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COMMENTAIRE DU PSAUME 49

1 Psaume d'Asaph.

Le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la terre. 2 Depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, de Sion se manifestera l'éclat de sa gloire.

3 Dieu viendra manifestement : notre Dieu, et il ne gardera pas le silence. Un feu s'allumera en sa présence, et autour de lui [s'élèvera] une tempête violente.

4 Il a appelé le ciel d'en haut et la terre pour faire le discernement de son peuple. 5 Rassemblez-lui ses saints, qui exécutent son alliance sur les sacrifices. 6 Et les cieux annonceront sa justice, parce que Dieu est juge.

7 Écoute, mon peuple, et je parlerai ; Israël, et je te prendrai à témoin : Dieu, ton Dieu, [c'est] moi [qui] le suis.

8 Je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices ; car tes holocaustes sont en ma présence toujours. 9 Je ne prendrai pas les veaux de ta maison, ni les boucs de tes troupeaux. 10 Car sont miennes toutes les bêtes sauvages des forêts, [ainsi que] les animaux sur les montagnes et les boeufs. 11 Je connais tous les volatiles du ciel, et la beauté des champs est avec moi. 12 Si j'ai faim, je ne te le dirai pas ; car à moi est le globe de la terre et sa plénitude.

13 Est-ce que je mangerai des chairs de taureaux ? Ou boirai-je du sang des boucs ? 14 Immole à Dieu un sacrifice de louange, et rends au Très-Haut tes voeux.

15 Et invoque-moi au jour de la tribulation : je te délivrerai et tu m'honoreras.

16 Mais au pécheur Dieu a dit : « Pourquoi racontes-tu mes justices, et prends-tu mon alliance en ta bouche ? » 17 Mais toi, tu as haï la discipline, et tu as rejeté mes paroles derrière toi. 18 Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui, et avec les adultères tu mettais ta part.

19 Ta bouche a abondé en malice, et ta louange ajustait des tromperies. 20 Assis, tu parlais contre ton frère, et contre le fils de ta mère tu posais une pierre d'achoppement. 21 Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu. Tu as estimé injustement que je serai semblable à toi ; je te reprendrai, et mettrai [tout] devant ta face.

22 Comprenez ces choses, vous qui oubliez Dieu ; de peur qu'il n'enlève, et qu'il n'y ait personne qui [vous] délivre. 23 Le sacrifice de louange m'honorera, et là est le chemin par lequel je lui montrerai le salut de Dieu.

1 Psaume d'Asaph.

Le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la terre. 2 Depuis le lever du soleil jus qu'à son coucher, de Sion se manifestera l'éclat de sa gloire.

Plus haut le psalmiste a invité les nations à se confier en Dieu ; ici il les instruit à propos du culte de Dieu. Ce psaume est intitulé : Psaume d'Asaph. Asaph fut l'un de ceux qui dirigeaient les chantres des peuples, et de ceux qui chantaient et louaient avec des cymbales, comme le rapporte le premier livre des Chroniques. Il est appelé psaume d'Asaph parce qu'il est chanté au cours du service d'Asaph. Et il convient au mystère, en ce sens qu'Asaph veut dire synagogue, et qu'on le lit en tant qu'il personnifie la synagogue.

Après avoir donné une instruction au sujet des sacrifices, il fait connaître deux choses concernant le culte de Dieu :

I) Celles qui préparent le jugement de Dieu, et c'est la première chose.

II) Puis la discussion de Dieu avec son peuple à propos de son culte : 7 Écoute, mon peuple.

I. Avant le jugement, trois choses auront lieu : la convocation du juge, la venue du juge et les préparatifs du jugement.

A) Le psalmiste mentionne donc d'abord la convocation du juge.

B) Puis sa venue : 3 Dieu viendra manifestement : notre Dieu.

C) Enfin les préparatifs du jugement : Un feu s'allumera en sa présence.

A. En parlant de la convocation du juge il fait trois choses :

1) Il montre d'abord qui est le convocateur.

2) Puis qui sont les convoqués : il a appelé.

3) Enfin dans quel ordre ils sont convoqués : de Sion.

1. Celui qui convoque est grand, parce qu'il est le Dieu de toutes choses, même des dieux ; aussi dit-il : Le Dieu des dieux a parlé. Ainsi le convocateur est d'abord loué pour l'excellence de sa nature, car il est le Dieu des dieux et non un Ange. La version iuxta Hebraeos de Jérôme lit : fortis Deus (le Dieu fort). Mais sont-ils une multitude de dieux ? - « Il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs. » - Dieu se dit en effet de trois manières

Par nature : et ce dernier est seulement un seul Dieu : « Écoute, Israël : le Seigneur ton Dieu est l'unique Seigneur. »

Semblablement, par participation, et ceux-ci sont nombreux : « S'il est des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre - il y a de la sorte beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs -, pour nous, néanmoins, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. »

De même, par dénomination et renommée, comme les idoles et les astres, par exemple Vénus et Saturne : Tous les dieux des nations sont des démons. 9 Mais certains dieux peuvent être appelés de quatre manières :

Selon une première manière par l'union ; et ainsi seul le Christ est appelé Dieu : « Mon Seigneur, et mon Dieu. »

D'autres, par la grâce de l'adoption : « Moi j'ai dit : "Vous êtes des dieux, et fils du Très-Haut, tous." »

Certains, par la participation à la puissance divine dans l'accomplissement des miracles : « Je t'ai établi le Dieu du Pharaon ; et Aaron ton frère sera ton prophète. »

D'autres, par la fonction, comme les juges : « Tu ne médiras pas des dieux. »

Semblablement le convocateur est loué pour son gouvernement, lorsqu'il dit : le Seigneur a parlé. Celui-ci a parlé intérieurement par l'inspiration : « J'écouterai ce que dira au-dedans de moi le Seigneur Dieu. »

