1 Pour la fin. Intelligence de David. 2 Lorsque Doëg l'Iduméen vint annoncer à Saül que David était venu dans la maison d'Abimelech.
3 Pourquoi te glorifies-tu en ta malice, toi qui es puissant en iniquité ? 4 Tout le jour, ta langue a médité l'injustice : comme un rasoir aiguisé, tu as trompe.
5 Tu as aimé la malice plus que la bénignité, et un langage d'iniquité plutôt que d'équité. 6 Tu as aimé toutes les paroles de perdition, ô langue trompeuse.
7 C'est pour cela que Dieu te détruira pour toujours, et t'enlèvera, et te fera sortir de ta tente, et ta racine de la terre des vivants.
8 Les justes verront cela et ils craindront, et ils se riront de lui et ils diront : « 9 Voici un homme qui n'a pas pris Dieu pour son aide, mais qui a espéré dans la multitude de ses richesses, et qui s'est prévalu de sa vanité. »
10 Pour moi, comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu, j'ai espéré dans la miséricorde de Dieu pour l'éternité, et pour les siècles des siècles. 11 Je te louerai à jamais, car tu as agi ; et j'espérerai ton nom, parce qu'il est bon, en présence de tes saints.
Ici commence la deuxième division de cinquante psaumes. Et comme on l'a dit au début de ce livre, la première division de cinquante psaumes est ordonnée aux pénitents, tandis que cette deuxième division est ordonnée aux progressants. En relation avec ces derniers il y a successivement trois choses à considérer : en effet le premier degré des progressants est la justification. Le deuxième degré est l'exercice des bonnes oeuvres. Le troisième est la considération des oeuvres divines.
Et ainsi cette division de cinquante psaumes comprend trois parties. La première traite des choses qui concernent la justification. La deuxième traite des choses qui sont relatives à l'accomplissement des bonnes oeuvres : « O Dieu, donne ton jugement au roi. » La troisième traite des choses qui ont trait à la considération des oeuvres divines : « Dieu se tient en l'assemblée des dieux. »
Deux choses sont nécessaires à la justification : l'aversion du péché et la conversion à Dieu. Et de même, il y a deux choses dans le péché qui sont en opposition. Il expose donc d'abord les psaumes qui sont ordonnés à l'aversion et à la détestation du péché ; ensuite ceux qui sont ordonnés à la pratique ou au maintien de la soumission à Dieu : « Est-ce que mon âme ne sera pas soumise à Dieu ? »
Touchant l'aversion et la détestation du péché, il montre deux choses : d'abord la malice des pécheurs ; ensuite les maux qui sont perpétrés par les pécheurs.
Le péché est aggravé par deux choses : par l'attachement de celui qui le commet et par le mépris de Dieu. Donc le péché aggrave en premier lieu la malice des pécheurs par leur attachement, ensuite il aggrave leur malice par le mépris de Dieu : « L'insensé a dit dans son coeur : "Il n'est pas de Dieu." »
1 Pour la fin. Intelligence de David. 2 Lorsque Doëg l'Iduméen vint annoncer à Saül que David était venu dans la maison d'Abimelech.
Le titre de ce psaume est : Pour la fin. Intelligence de David. Lorsque Doëg l'Iduméen vint annoncer à Saül que David était venu dans la maison d'Abimelech. Cette histoire est rapportée par le premier livre des Rois. Lorsque David fuyant Saül se rendit à Nob où se trouvaient les prêtres, et prit le glaive de Goliath ainsi que les pains de proposition. Et Doëg l'Iduméen était présent, lui qui était le premier parmi les gardiens de Saül ; et Saül se plaignant de ce que personne ne combattait pour lui contre David, ce Doëg raconta comment le prêtre Abimelech avait reçu David, et lui avait donné le glaive de Goliath ainsi que les pains de proposition. Alors Saül irrité ordonna de tuer tous les prêtres. Il y a cependant une différence entre le titre du psaume et l'histoire, car le prince des prêtres est appelé Abimelech dans l'histoire, et dans le titre on lui donne le nom d'Abimelech. La Glose dit que cela est dû à une faute de scribe, ou bien que c'est en raison d'une signification cachée, car par David est signifié le Christ : tantôt parce qu'il usa de la fonction de la dignité royale, tantôt aussi parce qu'il usa de la fonction de la dignité sacerdotale en mangeant les pains de proposition. Doëg veut dire » mouvement » ; Iduméen « terrestre » ; Saül « demande » ; Abimelech « royaume de mon père ». Donc Doëg qui fut mû par les choses terrestres, lorsque David vint, c'est-à-dire le Christ, chez Abimelech, c'est-à-dire chez les Juifs, qui sont le royaume de mon Père, [Doëg annonça) à Saül, c'est-à-dire à la mort, que les impies l'ont appréhendé et accusé, et l'ont tué. Ou bien Doëg, c'est-à-dire l'Antéchrist qui ébranlera les hommes à la fin du monde. Quand le Christ vint dans son Église, il annonça au diable qu'il serait persécuteur de l'Église. Aussi tout ce psaume s'entend principalement des méchants qui persécutent le Christ, ou en lui-même, ou dans ses membres.
