix du Seigneur avec force. Selon une signification cachée, on peut expliquer cela de deux manières. Ou bien, en tant que cela se réfère à la prédication du Christ, et il est alors question de la conversion des Juifs et des nations. Des Juifs, lorsqu'il dit : Voix du Seigneur sur les eaux. Les hommes sont comparés aux eaux, car « ils sont comme les eaux qui s'écoulent et qui ne reviennent point », comme on le rapporte dans le deuxième livre des Rois. C'est pourquoi la voix est dite sur les eaux, c'est-à-dire que la prédication du Seigneur se fait sur le peuple des Juifs, parce que par la doctrine de Dieu non encore incarné mais attendu, les Juifs se convertissent à Dieu. À propos de la conversion des nations, il continue en disant : le Dieu de majesté a tonné. Le tonnerre se forme dans les nuages, signifiant l'Incarnation elle-même qui est comme une nuée : « Voici que le Seigneur montera sur un nuage léger. » Donc le Dieu de majesté a tonné, c'est-à-dire le Tout-Puissant a tonné par la prédication sous le voile de la chair : « Dieu tonnera merveilleusement par sa voix. » Et il dit : sur les eaux abondantes, parce que la voix du Seigneur incarné ne fut pas seulement sur les Juifs, mais aussi sur les nations : « Je t'ai destiné à être la lumière des nations, afin que tu sois mon salut jusqu'à l'extrémité de la terre. » Ou bien : sur les eaux, du baptême ; voilà pourquoi depuis le temps où le Christ a été baptisé, ce psaume est chanté.

- Voix du Seigneur avec force. Plus haut le psalmiste a traité du mystère de la conversion des Juifs et des nations selon le sens mystique ; mais ici il expose le bienfait des dons spirituels ; et à cet égard il fait trois choses

· Il mentionne d'abord les dons spirituels.

· Puis il expose l'extirpation des vices, qui résulte de ces dons Voix du Seigneur.

· Enfin le progrès ou l'avancement vers les biens : Voix du Seigneur préparant.

· Dans l'octroi des dons spirituels on fait la distinction suivante : en effet, à certains ils sont donnés en vue de l'utilité commune et des choses à accomplir, et ces derniers concernent la nécessité du salut ; à d'autres ils sont donnés en vue de choses ardues, comme accomplir des miracles ou d'autres choses du même genre.

Au sujet des premiers il dit : Voix du Seigneur avec force, c'est-à-dire que par l'ordre du Seigneur est donnée la force d'accomplir les préceptes.

Au sujet des seconds il dit : voix du Seigneur avec magnificence, c'est-à-dire que par l'ordre du Seigneur il est donné aux saints d'accomplir de grandes oeuvres : « Sa magnificence et sa force paraissent dans les nuées. » La Glose applique ces choses-là aux dons du Saint-Esprit. Et d'abord, la conversion des fidèles au don de crainte laquelle s'accomplit par la puissance divine, et à celle-ci il appartient d'admettre des craintes. La magnificence relève du don de science, car il appartient à la science d'exécuter de grandes choses : « Qu'il est grand celui qui a trouvé la sagesse. »

· Voix du Seigneur brisant. Il traite ici de la suppression des vices.

Et il traite d'abord du vice de l'orgueil.

Puis [de celui] de la concupiscence : Voix du Seigneur fendant une flamme de feu.

Enfin du vice de l'infidélité ou du mépris : voix du Seigneur ébranlant le désert.

Il montre donc d'abord la suppression de l'orgueil. C'est pourquoi il faut noter que tout comme les sapins sont grands, ainsi en est-il également des cèdres ; aussi signifient-ils l'orgueil. Il dit donc : Voix du Seigneur brisant les cèdres, c'est-à-dire la puissance du pouvoir divin sur tous les orgueilleux : « Ton orgueil a été précipité dans les enfers. » et brisera les cèdres du Liban, c'est-à-dire la voix du Seigneur est sur tous les arrogants et les orgueilleux eux-mêmes en les brisant par son pouvoir : car tous les rois se convertissent au Christ par sa voix ; et finalement elle est sur les cèdres du Liban, car les plus notables des Juifs se convertissent, comme il en est de Nicodème.

6 Et les mettra en pièces comme un jeune veau du Liban et le bien-aimé [sera] comme un petit de licornes.

Le psalmiste expose ici la perfection de la conversion. Le mont Liban est très abondant en pâturages, et les prêtres, à cause de la grande quantité de leurs sacrifices, y faisaient paître les boeufs ; et c'est pourquoi il dit : Et les mettra en pièces comme un jeune veau du Liban. Et cela est manifeste puisque beaucoup de grands se sont exposés au martyre pour le Christ : « Mes boeufs et les animaux engraissés ont été tués. »

et le bien-aimé [sera] comme un petit de licornes. Ce verset peut se lire de deux manières.