De même pour sa parole extérieure : « Dans ces derniers temps, Dieu nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde. »

2. et il a appelé la terre, à savoir toute la terre, c'est-à-dire les habitants de la terre entière ; c'est pourquoi sont convoqués non point seulement quelques-uns choisis au milieu du monde, mais 2 depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher. - « Allez par le monde entier, et prêchez l'Évangile à toute créature. » - « Les nations viendront à toi des extrémités de la terre et diront : "Nos pères n'ont eu en héritage que le mensonge, des vanités qui ne servent à rien." »

3. L'ordre de l'appel est exposé lorsqu'il dit : de Sion se manifestera l'éclat de sa gloire ; autrement dit : cet appel a commencé à Sion : « De Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur », car les Apôtres, lorsqu'ils reçurent l'Esprit-Saint, étaient à Sion, et c'est alors qu'ils sont devenus forts pour aller à travers le monde. De Sion donc, là où étaient les Apôtres, l'éclat de sa gloire commença à se répandre. Le Christ, quant à lui, commença également à se répandre, mais son éclat ne paraissait pas, car il était enveloppé de faiblesse comme l'écrit Isaïe : « Nous l'avons vu ; et il n'avait pas d'apparence, et nous l'avons méconnu. Il était méprisé, le dernier des hommes, un homme de douleurs, qui connaît la souffrance ; son visage était caché ; il était méprisé et nous n'avons fait aucun cas de lui. » Mais après sa Passion sa puissance et son pouvoir apparurent.

3 Dieu viendra manifestement : notre Dieu, et il ne gardera pas le silence. Un feu s'allumera en sa présence, et autour de lui [s'élèvera] une tempête violente.

B. Ici le psalmiste traite de la venue du juge ; et il dit deux choses à propos de sa seconde venue, en rapport avec deux choses qui eurent lieu lors de sa première venue. Lors de sa première venue Dieu vint caché dans la faiblesse de son humanité : « Je couvrirai le soleil d'une nuée, et la lune ne donnera plus sa lumière. » - Et ce verset d'Isaïe : « Toi tu es vraiment un Dieu caché, le Dieu d'Israël, le sauveur » ; mais alors il sera manifesté : « Le voici qui vient avec les nuées et tout oeil le verra, même ceux qui l'ont transpercé. » - « Alors se découvrira l'impie, que le Seigneur Jésus exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l'éclat de son avènement. » Semblablement, lors de sa première venue, il montre sa mansuétude : « Comme une brebis qu'on mène à la tuerie, comme un agneau devant celui qui le tond, il a gardé le silence et il n'a pas ouvert la bouche. » Voilà pourquoi il n'a rien dit devant les chefs et les prêtres, rien devant Pilate. Mais alors il ne gardera pas le silence, mais parlera : « Toujours je me suis tu, j'ai gardé le silence, je me suis contenu », lorsqu'à mon jugement j'étais jugé, lorsque je supportais les méchants ; mais il criera comme la femme qui enfante. Et il dit : notre, autrement dit : ce Dieu qui vient n'est pas autre que le nôtre, et en dehors de celui-ci il n'est point de salut. La version iuxta Hebraeos de Jérôme lit : « Ex Sion perfecta decore Deus apparebit (De Sion Dieu apparaîtra dans sa beauté parfaite) », autrement dit : Dieu apparaîtra de Sion, qui est la beauté parfaite de l'Esprit-Saint. En parlant donc de la première chose il ajoute : Dieu viendra manifestement. En parlant de la seconde chose il dit : Un feu s'allumera en sa présence.

C. Ici le psalmiste expose les préparatifs de celui qui vient. Les princes se font apporter en sa présence leurs insignes et leurs glaives : « Ce n'est pas en vain qu'il porte le glaive, étant ministre de Dieu pour tirer vengeance de celui qui fait le mal », autrement dit : parce qu'ils ont le pouvoir de juger. Ainsi, avant la venue du Christ, précèdent les signes de sa vengeance, ainsi que les ministres du juge.

1) Le psalmiste expose donc d'abord les signes et les instruments de sa vengeance.

2) Puis il montre son pouvoir dans ses ministres : Il a appelé.

1. L'instrument du jugement divin est double. Le premier, le principal, vient du feu qui punit, et l'autre « de la création tout entière qui combat les insensés ».

- En parlant du feu qui punit il dit : Un feu s'allumera en sa présence. Au sens littéral le feu le précède, comme on le lit dans l'Exode : « Le Seigneur allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée, pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu, pour les éclairer, afin qu'ils pussent marcher le jour et la nuit », parce que le feu brûlera en détruisant, et purifiera la surface de la terre, purifiera si quelque chose doit être purifié chez les bons, et enfin enveloppera les méchants en enfer. Ou bien le feu est celui de la conscience en tourment : « Marchez à la lumière de votre feu. »

- En parlant du second instrument du jugement divin, il dit : et autour de lui [s'élèvera] une tempête violente, qui naît de l'ébranlement de tous les éléments avant le jugement : « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles, et, sur la terre, les nations seront dans l'angoisse et la consternation, au bruit de la mer et des flots, les hommes séchant de frayeur dans l'attente de ce qui doit arriver à la terre entière ; car les puissances des cieux seront ébranlées », et il y aura un tel ébranlement que même les puissances des cieux seront ébranlées. La tempête, c'est-à-dire l'indignation, aura lieu. autour de lui, c'est-à-dire des saints qui seront autour de lui-même : « Le Seigneur s'est levé pour rendre la justice, et il est debout pour punir les pécheurs. » - « L'indigence le surprendra comme l'eau. » - « Lorsque soudain se précipitera la calamité, et que la ruine fondra comme la tempête ; lorsque la tribulation et l'angoisse viendront sur vous. »

4 Il a appelé le ciel d'en haut et la terre pour faire le discernement de son peuple. 5 Rassemblez-lui ses saints, qui exécutent son alliance sur les sacrifices. 6 Et les cieux annonceront sa justice, parce que Dieu est juge.