3 Pourquoi te glorifies-tu en ta malice, toi qui es puissant en iniquité ? 4 Tout le jour, ta langue a médité l'injustice : comme un rasoir aiguisé, tu as trompé.
Ce psaume se divise en deux parties.
I) Dans la première partie il traite de la malice du pécheur, qui participe à l'iniquité.
Il) Puis il traite de la justice des saints : 10 Pour moi, comme un olivier.
I. En traitant de la malice du pécheur il fait deux choses.
A) Il traite d'abord de la faute des méchants.
B) Ensuite de leur châtiment : 7 C'est pour cela que Dieu te détruira.
A. Il faut savoir que dans l'homme qui s'adonne au péché, trois choses se succèdent selon un ordre. Il y a d'abord la jouissance du péché. Puis la pensée du péché, car nous portons notre pensée sur ce que nous aimons. Enfin l'exaltation résultant du péché commis. N'importe qui se réjouit naturellement quand il accomplit ce qu'il aime. Ainsi donc le psalmiste procède-t-il à partir de la fin.
1) Il commence par mentionner l'exaltation des méchants résultant de l'acte du péché.
2) Ensuite il mentionne la pensée du péché : Tout le jour.
3) Enfin l'amour du péché : Tu as aimé.
1. Concernant l'exaltation des méchants résultant de l'acte du péché il fait deux choses.
a) Il expose d'abord la puissance de certains à accomplir le mal.
b) Puis il montre que certains se glorifient de leur oeuvre mauvaise.
a. Certains sont donc prompts et forts pour accomplir des actes mauvais, mais faibles quand il s'agit d'actes bons. Il dit donc : toi, pécheur, qui es puissant en iniquité. - « Tu as fait le mal, et tu as prévalu. » - « Malheur à vous qui êtes puissants à boire le vin, et des hommes vaillants à mêler des boissons enivrantes ; qui justifiez l'impie pour des présents, et ravissez au juste sa propre justice ! »
b. Donc toi qui es tellement puissant, quid, c'est-à-dire quare, pourquoi te glorifies-tu en ta malice ? En conséquence tu dois avoir honte, être rempli de confusion, et être attristé : « Ils se réjouissent lorsqu'ils ont mal fait, et ils tressaillent de joie dans les choses les plus mauvaises. »
2. Tout le jour, ta langue a médité l'injustice, etc. Le psalmiste montre ici la deuxième chose qu'il avait mentionnée plus haut : que non seulement ils se glorifient dans leurs maux, mais qu'ils méditent comment accomplir le mal. Et il expose d'abord l'assiduité ininterrompue de leur pensée, aussi dit-il : Tout le jour, ta langue a médité l'injustice. On dit de manière impropre que la langue médite, parce que l'acte de penser relève du coeur, et c'est pourquoi cela peut se comprendre de deux manières : ta langue, c'est-à-dire ton coeur, car il se manifeste dans la langue : « Dans la bouche des insensés est leur coeur » ; car il ne fait qu'un avec la langue, c'est-à-dire que le coeur est prêt à parler. Ou bien : ta langue a médité l'injustice, en tant qu'elle exprime les choses méditées tout le jour. Et spécialement parce que le coeur enseigne à pécher par la langue. Puis il accomplit efficacement ce qu'il médite, aussi dit-il : comme un rasoir aiguisé, tu as trompé. Et c'est une similitude pour trois raisons.
a. D'abord, parce qu'un couteau aiguisé, c'est-à-dire un rasoir, coupe efficacement et rapidement, car aucun poil ne lui résiste ; ainsi Doëg n'a ni respecté la dignité sacerdotale, ni manifesté de la crainte envers David, ni envers quoi que ce soit, mais il tua tous les prêtres : « À la lumière du matin ils accomplissent le mal », c'est-à-dire aussitôt.
