1 Pour la fin, intelligence de David, dans les cantiques.
2 Lorsque les habitants de Ziph furent venus et eurent dit à Saül : « Est-ce que David n'est pas chez nous ? » 3 Dieu, sauve-moi par ton nom, et juge-moi par ta puissance.
4 Dieu, exauce ma prière, prête l'oreille aux paroles de ma bouche.
5 Parce que des étrangers se sont élevés contre moi, et [des ennemis] puissants ont cherché mon âme ; et ils n'ont pas mis Dieu devant leurs yeux.
6 Mais voilà que Dieu vient à mon aide ; et le Seigneur est le soutien de mon âme.
7 Détourne les maux contre mes ennemis ; et par ta force extermine-les.
8 Je t'offrirai volontairement un sacrifice, et je louerai ton nom, Seigneur, parce qu'il est bon.
9 Parce que tu m'as retiré de toute tribulation, et que sur mes ennemis mon oeil a jeté un regard de mépris.
1 Pour la fin, intelligence de David, dans les cantiques. 2 Lorsque les habitants de Ziph furent venus et eurent dit à Saül : « Est-ce que David n'est pas chez nous ? » 3 Dieu, sauve-moi par ton nom, et juge-moi par ta puissance.
Plus haut, dans les autres psaumes, le psalmiste a souligné l'iniquité des pécheurs quant à leur disposition peccamineuse et à leur mépris de Dieu ; ici il expose la persécution qu'il endure de leur part.
Le titre de ce psaume est : Pour la fin, intelligence de David, dans les cantiques. La première partie du titre est claire. La seconde traite de l'histoire qui est décrite au premier livre des Rois : quand David parvint au désert des environs de la cité de Ziph, les hommes de cette cité accusèrent David auprès de Saül, et Saül le poursuivit, mais il ne put s'emparer de lui ; aussi cette accusation n'a pas nui à David en qui il est signifié que les Ziphéens, c'est-à-dire ceux qui s'épanouissent en ce monde. - « La gloire du monde est comme la fleur du champ » - accusent les saints mais ne peuvent leur nuire, parce que le saint est caché aux Ziphéens, parce que le saint ne s'épanouit pas parmi les pécheurs, mais sa floraison se fait en secret, c'est-à-dire les fleurs de l'honnêteté : « Votre vie est cachée avec le Christ. »
David traite donc dans ce psaume des bons qui sont cachés parmi les méchants et de la persécution qu'ils endurent de leur part.
Ce psaume se divise en trois parties.
I) Le psalmiste parle d'abord de la prière.
II) Puis il montre la nécessité de prier : 5 Parce que des étrangers.
III) Enfin il fait valoir sa compensation : 8 Je t'offrirai volontairement.
I. En parlant de la prière il fait deux choses.
A) Il expose d'abord sa demande.
B) Puis son exaucement : 4 Dieu, exauce ma prière.
A. Sa demande consiste en deux choses.
1) Car il demande d'abord pour lui.
2) Puis pour ses ennemis.
1. Pour lui, il demande d'être sauvé non à cause de ses mérites, mais en raison de l'amour du nom divin. C'est pourquoi il dit : Dieu, par ton nom, sauve-moi. - « Nul autre nom n'a été donné sous le ciel aux hommes par lequel nous devions être sauvés. » - « Le nom du Seigneur est une tour très forte. »
2. Pour ses adversaires il demande le jugement, lequel peut se comprendre de trois manières.
a. Selon une première manière, on peut l'entendre d'un jugement de discernement, c'est-à-dire pour que sa cause soit séparée d'eux : « Juge-moi, ô Dieu, et discerne ma cause. »
b. Selon une autre manière, on peut l'entendre d'un jugement de poursuite, c'est-à-dire pour qu'il le juge selon sa propre justice, en le libérant des méchants : « Il jugera les pauvres avec justice. »
c. Enfin, on peut l'entendre d'un jugement de condamnation. Et il ne demande pas cela par désir de vengeance, mais en se conformant à la justice divine. Ou bien il dit cela en prévoyant le jugement des méchants. Et c'est bien ce qu'il dit : et juge-moi par ta puissance.