2. Après avoir exposé la venue du juge pour le jugement, et les préparatifs du jugement quant à l'instrument du châtiment, il expose ici les préparatifs du jugement quant aux ministres.

a) Et il traite d'abord de l'assistance des ministres.

b) Puis de la fonction des anges : Rassemblez-lui.

c) Enfin de la fonction des apôtres : annonceront.

a. Dans la première partie, il fait mention du ciel et de la terre. Et on comprend [cela] de deux manières.

- Selon une première manière en tant que, par métonymie, le contenant s'entend pour le contenu, de sorte que par le ciel il désigne les saints qui sont dans les cieux, et par la terre il désigne les hommes qui sont sur la terre ; et ces derniers sont tous appelés au jugement. Et c'est un deuxième appel, car il a dit plus haut : et il a appelé la terre, car cet appel est un appel à la foi auquel tous, bons et mauvais, sont appelés : « Le royaume des cieux est semblable à un filet qu'on a jeté dans la mer et qui ramasse des poissons de toutes sortes. » Mais ce second appel est destiné à séparer, car « ils choisissent les bons pour les mettre dans des vases, mais rejettent les mauvais » ; et c'est pourquoi il dit : pour faire le discernement de son peuple, par la séparation des bons et des méchants : « Il séparera les uns d'avec les autres ; comme le pasteur sépare les brebis d'avec les boucs. » - « Juge-moi, ô Dieu, et discerne ma cause. » Mais autre est l'appel des cieux, et autre celui de la terre ; car les hommes célestes sont appelés comme juges : « En vérité je vous le dis, à vous qui m'avez suivi : dans la régénération, quand le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. » Les hommes terrestres sont appelés afin d'être jugés : « Je rassemblerai toutes les nations, et je les amènerai dans la vallée de Josaphat. » Ou bien : Il a appelé le ciel, c'est-à-dire les hommes célestes, c'est-à-dire les justes pour leur récompense : « Ceux qui ont été savants brilleront comme la splendeur du firmament ; et ceux qui en auront instruit plusieurs dans la justice [luiront] comme des étoiles dans les éternités sans fin. » et la terre, c'est-à-dire les terrestres, les méchants pour leur châtiment.

- Il peut aussi y avoir un autre sens, en tant que le ciel et la terre sont pris pour les créatures corporelles elles-mêmes : et ainsi sont-elles appelées par mode de témoignage ou de lutte contre les infidèles, car en elles les méchants ont pu sévir du ciel et de la terre : « Les cieux révéleront son iniquité, et la terre s'élèvera contre lui », c'est-à-dire contre le pécheur. Ou bien : Il a appelé le ciel d'en haut, afin qu'il lui donne les âmes saintes qu'il possède, et la terre, afin qu'elle donne les âmes des méchants qu'elle détient dans sa profondeur. Et la version iuxta Hebraeos de Jérôme s'accorde avec cela ; elle dit : « Congregate mihi omnes sanctos meos (Rassemblez-moi tous mes saints) », autrement dit : il appelle dans le dessein de faire paraître ses saints.

b. Rassemblez-lui ses saints. C'est la fonction des anges de rassembler les élus au jugement dernier : « Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité du ciel jusqu'à l'autre. » Ainsi le prophète Daniel parle-t-il des anges envoyés pour l'aider. Car ses saints sont ceux qui exécutent son alliance sur les sacrifices. Ce mot sur s'entend de deux manières.

- Selon une première manière, pour désigner l'ordre de la cause matérielle ; le sens est alors le suivant : sur les sacrifices, c'est-à-dire ceux qui font une alliance avec Dieu sur les sacrifices à offrir. Et il fait mention des sacrifices pour deux raisons. D'abord parce que la discussion qui suit portera sur les sacrifices, puis parce qu'elle aura lieu au jugement dernier seulement avec les fidèles qui seront jugés ; et ceux-là sont ceux qui ont fait alliance avec Dieu sur les sacrifices.

- Selon une autre manière, en tant que ce mot exprime un dépassement ; et alors il faut dire que par le mot « testament » on comprend le Nouveau Testament (alliance), qui les dépasse. D'où ce sens : sur les sacrifices, c'est-à-dire les sacrifices du Nouveau Testament ont prévalu sur les sacrifices de l'Ancien Testament. Ou bien le testament promis par Dieu ; et ainsi les mots sur les sacrifices signifient ceux qui regardent les biens promis par Dieu comme plus grands que tous nos mérites : « J'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous. » Ou bien, par ce mot « testament », on entend l'âme qui fait alliance avec la justice, la miséricorde, la fidélité et autres choses du même genre : « Je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu sauras que je suis le Seigneur. » Et ainsi les mots sur les sacrifices signifient ceux qui préfèrent les biens spirituels, et autres choses du même genre, aux sacrifices matériels : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice. »

Ou bien : qui exécutent son alliance sur les sacrifices, c'est-à-dire que ceux qui montrent leur appartenance à Dieu dans les sacrifices ont du respect pour l'alliance de Dieu : car certains rapportent les biens qu'ils accomplissent à autre chose, pour ils soient rassemblés à cette même fin : « Faites toutes choses pour la gloire de Dieu. »

c. les cieux annonceront. La fonction des Apôtres est d'annoncer ; et ces derniers sont désignés par les cieux. C'est pourquoi les cieux, c'est-à-dire les Apôtres, annonceront la justice de Dieu. Et on les appelle cieux, parce qu'eux-mêmes surpassent tous les choeurs des saints, et illuminent toute l'Église : « Les cieux racontent la gloire de Dieu. » Mais ils annonceront, parce que Dieu est juge, en instruisant par la doctrine : « C'est lui que Dieu a établi juge des vivants et des morts. » Ils instruisent donc à propos du jugement futur : « Nous tous, il nous faut comparaître devant le tribunal du Christ. » Selon un autre mode ils annonceront par l'autorité du juge, promulguant une sentence contre les méchants, quand ils siégeront sur douze trônes, comme le rapporte Matthieu : « Vous siégerez vous aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. »

7 Écoute, mon peuple, et je parlerai ; Israël, et je te prendrai à témoin : Dieu, ton Dieu, [c'est] moi [qui] le suis.