b. Ou bien : comme un rasoir aiguisé, etc., car de même qu'un rasoir rase les poils, ainsi les méchants aiguisent leur ruse contre les justes, c'est-à-dire envoient des persécuteurs ; mais à vrai dire ils font cela à la manière d'un rasoir qui rase les poils superflus, car les pécheurs n'enlèvent rien aux saints Si ce n'est des choses superflues, c'est-à-dire temporelles, mais jamais des biens spirituels.
c. Ou bien : comme un rasoir, etc., car il promet seulement la purification ; mais de même que des barbiers inexpérimentés entaillent la chair, ainsi font les méchants, eux qui par leur machination entaillent la chair des justes, c'est-à-dire s'appliquent à détruire leur réputation par leur langue inique : « Ils parlent de paix avec leur prochain. » Une version de Jérôme lit : « Quid gloriaris in malitia ? potens misericordia Dei tota die (Pourquoi te glorifies-tu en ta malice ? Puissante est la miséricorde de Dieu tout le jour). » Et en voici le sens : autrement dit, toi qui es puissant dans le mal, pourquoi te glorifies-tu en ta malice ? La miséricorde est prête pour que tu puisses te convertir.
5 Tu as aimé la malice plus que la bénignité, et un langage d'iniquité plutôt que l'équité. 6 Tu as aimé toutes les paroles de perdition, ô langue trompeuse.
3. Le psalmiste traite ici de la disposition du méchant, ou du pécheur, à nuire au prochain, et cette disposition porte sur deux domaines : sur le domaine des choses extérieures et des choses intérieures.
a. Il montre d'abord qu'il se soustrait à la justice dans les choses extérieures. Il dit donc : Tu as aimé la malice plus que la bénignité. La bénignité, c'est-à-dire le bon feu : et ainsi fait-elle fondre l'âme de l'homme pour lui communiquer des biens ; la malice au contraire provoque l'emportement de l'homme en vue de nuire. Et ces méchants ou pécheurs ont aimé la malice plus que la bonté, c'est-à-dire la bénignité, car ils sont davantage disposés au mal qu'au bien, du fait qu'ils sont sans coeur et relâchés : « Comme le mal est doux à sa bouche, il le cachera sous sa langue. » Quant au fait de se soustraire à la justice il dit : Tu as aimé le langage d'iniquité plutôt que [le langage de] l'équité. - « Celui qui aime l'iniquité hait son âme. »
b. À propos des choses intérieures il dit : Tu as aimé toutes les paroles de perdition, en entraînant les autres vers la mort, comme Doëg ; et souvent vers le mal du péché : « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs. » Ou bien, en t'y précipitant toi-même ; et c'est pourquoi il dit : langue trompeuse. Et toi qui es bavard et trompeur, ou toi qui fais cela avec une langue trompeuse : « C'est une flèche blessante que leur langue, elle parle pour tromper. »
7 C'est pour cela que Dieu te détruira pour toujours, et t'enlèvera, et te fera sortir de ta tente, et ta racine de la terre des vivants.
B. Le psalmiste a traité plus haut de la malice des pécheurs, mais ici il traite de leur châtiment.
1. Et à cet égard il fait deux choses.
a) Il expose d'abord le châtiment de ces méchants.
b) Puis le moyen pour parvenir à cette destruction : il t'enlèvera.
a. Ainsi dit-il : C'est pour cela, c'est-à-dire parce que tu as aimé la malice, etc., et que tu as aimé les paroles qui entraînent la perte des autres, Dieu te détruira jusqu'à la fin, c'est-à-dire pour toujours : « Tu les détruiras, et tu ne les rétabliras pas. » Et il est écrit à juste titre : « Précipite-les, Seigneur, divise leurs langues. »
b. Le moyen, car il t'enlèvera. Il faut noter ici que cette destruction est d'abord exposée quant au moyen proprement dit. Ensuite, quant à la perte des biens futurs.