D'abord, pour signifier l'autorité de celui qui met en pièces, autrement dit : le bien-aimé accomplira ces choses. Et suivant cela le bien-aimé est présenté comme celui qui a autorité : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances. » Et il accomplira ces choses, comme un petit de licornes, c'est-à-dire un enfant des Juifs, parce que le mystère de l'Incarnation accomplissait ces choses ; et les Juifs sont appelés petits de licornes, en tant qu'ils se glorifient dans le culte du Dieu unique. Ou bien on dit : petit de licornes, parce que selon la génération éternelle il est sans mère, et que selon la génération temporelle il fut un fils sans père.

Selon une autre lecture, le bien-aimé, etc., c'est le Christ qui souffrira comme modèle de cet écrasement, afin de donner aux autres l'exemple de souffrir : « Le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces. » Et il souffrira non en tant que Dieu, mais en tant qu'enfant des licornes, c'est-à-dire des Juifs.

7 Voix du Seigneur fendant une flamme de feu, 8 voix du Seigneur ébranlant le désert ; et le Seigneur ébranlera le désert de Cadès 9 Voix du Seigneur préparant les cerfs, et elle découvrira les lieux touffus ; et dans son temple tous diront gloire.

Ici le psalmiste rappelle le bienfait par lequel ils ont été libérés d'un mal infligé par Dieu. On rapporte dans le livre des Nombres qu'en raison du murmure du peuple un feu dévasta l'extrémité du camp, et qu'à la levée de la main de Moïse le feu s'éteignit ; et tel est ce que le psalmiste dit : Voix, c'est-à-dire le pouvoir suprême, du Seigneur fendant, c'est-à-dire détruisant, une flamme de feu.

Puis il rappelle les bienfaits qui font progresser dans le bien. Et il en expose trois : D'abord le bienfait de l'accroissement du peuple. Puis celui de l'éducation des petits. Enfin celui de la conduite à travers le désert.

Une version de Jérôme lit : « Vox Domini parturientis desertum (Voix du Seigneur qui fait que le désert engendre). » C'est ce qu'on lit dans le livre de Josué. Aucun de ceux qui sortirent d'Égypte, et qui vinrent au désert, n'entrèrent dans la Terre promise, si ce n'est Josué et Caleb, comme on le voit dans le livre des Nombres. Mais tous ceux qui entrèrent dans cette terre sont nés dans le désert. Et c'est pourquoi il rappelle ce bienfait, à savoir que le peuple ne fut pas réduit à l'extinction ; aussi dit-il : « Voix du seigneur enfantant », c'est-à-dire faisant enfanter, et en particulier le désert de Cadès ; car ce fut dans l'intention de Moïse qu'aussitôt après être sortis d'Égypte, les enfants d'Israël entreraient dans la Terre promise et se rendraient à Cadès. C'est pourquoi ils envoyèrent des explorateurs, mais ceux-ci les dissuadèrent et ils craignirent d'entrer ; et en raison de ce péché tous moururent. Et c'est parce qu'ils renoncèrent à y entrer que tous moururent dans ce désert. Ou bien selon notre version : voix du Seigneur ébranlant le désert, c'est-à-dire ébranlant la génération à travers le désert de Cadès.

Voix du Seigneur préparant les cerfs. Une version de Jérôme lit : « Obstetricantis cervos (Accouchant les cerfs) ». L'hébreu lit : « Préparant les mulets. » Les cerfs demeurent dans les déserts. Et parce que les fils d'Israël furent dans le désert pendant quarante ans, c'est la raison pour laquelle on les appelle cerfs « Qui a disposé mes pas comme ceux des cerfs », car les femmes ont reçu la capacité d'engendrer et de nourrir.

et elle découvrira les lieux touffus, ou les bois, parce qu'il lui a montré la direction à l'aide d'une colonne de feu au cours de la nuit et d'une colonne de nuée pendant le jour : « Qui a conduit son peuple à travers le désert. » Au sens mystique, en disant : Voix du Seigneur brisant, il signifie le don de force.

Et le psalmiste expose à présent la suppression du péché de concupiscence. En disant : Voix du Seigneur fendant une flamme de feu, c'est-à-dire de la concupiscence : « Le désir de la sagesse conduit au royaume éternel. » Et celle-ci entretient les autres maux dont parle Jean dans sa première épître : « Tout ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie ; or cela ne vient pas du Père, mais du monde. » Et celle-ci consume : « C'est un feu qui dévore jusqu'à la perdition. » Basile commente ces versets : Voix du Seigneur fendant une flamme de feu, etc., de la manière suivante : « Au jour du jugement un feu se divisera par la puissance divine, car il y aura une chaleur extrême sans lumière par un feu enveloppant les réprouvés ; et il y aura un feu resplendissant sans chaleur pour la gloire des élus. » Et ce qu'il dit relève du don de conseil.

voix du Seigneur ébranlant le désert. Le psalmiste expose ici la suppression d'une double infidélité, c'est-à-dire celle des nations et des Juifs.