II. Ici le psalmiste traite de la discussion du jugement. Dans la discussion d'un jugement, trois choses sont nécessaires.

Une première chose est requise de notre côté ; une autre du côté de Dieu ; une troisième est la discussion elle-même.

De notre côté est requise non seulement une écoute extérieure matérielle, vis-à-vis des choses qui sont entendues matériellement, mais aussi une écoute intérieure : « Si tu aimes à écouter, tu seras sage. » Et c'est pourquoi il dit : Écoute, c'est-à-dire sois aussi attentif intérieurement : « Que celui qui a des oreilles pour écouter, écoute. » mon peuple, car celui qui n'est pas de son peuple ne l'écoute pas : « Quiconque s'est mis à l'écoute du Père et à son écoute vient à moi. » Et encore : « Si vous, vous n'écoutez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu. »

Du côté de Dieu sont requis la parole et le témoignage. Or il y a un double langage de Dieu. L'un est extérieur et se communique par les prédicateurs : « Dieu parlant jadis à nos pères par les prophètes. » L'autre est intérieur et se communique par l'inspiration : « J'écouterai ce que dira au-dedans de moi le Seigneur Dieu. »

Le témoignage aussi est double : l'un a lieu par des miracles : « Les oeuvres mêmes que je fais, rendent témoignage de moi. » L'autre par des témoins : « Vous êtes mes témoins, dit le Seigneur. » - « Vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » Et ainsi ces paroles peuvent être regardées comme des paroles du Christ instruisant son peuple : Écoute, mon peuple, et je parlerai ; Israël, et je te prendrai a témoin, par des miracles : « Les oeuvres que le Père m'a données pour que je les accomplisse, ces oeuvres que je fais rendent témoignage de moi. » Et encore : « Vous scrutez les Écritures, dans lesquelles vous pensez avoir la vie éternelle ; or ce sont elles qui me rendent témoignage. » Et c'est pourquoi je parlerai par les miracles et par les Écritures, c'est-à-dire il apparaîtra dans les Écritures que moi je dis la vérité, et que je suis la vérité. Et quel sera mon témoignage ? Dieu, ton Dieu, [c'est] moi [qui] le suis, c'est-à-dire d'une manière unique : « Moi je suis le Seigneur. »

Et il dit : [je] suis, à cause de [son] éternité, car il ne décline ni au passé, ni au futur ; et il dit : ton Dieu, car il est issu de la descendance d'Abraham « de qui est issu le Christ selon la chair ».

8 Je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices ; car tes holocaustes sont en ma présence toujours. 9 Je ne prendrai pas les veaux de ta maison, ni les boucs de tes troupeaux. 10 Car sont miennes toutes les bêtes sauvages des forêts, [ainsi que] les animaux sur les montagnes et les boeufs. 11 Je connais tous les volatiles du ciel, et la beauté des champs est avec moi. 12 Si j'ai faim, je ne te le dirai pas ; car à moi est le globe de la terre et sa plénitude.

Ici le psalmiste traite de la discussion elle-même ; et à ce propos il fait trois choses.

A) Il désapprouve d'abord le sacrifice ancien.

B) Puis il fait mention du sacrifice nouveau : 14 Immole à Dieu.

C) Enfin il écarte les méchants de ce sacrifice : 16 Mais au pécheur.

A. Les sacrifices sont des protestations de foi ; et parce que son peuple va devoir mettre ces sacrifices devant la face de Dieu, il parle d'abord de la foi au Dieu unique.

1) Et il dévoile d'abord son intention.

2) Puis il en donne la raison.

1. Ainsi dit-il : je viendrai, et je jugerai, et je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices, c'est-à-dire pour ceux que tu n'as pas omis.

Mais alors celui qui omettrait un sacrifice, commettrait une erreur ; or « pour toute erreur il sera amené en jugement », comme le dit l'Ecclésiaste.

On répondra que l'homme est repris lorsqu'il n'accomplit pas la volonté d'un supérieur : « Car la volonté de Dieu, c'est votre sanctification. » Mais ces sacrifices ne contribuent pas à votre sainteté ; et c'est pourquoi ils ne sont pas voulus en soi par Dieu, mais ils existent en tant qu'ils sont des signes d'une autre réalité ; aussi le Seigneur dit-il dans Osée : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice, et la connaissance de Dieu plutôt que des holocaustes » ; et ils existent encore en tant qu'ils sont des signes de la vertu intérieure, et c'est pourquoi les hommes sont repris en soi pour les vertus qu'ils n'ont pas pratiquées, non pour les sacrifices.