- Quant au moyen proprement dit, deux choses sont à considérer. En effet il arrive parfois aux hommes de s'appuyer en quelque façon sur leur prospérité, par exemple sur leurs amis et leurs richesses, ou autres choses semblables, et c'est pourquoi il dit : il t'enlèvera, de toutes ces choses sur lesquelles et par lesquelles tu es enraciné dans la prospérité : « Il m'a ôté l'espérance comme à un arbre arraché. »
- « Voilà aujourd'hui je t'ai établi sur les nations et sur les royaumes, afin que tu arraches et que tu détruises, et que tu perdes et que tu dissipes, et que tu édifies et que tu plantes. » Puis il émigre à la suite de sa première perte, c'est-à-dire se déplace entièrement ; d'où ces mots : il te fera sortir, c'est-à-dire te fera quitter ta tente, c'est-à-dire ta demeure, ta condition et ta dignité : « Je te chasserai de ton rang. » - « L'oeil qui l'avait vu ne le verra pas. » Une autre version lit : « de tabernaculo suo (de sa tente) », c'est-à-dire l'Église : « Voici la tente de Dieu avec les hommes. » À présent les bons sont mêlés aux mauvais, mais à la fin du monde ces derniers seront exclus de l'Église où ils sont maintenant par le nombre, non par le mérite.
- Quant à la perte des biens futurs il dit : et ta racine de la terre des vivants, c'est-à-dire t'enlèvera. Par racine on entend cette charité qui est la racine de tous les biens : « Qu'enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur, et connaître aussi la charité du Christ, qui surpasse toute science, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. » Dieu enlève cette racine de la terre des vivants, parce qu'il t'enlève le don de la charité qu'il t'a donné. Semblablement la cupidité, qui peut être signifiée par la racine, est ôtée aux bons : « La racine de tous les maux est la cupidité. » Dieu enlève celle-ci aux hommes spirituels, parce que ceux qui s'adonnent aux choses temporelles ne peuvent parvenir à la terre des vivants : « Car ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation. » Dans ces cupidités sont enracinés les méchants, c'est-à-dire l'Antéchrist, et le diable : « J'ai vu l'insensé », c'est-à-dire le pécheur, « avec une forte racine, et j'ai maudit sa beauté aussitôt ».
8 Les justes verront cela et ils craindront, et ils se riront de lui et ils diront : « 9 Voici un homme qui n'a pas pris Dieu pour son aidé, mais qui a espéré dans la multitude de ses richesses, et qui s'est prévalu de sa vanité. »
2. Le psalmiste expose ici le fruit du châtiment : car Dieu punit ici-bas et il annonce des châtiments pour le bien des justes.
D'abord pour susciter la crainte du châtiment : et ils craindront. Et cela peut être appliqué à la vie présente, au cours de laquelle les justes craignent en ayant du respect à l'égard de Dieu, et périssent dans la condition où ils sont : « Ne cherche pas à t'élever, mais crains. » Mais ceux qui sont dans la Patrie ne craignent pas de déchoir de leur condition, puisqu'ils sont confirmés dans la perfection de la grâce, car ils n'en sont pas séparés mais craignent avec une crainte filiale : « La crainte du Seigneur est sainte, elle subsiste dans les siècles des siècles ; les jugements du Seigneur sont vrais, ils se justifient par eux-mêmes. » Et ils révéreront la justice de Dieu. Cependant ils craignent plus spécialement dans la vie présente.
Puis pour susciter le mépris du péché et de la prospérité d'ici-bas.
a) Et il expose d'abord la moquerie.
b) Puis la cause de la moquerie : Voici un homme.
a. En parlant de la moquerie il dit : de lui, c'est-à-dire contre lui, entendez le pécheur, ils se riront, c'est-à-dire mépriseront sa confiance et sa prospérité. Et cela aura lieu plus particulièrement au jugement dernier : « Le juste se réjouira, lorsqu'il aura vu la vengeance. »
b. « Les justes verront et ils se réjouiront », et ils se riront de l'orgueil des pécheurs ; puis de leur vaine présomption et de leur gloire éphémère :
De leur orgueil, parce qu'ils n'espéraient pas en Dieu mais se confiaient en eux-mêmes : et ils diront, les justes : 9 Voici un homme qui n'a pas pris Dieu pour son aide, c'est-à-dire qui n'a pas admis qu'il avait besoin du secours de Dieu : « Nos lèvres sont à nous, qui est notre maître ? » - « Il a abandonné son créateur. »
De leur vaine présomption, c'est pourquoi il dit : mais qui a espéré dans la multitude de ses richesses. Il est écrit dans les Proverbes : « Celui qui se confie dans ses richesses tombera précipitamment. » Et dans la première épître de Paul à Timothée : « Ordonne aux riches de ce siècle de ne point s'élever d'orgueil, de ne point se confier en des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant (qui nous donne abondamment toutes choses pour en jouir) ; de faire le bien, de devenir riches en bonnes oeuvres, de donner de bon coeur, de partager, de se faire un trésor qui soit un bon fondement pour l'avenir, afin d'acquérir la véritable vie. »
De leur vaine gloire, car ils se sont prévalus de faire le mal et d'agir comme avec le consentement de Dieu ; aussi dit-il : et qui s'est prévalu de sa vanité. Et les justes se riront de cela : « Le Seigneur sait que les pensées des hommes sont vaines. » Ou bien : il s'est prévalu, etc., en tant qu'on applique cela à l'avare qui par son avarice l'emporte sur tous les autres pécheurs : « Rien n'est plus criminel que l'avare. » Et du fait qu'il est entraîné à l'avarice, il tombe facilement dans d'autres péchés. Ou bien on peut appliquer cela à l'Antéchrist, parce qu'il l'emporte sur tous les autres pécheurs.