Concernant la première il dit : voix du Seigneur ébranlant le désert, c'est-à-dire qui ébranla les nations en les convertissant à la foi : « Les fils de la délaissée (c'est-à-dire du peuple païen) seront plus nombreux que [les fils] de celle qui a un mari. »

Concernant la seconde il dit : désert de Cadès, ce qui veut dire saint de la Loi ; car les Juifs sanctifiés par le législateur se convertiront à la fin du monde : « Votre terre est déserte. Vos cités brûlées par le feu ; votre pays, devant vous, des étrangers le dévorent, et il sera désolé comme dans une dévastation de l'ennemi. » Et cela relève du don d'intelligence.

· Enfin le psalmiste rappelle le bienfait qui regarde le progrès vers les biens.

Et il expose d'abord le don de la sagesse.

Puis son action : Voix du Seigneur préparant les cerfs, c'est-à-dire les hommes ; car de même que les cerfs rejettent ce qui est vénéneux, ainsi les saints rejettent tout péché ; et de même que les cerfs s'avancent à travers les épines sans blessure, ainsi les saints traversent la vanité de ce monde sans en jouir : « Nephtali, cerf échappé : il donne des paroles pleines de beauté. » Et ces derniers sont préparés par Dieu, non par eux-mêmes ; et Dieu lui-même leur découvrira [les] lieux touffus, c'est-à-dire les choses qui sont cachées aux autres : « Tu as révélé ces choses aux petits. » Et cela relève du don de sagesse.

2. Puis il conclut par une action de grâce pour les bienfaits susmentionnés, en disant : dans son temple tous diront gloire. - « Que les jeunes hommes et les vierges, les vieillards et les enfants louent le nom du Seigneur. » Une autre version lit : « Omnis dicet vel loquetur gloriam (Chacun dira ou proclamera [sa] gloire). » Il est vrai que chacun a des dons communs et aussi des dons particuliers. Mais pour ce don particulier chacun dira sa gloire : « À celui qui m'a donné la sagesse je rendrai gloire. »

10 Le Seigneur fait habiter le déluge ; et le Seigneur roi siégera éternellement. 11 Le Seigneur donnera de la force à son peuple  : le Seigneur bénira son peuple dans la paix.

B. Le psalmiste traite ici des bienfaits espérés.

1) Et il rappelle d'abord le pouvoir du bienfaiteur.

2) Puis il expose les bienfaits espérés : Le Seigneur donnera de la force à son peuple.

1. En hébreu on dit : « Le Seigneur siège au déluge. » Et le sens est clair, autrement dit : c'est vrai, parce qu'il a accompli cela vis-à-vis du peuple d'Israël. N'a-t-il pas exercé ce même pouvoir autrefois ? Bien plus, ses jugements ont été manifestés dès la création du monde. Et il rappelle un jugement manifesté, car en vertu de son jugement, à cause du péché des hommes, il amena le déluge. et le Seigneur roi siégera éternellement, c'est-à-dire en jugeant les peuples avec équité. Une version de Jérôme lit : « Dominus diluvium inhabitat (Le Seigneur habite dans le déluge) », ou bien fait habiter. Le déluge inondant, la terre a été vidée de ses habitants. Par la suite il a de nouveau fait habiter la terre par l'accroissement des hommes.

Au sens mystique on peut lire ce verset de trois manières.

a. Selon une première manière, en tant que ce mot diluvium (déluge) est comme un accusatif apposé à cet infinitif inhabitare (habiter) : car ceux-là seuls, qui se trouvaient dans l'arche de Noé habitèrent le déluge ; et ainsi par l'arche de Noé est signifiée l'Église et les saints qui sont en elle, et qui habitent en sécurité au milieu du déluge des tribulations.

b. Selon une autre manière, c'est le contraire, comme si le déluge habitait dans son temple. Le déluge, c'est le monde, et les charnels sont les mondains : « Par un déluge qui passera, il consommera la ruine. » Donc par ce déluge il fera habiter dans son temple, lorsqu'ils se convertiront, et le roi siégera éternellement, comme nous l'avons commenté plus haut.

c. Selon une autre manière encore, il fait habiter le déluge, c'est-à-dire les eaux baptismales, que lui-même habite par l'effet de sa grâce.

2. Le psalmiste continue en rappelant les bienfaits espérés.

a) Et d'abord ceux qui regardent le progrès.

b) Ensuite la fin.

a. En parlant des premiers il dit : Le Seigneur donnera [la puissance] à son peuple, par laquelle ils pourront progresser : « C'est lui qui donne de la puissance à celui qui est fatigué, et il multiplie la force et la vigueur de ceux qui sont en défaillance. »

b. En parlant des seconds il dit : le Seigneur bénira son peuple dans la paix.

- « Mon peuple se reposera dans la beauté de la paix, dans des tentes de confiance, et dans un repos opulent. »


Éditions du Cerf

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