2. Il manifeste la raison de son intention :

a) D'abord de leur côté.

b) Puis de son propre côté.

a. Ainsi dit-il : tes holocaustes sont en ma présence toujours, autrement dit, je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices, car tu es prompt à offrir des sacrifices matériels : car les Juifs offraient volontiers des sacrifices, parce qu'ils prenaient leur plaisir en eux dans des festins : « Voici la joie et l'allégresse, on tue des veaux et on égorge des béliers, on mange de la viande et on boit du vin. » Ou bien autrement : Je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices, matériels, car tes holocaustes, spirituels, sont en ma présence toujours, c'est-à-dire me plaisent. Et ces holocaustes le sont, comme le dit Grégoire, lorsque l'homme s'offre tout entier à Dieu, c'est-à-dire lorsqu'il s'offre lui-même et tout ce qu'il a, et se dépense ainsi au service de Dieu.

b. Du côté de Dieu il manifeste la raison, lorsqu'il dit : 9 Je ne prendrai pas les veaux de ta maison. La raison pour laquelle je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices, c'est que je ne les cherche pas principalement, je ne reprends pas principalement pour ceux-ci. Il y avait deux sacrifices principaux : celui du veau, et celui du bouc. Et ces deux sacrifices, il montre qu'il ne les prend pas, c'est-à-dire ne les accepte pas, de la maison des choses matérielles. ni de tes troupeaux, matériels, je ne prendrai, c'est-à-dire n'accepterai, les boucs. - « Est-ce que le Seigneur peut être apaisé par des milliers de béliers  ? »

10 Car sont miennes toutes les bêtes sauvages des forêts. Il prouve ce qu'il a dit, à savoir qu'il n'approuve ni les veaux, ni les boucs ; et que s'il en avait besoin, il ne les prendrait pas de sa maison. Nul ne demande quelque chose qui est en son pouvoir ; or tous les sacrifices que ceux-ci offraient étaient au pouvoir de Dieu. Trois choses étaient offertes dans l'Ancien Testament : les animaux quadrupèdes, les oiseaux et les fruits, c'est-à-dire les prémices et les pains.

En parlant de la première offrande il dit : toutes les bêtes sauvages des forêts sont miennes. Les quadrupèdes se divisent en deux genres : car certains sont des forêts, et d'autres domestiques, et bien que les quadrupèdes des forêts ne soient pas offerts, il les énumère cependant afin qu'il apparaisse davantage que même les quadrupèdes domestiques sont siens. Mais au sens mystique, par ces animaux divers genres de personnes peuvent être désignés, aussi dit-il : les bêtes sauvages, c'est-à-dire les infidèles, les bêtes de somme, c'est-à-dire les fidèles, les boeufs sur les montagnes, c'est-à-dire les Apôtres ; toutes ces bêtes sont miennes.

En parlant de la deuxième offrande il dit : 11 Je connais tous les volatiles du ciel, c'est-à-dire ceux-ci se soumettent à ma providence. Par ces volatiles on entend les saints anges, qui sont leur similitude.

En parlant de la troisième offrande il dit : et la beauté des champs est avec mot, c'est-à-dire tout ce qui est beau en eux me sert. Ou bien : la beauté des champs est avec moi, car je suis en tout lieu. Et le psalmiste dit est, parce que je suis toujours, sans passé, et sans futur.

12 Si j'ai faim, je ne te le dirai pas. Il conclut par l'impossible. Si j'avais besoin d'eux, je ne te le dirais pas, c'est-à-dire je ne l'exigerais pas de toi. Pourquoi ? Parce qu'à moi est le globe de la terre et sa plénitude. - « Au Seigneur est la terre et toute sa plénitude ; le globe du monde et tous ceux qui l'habitent. »

13 Est-ce que je mangerai des chairs de taureaux ? Ou boirai-je du sang des boucs ?

Plus haut le psalmiste, au nom du Seigneur, a donné la raison pour laquelle le Seigneur ne prendra pas les boucs, même s'il en avait besoin ; mais ici il montre qu'il n'en a pas besoin. Et il faut savoir qu'il est prescrit dans la loi que les chairs d'holocaustes devaient être brûlées, et que le sang devait être répandu au pied de l'autel. Et l'on pourrait supposer que Dieu se délecte du sang et des chairs de ces holocaustes. Les païens pensaient aussi que leurs dieux se délectaient des odeurs des chairs et de l'effusion du sang, comme le rapporte Augustin. Et le Seigneur dit qu'il ne se délecte pas dans ce qui ne procure pas de délectation en soi ; et c'est pourquoi il déclare : Est-ce que je mangerai des chairs de taureaux ? Ou boirai-je du sang des boucs ? Autrement dit : non, parce que je n'en ai pas besoin, ni ne m'en délecte, car je me délecte dans ce qui de soi est nourriture de Dieu, or la nourriture et la boisson de Dieu sont différentes des chairs et du sang des animaux : car la nourriture de Dieu est ce qui fait la nourriture de tous les saints : « Moi je vous prépare le royaume, comme mon Père me l'a préparé. » Et ainsi la réfection des saints et de Dieu est-elle la même. Mais les saints sont refaits par l'amour de Dieu lui-même, tandis que Dieu se refait dans sa propre fruition : « Moi je me nourris d'une nourriture invisible, et d'un breuvage qui ne peut être vu des hommes. »

14 Immole à Dieu un sacrifice de louange, et rends au Très-Haut tes voeux.

B. Ici le psalmiste montre en quoi consiste ce sacrifice que Dieu accepte.

1) Et il montre d'abord ce que Dieu accepte de la part de l'homme.

2) Puis ce qu'il rétribue.