10 Pour moi, comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu, j'ai espéré dans la miséricorde de Dieu pour l'éternité, et pour les siècles des siècles. 11 Je te louerai à jamais, car tu as agi ; et j'espérerai ton nom, parce qu'il est bon, en présence de tes saints.
II. Ici le psalmiste traite de la sainteté des bons.
A) Et il montre d'abord ce qu'ils font dans le temps présent.
B) Puis ce qu'ils promettent : Je te louerai.
A. Les saints accomplissent un double bien dans l'Église présente.
1. D'abord, dans le fait qu'ils se comportent bien vis-à-vis du prochain, en produisant du fruit à leur égard. Et c'est pourquoi le juste est comparé à un olivier, ce qui revient à dire : ainsi le pécheur est anéanti sans fruit, mais moi, je suis comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu. Et il est comparé à un olivier à cause de sa fertilité, car l'olivier a toujours un fruit onctueux : « Les arbres allèrent pour oindre et [établir] sur eux un roi, et ils dirent à l'olivier : "Commande-nous." L'olivier leur répondit : "Est-ce que je peux abandonner mon huile dont les dieux et les hommes se servent, et venir pour être promu, parmi les arbres ?" » - « Olivier fertile, beau, chargé de fruits, superbe, le Seigneur t'a appelé de ce nom. » Ici cependant il est comparé à l'olivier spécialement à cause de son fruit, car on extrait l'huile des oliviers, ce qui signifie la miséricorde, dont les justes usent envers les autres et grâce à la quelle ils produisent du fruit dans l'Église : « Je vous ai établis pour que vous alliez, et rapportiez du fruit. » Et j'ai produit ce fruit, dans la maison de Dieu, non dans le monde : « J'ai choisi d'être méprisé dans la maison de Dieu. »
2. De même, à l'égard de Dieu, les justes accomplissent en ce monde un autre bien, à savoir en espérant en lui, aussi dit-il : j'ai espéré dans la miséricorde de Dieu, non dans mes mérites mais en sa miséricorde : « Il nous a sauvés non en vertu d'oeuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde. » Et cette miséricorde est pour l'éternité. Et l'on peut expliquer cela de deux manières.
Selon une première manière, en tant que ce mot signifie l'éternité, et ainsi l'éternité peut être appliquée à l'essence de la miséricorde divine, qui est éternelle : « Je t'ai aimé d'un amour d'éternité, aussi est-ce par miséricorde que je t'attire à moi. »
Selon une autre manière, en tant qu'on l'applique à l'effet de la miséricorde. Les biens éternels sont parfois accordés par la miséricorde de Dieu, et ainsi dit-il : pour les siècles des siècles, c'est-à-dire pour tous les siècles.
B. Je te louerai. Il promet ici ce qu'il fera, et il promet deux choses.
1. La première se rapporte aux choses passées, et c'est l'action de grâce pour les bienfaits reçus. Voilà pourquoi il dit : Je te louerai à jamais, c'est-à-dire c'est à toi que je rapporterai les louanges, et cela parce que toi tu as agi, parce que j'étais un olivier verdoyant dans la maison du Seigneur, et parce que j'espère dans la miséricorde de Dieu.
2. L'autre se rapporte aux choses futures : j'espérerai ton nom, parce qu'il est bon. Il espère que le nom de Jésus soit son salut. Et cela se réalise spécialement pour ceux qui sont dans la Patrie, c'est pourquoi il dit : parce qu'il est bon, en présence de tes saints, qui voient l'essence même de ta bonté, aussi ne peuvent-ils qu'aimer Dieu.