4 Dieu, exauce ma prière, prête l'oreille aux paroles de ma bouche.
B. Le psalmiste expose ici sa prière. Dans la prière on distingue deux choses : ce qui est demandé, et la demande.
Car parfois Dieu exauce ce qui est demandé, et non point la demande elle-même, parce que ce qui est demandé on l'obtient par la grâce et par la miséricorde ; et ces choses sont données par Dieu. Et c'est pourquoi il demande, c'est-à-dire afin que sa prière ou sa demande soit satisfaite, lorsqu'il dit : Dieu, exauce ma prière, et aussi qu'il prête l'oreille à ses paroles : prête l'oreille aux paroles de ma bouche ; ce qui se réalise lorsque Dieu agrée et approuve ses propres paroles : « Prête l'oreille à mes paroles, Seigneur, entends mon cri. »
5 Parce que des étrangers se sont élevés contre moi, et des ennemis puissants ont cherché mon âme ; et ils n'ont pas mis Dieu devant leurs yeux.
II. Le psalmiste expose ici la nécessité de prier.
A. Et il souligne l'importance de la persécution des ennemis :
1) D'abord par leur sentiment.
2) Puis par leur puissance.
3) Enfin par leur mépris de Dieu.
1. D'abord par leur sentiment, car lorsque quelqu'un persécute un autre, qui lui est totalement étranger, c'est dangereux, parce qu'il s'élève contre lui sans miséricorde ; et c'est pourquoi il dit : Parce que des étrangers, c'est-à-dire les démons ou les pécheurs. Si on l'applique à n'importe quel juste, on dira qu'ils se sont élevés contre moi sans aucune compassion ou miséricorde. Mais on peut appeler étrangers ceux qui se comportent autrement que des amis, comme Saül était étranger à David, et comme les Ziphéens qui l'accusèrent auprès de Saül : « Mes proches, comme des étrangers, se sont retirés de moi. »
2. Par leur puissance, car lorsqu'une personne faible attaque, on peut se défendre, mais ceux-ci sont puissants, car [des ennemis] puissants ont cherché mon âme. - « Saül choisit trois mille hommes en vue de le poursuivre. » Ou bien : [Les] [ennemis] puissants, ce sont les démons : « Lorsque l'homme fort armé », c'est-à-dire le diable, « garde l'entrée de sa maison, ce qu'il possède est en sécurité ».
3. Par leur mépris de Dieu, car parfois une personne renonce à la persécution dans la mesure où elle se maintient dans l'amour de Dieu. Mais ceux-ci n'y renoncent pas pour cette raison, aussi dit-il : ils n'ont pas mis Dieu devant leurs yeux. - « Car il a dit dans son coeur : Il ne demandera pas de comptes. »
6 Mais voilà que Dieu vient à mon aide ; et le Seigneur est le soutien de mon âme.
B. Le psalmiste montre ici qu'il a été exaucé dans sa prière.
1) Et d'abord qu'il a été exaucé à propos d'une chose.
2) Puis il mentionne qu'il a été exaucé à propos d'autres choses : Détourne les maux.
1. On a dit plus haut que sa prière était adressée en sa faveur, lorsqu'il disait : sauve-moi, et contre ses ennemis, quand il disait : par ta puissance.
Ainsi dit-il qu'il a été exaucé en sa faveur parce qu'il déclare avoir été sauvé ; et ensuite il l'a dit à propos des ennemis qui se sont élevés contre lui et qui cherchaient son âme ; et il a été sauvé dans l'un et l'autre cas, puisque contre l'insulte des ennemis il dit : voilà que Dieu vient à mon aide, c'est-à-dire me prête son secours : « Le Seigneur Dieu est mon aide ; c'est pour cela que je n'ai pas été confondu. » Contre le fait qu'ils cherchent son âme il dit : le Seigneur est le soutien de mon âme, autrement dit, le Seigneur m'a sauvé en me prenant sous sa tutelle : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. » - « Mais toi, Seigneur, tu es mon soutien, ma gloire, et tu élèves ma tête. »
7 Détourne les maux contre mes ennemis ; et par ta force extermine-les.
2. Ici il demande d'être exaucé au sujet de ses ennemis. Et il demande deux choses en échange de deux choses qu'ils faisaient à son égard : car ils le persécutaient, et ils cherchaient à le tuer ; et c'est pourquoi il demande qu'eux-mêmes endurent la persécution et qu'ils soient tués.