1. Dieu requiert deux choses de la part de l'homme.

a. D'abord un sacrifice de louange. Et ce sacrifice est appelé louange, parce qu'il n'est rien d'autre que la protestation de la dévotion intérieure et de la foi : car par ce sacrifice nous reconnaissons Dieu créateur de toutes choses : « Tout est à toi, et ce que nous avons reçu de ta main, nous te l'avons donné. » Augustin dit, dans son Traité de la doctrine chrétienne, qu'il n'est aucun signe aussi expressif et signifiant l'intention du coeur que la parole. Et la foi extérieure et la dévotion ne peuvent mieux être expliquées que par l'offrande de la louange : et ainsi la louange est-elle davantage acceptée par Dieu que la tuerie des animaux : « Par lui offrons à Dieu sans cesse une hostie de louange. » - « Offrons, au lieu de taureaux, [l'hommage] de nos lèvres. »

b. Ensuite le Seigneur requiert qu'il rende ses voeux au Très-Haut. Et c'est pourquoi il dit : et rends au Très-Haut tes voeux. La louange est le sacrifice de Dieu, en tant qu'elle est le signe de la dévotion intérieure ; car la louange signifie que l'homme offre son esprit à Dieu, et Dieu veut que cela lui soit rendu ; et tel est le voeu, et ainsi est-il un acte de latrie : « Ils l'honoreront par des sacrifices et des oblations ; ils feront des voeux au Seigneur, et ils les accompliront. » - « Si tu as fait un voeu à Dieu, ne tarde pas à l'accomplir, car la promesse infidèle et insensée lui déplaît ; mais tout ce que tu voues, accomplis-le. »

15 Et invoque-moi au jour de la tribulation : je te délivrerai et tu m'honoreras.

2. Ici le Seigneur expose ce qu'il rétribue à ceux qui l'honorent.

a) Et il montre d'abord ce que les saints endurent.

b) Puis ce qu'ils font dans les tribulations.

c) Ensuite, ce qu'ils reçoivent de Dieu.

d) Enfin, ce qu'ils donnent en retour à Dieu.

a. Il dit donc que le fait pour une personne de rendre des voeux n'amoindrit pas pour autant son affliction : « Mes ennemis me persécutent injustement. » La raison est due au fait que si les justes n'étaient pas affligés en ce monde, beaucoup serviraient Dieu non pour lui-même, mais à cause de la prospérité.

b. Puis il montre ce qu'ils font au temps de la tribulation, car ils doivent invoquer Dieu : Et invoque-moi.

c. Dieu que fera-t-il ? Il le libérera : je te délivrerai. - « Lorsque j'étais dans la tribulation, vers le Seigneur j'ai crié et il m'a exaucé. »

d. Et ensuite, après avoir été libéré, il doit honorer Dieu : et tu m'honoreras.

16 Mais au pécheur Dieu a dit : Pourquoi racontes-tu mes justices, et prends-tu mon alliance en ta bouche ? 17 Mais toi, tu as haï la discipline, et tu as rejeté mes paroles derrière toi. 18 Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui, et avec les adultères tu mettais ta part.

C. Ici le psalmiste écarte certains, à savoir les pécheurs, du sacrifice de louange ; et il expose trois choses.

1) D'abord la perversité humaine.

2) Puis la patience de Dieu.

3) Enfin il menace le pécheur de la sévérité divine.

1. La perversité humaine consiste en ce qu'ils disent du bien et font le mal ; et c'est pourquoi il montre comment ils sont indignes de dire du bien.

a. Or il y a un double bien : le premier est l'instruction des moeurs, l'autre est l'action de former à la louange de Dieu. Il dit donc : toi, c'est-à-dire mon peuple, immole à Dieu un sacrifice de louange, etc. Mais au pécheur Dieu a dit, c'est-à-dire il a été établi par une disposition divine qu'il est injuste de dire le bien et de faire le mal. Et il a dit cela parce que cette disposition a été gravée dans l'esprit de tous, même des pécheurs. Et qu'a-t-il dit ? Pourquoi racontes-tu mes justices ? - « Toi qui prêches qu'il ne faut pas voler, tu voles. »

Mais celui qui est en état de péché mortel, pèche-t-il mortellement lorsqu'il prêche ou enseigne ? Il faut dire que son péché est ou bien public, ou bien secret : et s'il est secret, il est soit commis avec mépris et sans regret, soit accompagné de regret.

Il faut donc dire que si quelqu'un est en état de péché public, il ne doit pas prêcher publiquement ou enseigner. Et je dis en public, parce que si le péché n'est pas public, il pourrait en secret reprendre avec charité son frère pour un péché plus petit que son propre péché, qui est secret, en se reprenant cependant lui-même. Mais s'il est en état de péché secret, et sans regret, alors il provoque Dieu, parce qu'il simule : « Par sa bouche celui qui feint trompe son ami. » Et c'est de ces péchés dont il parle ici, comme le rapporte la Glose d'Augustin : « Que la langue n'ait pas la présomption de louer ce que la conscience contredit. »

Mais si le péché est secret et cause de la douleur, il ne pèche pas en prêchant ou en enseignant, même s'il parle publiquement contre le péché : car en détestant ainsi les péchés des autres il déteste aussi le sien.

et prends-tu mon alliance en ta bouche ? La justice se réfère à l'instruction, l'alliance se réfère à la louange de la foi : « La louange n'est pas belle dans la bouche du pêcheur », car le nom de Dieu est très saint ; et c'est pourquoi il ne convient pas qu'il soit approprié par les pécheurs comme s'il était usurpé : « De même que le boiteux a en vain de belles jambes, ainsi la sentence est choquante dans la bouche des insensés. »

b. 17 Mais toi, tu as haï la discipline. Ici le psalmiste montre les maux que commettent les pécheurs. Et ils commettent deux maux :

Il y a d'abord le fait qu'ils haïssent la correction divine ; aussi dit-il : Mais toi, tu as haï la discipline. Cette correction des moeurs se fait par des moyens difficiles : « Toute correction, il est vrai, semble au moment même un sujet non de joie, mais de tristesse. » Les mauvais haïssent cette correction : « Si vous êtes exempts de la correction à laquelle tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non de [vrais] fils. » - « Enseigne-moi la bonté, et la discipline et la science, parce que j'ai cru à tes commandements. » - « Ils ont haï celui qui les reprenait à la porte, et ils ont cu en abomination celui qui tenait un langage parfait. » Toi donc, tu ne veux pas être châtié par les autres alors que chaque jour tu pèches. et tu as rejeté mes paroles derrière toi, grâce auxquelles tu es instruit en vue de bien agir et d'être digne de récompense. De telles paroles doivent être considérées avec respect. Mais ceux-ci, à savoir les pécheurs, ne les accueillent pas, et ne les prennent pas en considération : « Ils écoutent tes paroles, et ne les mettent point en pratique, car ils les changent en chansons pour la bouche. » Ou bien : tu as rejeté, c'est-à-dire tu as tenu pour rien, derrière toi, de telle sorte que tu ne les prennes même pas en considération.

18 Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui. Ici il fait connaître la malice des pécheurs quant à la pratique du mal. Mais un peu avant il montre leur défaut concernant leur manquement au bien, lorsqu'il dit : Mais toi, tu as haï la discipline, etc.

- Et il expose d'abord leur méchanceté quant au mal opéré.

- Ensuite quant au mal proféré de bouche.

- Ainsi dit-il : Si tu voyais. Il faut savoir ici que ces paroles proférées au nom de Dieu sont adressées au pécheur qui annonce et prêche la justice de Dieu. Et elles s'appliquent surtout aux supérieurs et aux docteurs qui ne tombent pas facilement d'eux-mêmes dans le péché, mais donnent leur consentement aux autres pécheurs, aussi ces paroles sont-elles dirigées contre eux : « Ceux qui font de telles choses sont dignes de mort, non seulement ceux qui les font, mais encore ceux qui approuvent ceux qui les font. » Héli fut puni, lui qui ne parvint pas à corriger ses fils. Et c'est pourquoi le Seigneur les reprend. Et il traite de deux choses, a savoir du vol et de l'adultère.

En parlant du vol il dit : Si tu voyais un voleur, pour que tu le défères en justice, tu courais avec lui, sans le corriger : « Tes princes sont infidèles, complices des voleurs. »

De même, en parlant de l'adultère, il dit : avec les adultères tu mettais ta part, parce que tu ne corriges pas les adultères, mais tu les flattes, coopères avec eux et les favorises, dès qu'ils parviennent à ta connaissance : « Ils sont tous adultères. » Et il y a vol spirituel, lorsque d'après les paroles de l'Écriture sainte le corrupteur vole le véritable sens ; et ainsi voyant le véritable sens corrompu et occulte, toi y consentant aussi, tu cours avec lui : « Voici que je viens aux prophètes, dit le Seigneur, qui volent mes paroles chacun à son prochain. » L'adultère est spirituel, lorsque les paroles sont détournées vers un autre sens, ou vers une autre finalité ; par exemple s'ils les prêchent en vue du lucre ou de la séduction : « Nous ne sommes pas comme la plupart, nous ne frelatons pas la parole de Dieu ; mais c'est avec sincérité, mais c'est de par Dieu, c'est face à Dieu, dans le Christ que nous prêchons. »

19 Ta bouche a abondé en malice, et ta langue ajustait des tromperies. 20 Assis, tu parlais contre ton frère, et contre le fils de ta mère tu posais une pierre d'achoppement. 21 Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu. Tu as estimé injustement que je serai semblable à toi ; je te reprendrai, et mettrai [tout] devant ta face.

- Ici il traite du péché de la bouche qui est aggravé de deux manières.

· D'abord par les circonstances.

· Puis par la condition des personnes : Assis.

· Concernant les circonstances il fait deux choses.

Il expose d'abord les circonstances aggravantes, à savoir la fréquence.

Une autre circonstance est la tromperie.

La fréquence : car si quelqu'un commet quelquefois un péché, c'est en quelque façon tolérable. Ou bien, s'il dit quelque chose de désordonné par un abus de langage, on le supporte facilement : « Si quelqu'un n'offense pas en parole, c'est un homme parfait. » Mais si quelqu'un emplit sa bouche de malédictions, cela procède alors de sa propre malice, car « c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle ». - « Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume. »

Le péché de la langue est aussi aggravé par la tromperie, ou la fraude : « Leur langue est une flèche qui blesse ; elle parle pour tromper » ; et c'est pourquoi il dit : et ta langue ajustait des tromperies, c'est-à-dire inventait, et à la manière de celui qui enseigne, elle organisait des tromperies afin que ses paroles soient agréées : « Le témoin précipité se fait une langue de mensonge. »

· 20 Assis, tu parlais contre ton frère. Ici il montre comment le péché de la langue est aggravé par la condition des personnes.

Et d'abord par la condition de celui qui parle.

Puis par la condition de celui contre qui il parle.

Enfin par la condition de ceux qui écoutent.

Ainsi dit-il : Assis. Il arrive parfois que quelqu'un dise une parole amère, après avoir été troublé et sous le coup d'une provocation, et cela est en tout cas tolérable. Mais lorsque quelqu'un a le coeur tranquille, non excité, et dit du mal, cela est inique et détestable ; et c'est pourquoi il dit : Assis, c'est-à-dire tranquille : « Ceux qui étaient assis à la porte parlaient contre moi. »

Le péché est aggravé à cause de la condition de la personne contre laquelle il parle : car s'il parlait contre une personne inique, ce serait avec raison. Mais il dit : contre ton frère. - « Que chacun se garde de son prochain. »

et contre le fils de ta mère tu posais une pierre d'achoppement. Ici il montre comment le péché est aggravé par ceux qui s'en scandalisent, c'est-à-dire par la condition de ceux qui écoutent ; et c'est pourquoi il dit : tu posais une pierre d'achoppement, c'est-à-dire pour les autres en parlant contre ton frère. Et en disant : le fils de ta mère, il montre que les petits qui tètent sont appelés fils d'une mère, et que les tout-petits se scandalisent des paroles mauvaises qu'il dit.