En parlant de la persécution il dit : Détourne, c'est-à-dire de moi, les maux contre mes ennemis, qui cherchent à me les infliger, autrement dit : détourne ces maux contre ceux qui veulent me les infliger.
En parlant de leur intention de tuer il dit : extermine-les, c'est-à-dire fais qu'ils soient exterminés, autrement dit : qu'ils soient tués ; et cela par ta force. Ou bien par ta force, c'est-à-dire en raison de ta puissance.
Mais cette attitude semble être en contradiction avec la parole du Christ qui dit : « Priez pour ceux qui vous persécutent. »
Il faut répondre à cette objection en disant que toutes les imprécations qu'on lit dans les prophètes peuvent se comprendre de trois manières.
Ou bien, sous forme d'annonce, car ils parlaient sous l'esprit de Dieu et prédisaient l'avenir. Sous forme de prière, autrement dit : Détourne, etc., c'est-à-dire tu détourneras. D'où le présent en hébreu : « Tu détournes ».
Ou bien, en conformité avec la justice divine.
Enfin, selon une signification spirituelle. Les pécheurs, lorsqu'ils cessent de pécher, meurent alors et cessent d'être pécheurs. Et cela doit faire l'objet d'une supplication incessante.
8 Je t'offrirai volontairement un sacrifice, et je louerai ton nom, Seigneur, parce qu'il est bon. 9 Parce que tu m'as retiré de toute tribulation, et que sur mes ennemis mon oeil a jeté un regard de mépris
III. Le psalmiste expose ici sa compensation.
A) Et d'abord sa compensation.
B) Puis la raison de sa compensation.
A. Il a l'intention de compenser en recourant à deux choses : au sacrifice et à la louange.
En parlant du sacrifice il dit : Je t'offrirai volontairement.
Dans un sens opposé il a dit plus haut : « Si tu avais voulu un sacrifice, je te l'aurais donné. »
Il faut répondre à cette objection en disant que celui-ci parle du sacrifice qui a été agréé par Dieu, parce que c'est un sacrifice d'un esprit brisé et d'un corps mortifié : « Je châtie mon corps, et le réduis en servitude. » - « Je vous en conjure donc, frères, par la miséricorde de Dieu, d'offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, pour que votre culte soit raisonnable. » Le troisième sacrifice porte sur les choses les meilleures : « N'oubliez point la charité et la communication de vos biens, car c'est par de telles hosties qu'on se concilie Dieu », c'est-à-dire qu'on l'apaise. Je t'offrirai donc ce triple sacrifice volontairement, parce qu'avec joie : « Et après cela fut offert l'holocauste perpétuel, tant dans les calendes que dans toutes les solennités du Seigneur, qui lui étaient consacrées, et dans toutes celles dans lesquelles on offrait volontairement un présent au Seigneur. » - « Dieu aime celui qui donne avec joie. »
En parlant de la louange il dit : je louerai ton nom, Seigneur, parce qu'il est bon, c'est-à-dire par l'action de grâce : « Bénissez le Dieu du ciel », c'est-à-dire rendez lui grâces. Et pourquoi ? Non en raison des biens temporels, comme le font les pécheurs, dont il est dit : « Je te louerai lorsque tu lui feras du bien », mais à cause de la bonté de Dieu et de sa bénignité, ainsi que pour les bienfaits reçus, parce que je suis exaucé dans mes demandes.
B. Ainsi dit-il qu'il a été exaucé lorsqu'il déclare : Parce que tu m'as retiré de toute tribulation. Et il dit : j'offrirai pour toi, par rapport à ses ennemis, parce que sur mes ennemis mon oeil a jeté un regard de mépris, puisqu'ils n'ont pu me nuire. Ou bien : mon oeil a jeté un regard de mépris sur mes ennemis, parce qu'il a méprisé leur bonheur et leur prospérité : « En présence [du juste] le méchant est regardé comme un néant. »