2. 21 Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu. Le psalmiste traite ici de la simulation de Dieu.

- Et il expose d'abord la dissimulation de Dieu.

- Puis l'effet de cette dissimulation sur les méchants : Tu as estime.

- Ainsi dit-il : Voilà ce que tu as fait, à savoir toutes les choses qui ont été mentionnées plus haut : tu as dit du bien, et tu as accompli le mal, comme l'exprime le psalmiste au nom de Dieu, et moi je me suis tu, c'est-à-dire je ne t'ai pratiquement pas corrigé et puni aussitôt ; mais par clémence et miséricorde j'ai attendu ta repentance : « Longtemps je me suis tu, j'ai gardé le silence. » - « Ignores-tu que la bénignité de Dieu t'amène à la pénitence ? » Mais l'homme mauvais et le pécheur abusent de cette clémence dans leur orgueil : « Par ton endurcissement et ton coeur impénitent, tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres. »

- Et c'est pourquoi il dit : Tu as estimé injustement que je serai semblable à toi. Mais on a dit plus haut : Si tu voyais un voleur, etc. Les pécheurs y trouvent leur prétexte et les hommes injustes croient que le péché plaît à Dieu et qu'il ne punit pas, parce qu'il se tait : Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu, mais cette estimation est injuste, parce que « sont également odieux à Dieu et l'impie, et son impiété », comme le rapporte la Sagesse ; et on lit dans Habacuc : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux regarder l'iniquité. »

3. Mais je te reprendrai. En disant cela le psalmiste expose la sévérité divine.

a) Et d'abord dans son reproche.

b) Puis dans son effet.

a. Ainsi dit-il : je te reprendrai, c'est-à-dire je te condamnerai : « Seigneur, ne me châtie pas dans ta colère. » - Dans la colère est l'effet : et mettrai [tout] devant ta face. Dieu, qui punit, punit non seulement par lui-même, mais aussi par les autres créatures : « L'univers combattra avec lui contre les insensés. » Semblablement, l'homme, quant à lui, combat aussi contre lui-même par le remords de la conscience. Et ainsi il combat aussi contre lui-même et se reprend par lui-même ; tel est ce qu'il dit : et [je] mettrai [tout] devant ta face, c'est-à-dire toi-même tu te condamneras : « Personne ne t'a condamnée ? Celle-ci dit : Personne, Seigneur. Alors Jésus dit : Moi non plus je ne te condamnerai pas. » Ou bien : je mettrai [tout] devant ta face, c'est-à-dire les créatures, comme le dit la Sagesse ; soit les créatures raisonnables, c'est-à-dire les Anges et les saints, soit les créatures sans raison, dont on fait mauvais usage dans le péché : « Pourquoi m'as-tu mis en opposition avec toi, et suis-je à charge à moi-même ? », car le pécheur dira contre lui-même : « Nous avons erré hors du chemin de la vérité. » - « Je révélerai tes parties honteuses jusqu'à ton visage. » - « L'air de leur visage témoigne contre eux. » Et ce châtiment est le ver de la conscience.

22 Comprenez ces choses, vous qui oubliez Dieu ; de peur qu'il n'enlève, et qu'il n'y ait personne qui [vous] délivre. 23 Le sacrifice de louange m'honorera, et là est le chemin par lequel je lui montrerai le salut de Dieu.

b. Ici il exhorte les pécheurs à une considération.

- Et d'abord à considérer la sévérité de Dieu.

- Puis il montre ce qui est agréé par Dieu dans les sacrifices.

- Le psalmiste les exhorte donc d'abord à comprendre ; aussi dit-il : Comprenez ces choses, vous qui oubliez Dieu, c'est-à-dire considérez les choses qui ont été dites. Et cela est nécessaire, parce que vous êtes oublieux de Dieu : « Tu as oublié le Seigneur ton Créateur. » Ensuite il montre ce qu'ils comprennent : de peur qu'il n'enlève, c'est-à-dire le diable, et qu'il n'y ait personne qui [vous] délivre, c'est-à-dire de son pouvoir. Lorsque le diable entraîne au châtiment de l'enfer, il n'y a personne qui vous délivre. Parfois il entraîne au péché, et Dieu délivre le pécheur : « Je le délivrerai. » Que Dieu ne délivre pas du pouvoir du diable celui qui est entraîné à la damnation n'est pas dû à son impuissance, mais au fait qu'il le veut à cause de sa propre justice.

- 23 Le sacrifice de louange m'honorera. Ici le psalmiste conclut sur ce qui est agréé de Dieu dans les sacrifices.

Et il montre qu'il y a un double fruit en eux. Le premier fruit est du côté de Dieu, afin que son excellence soit manifestée, et cela se fait par le sacrifice de la louange vocale : « Faites tout pour la gloire de Dieu. » L'autre fruit est de notre côté, c'est-à-dire le véritable salut ; aussi dit-il : et là est le chemin par lequel je lui montrerai le salut de Dieu, c'est-à-dire pour voir Dieu : « Ils ont élevé la voix, ils loueront ensemble. » La version iuxta Hebraeos de Jérôme lit : « Et qui ordinate ambulat, ostendam illi salutare Dei (Et [à] celui qui marche de façon ordonnée, je lui montrerai le salut de Dieu) » ; autrement dit, deux choses sont nécessaires au salut, c'est-à-dire le sacrifice de la louange, et la marche ordonnée.


Éditions du Cerf

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